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Incendie de la tour Grenfell : Un rapport accablant sur des défaillances
L’incendie tragique de la tour Grenfell à Londres, survenu en 2017 et ayant coûté la vie à 72 personnes, est le résultat de « décennies de défaillances » au sein du gouvernement et de l’industrie de la construction, selon un rapport d’enquête sévère publié mercredi.
Le juge à la retraite Martin Moore-Bick, responsable de l’enquête, a affirmé que ces pertes humaines auraient « toutes pu être évitées ». Selon Natasha Elcock, présidente de l’association des victimes Grenfell United, cette tragédie est le résultat de « la cupidité, de la corruption, de l’incompétence et de la négligence ».
Engagement du gouvernement
Le Premier ministre Keir Starmer a promis au parlement que de telles tragédies ne se reproduiraient plus et a présenté des excuses « au nom de l’État britannique ». L’incendie est le plus meurtrier survenu dans un immeuble résidentiel au Royaume-Uni depuis la Seconde Guerre mondiale, se propageant en moins de 30 minutes à l’ensemble de la tour de 24 étages, habitée principalement par des familles modestes dans un quartier huppé de l’ouest londonien.
L’organisme public gestionnaire de la tour, KCTMO, a reconnu avoir « contribué » à cette catastrophe et a exprimé ses profonds regrets. Cependant, sept ans après les faits, de nombreuses victimes continuent de demander une justice qui pourrait encore prendre plusieurs années.
Une critique acerbe de la gestion de l’incendie
Le rapport d’enquête final souligne que la tragédie est « l’aboutissement de décennies de défaillances » de la part des gouvernements et des organismes responsables du secteur de la construction. Il met également en lumière une « malhonnêteté systématique » de la part des entreprises de matériaux de construction, qui ont été accusées d’avoir intentionnellement manipulé les tests et trompé le marché.
Les pompiers de la London Fire Brigade font également l’objet de critiques sévères pour leur incapacité à tirer des leçons d’un incendie antérieur en 2009, alors qu’une meilleure préparation aurait dû les alerter sur les risques associés aux immeubles de grande hauteur.
Les conséquences humaines de la tragédie
Des familles ont été piégées dans les flammes de la tour Grenfell, dont celle d’Abdulaziz El-Wahabi, qui a perdu sa femme Faouzia et leurs trois enfants, le plus jeune n’ayant que huit ans. Les recommandations initiales des services d’urgence demandaient aux habitants de rester dans leur appartement, une directive désormais largement critiquée.
Suite à cet événement, de nombreuses personnes vivant dans des bâtiments avec un revêtement similaire vivent dans la peur d’une nouvelle catastrophe.
Appels à la justice des victimes
Alors que des années se sont écoulées depuis la tragédie, les survivants et les familles en deuil continuent de réclamer justice. Calvin Benson, membre de l’association Justice4Grenfell, a exprimé sa frustration en déclarant : « Je veux des arrestations. Je veux que ceux qui sont responsables des morts soient derrière les barreaux. » D’autres survivants, comme Miriam, ont partagé leur désespoir face à la lenteur des procédures judiciaires.
Karim, dont la sœur Khadija a perdu la vie dans l’incendie, a souligné que cette attente a causé beaucoup de douleur, affirmant qu’elle contribuait à la négation de leurs droits. Les victimes aspirent à des inculpations pour homicides involontaires, mais la police de Londres a prévenu qu’elle ne serait pas en mesure de finaliser son rapport avant fin 2025, suivie d’une longue procédure d’examen des éventuelles poursuites pénales.
Le bureau du procureur a précisé que, vu le volume de preuves et la complexité de l’investigation, des décisions définitives en matière d’inculpation nécessiteront du temps.