Ibrahim Abu Makh, figure marquante de la cause palestinienne et troisième détenu le plus ancien du monde, demeure dans les geôles israéliennes malgré les accords d'Oslo, lesquels avaient prévu la libération de prisonniers. Membre actif de la lutte pour la libération de son peuple, sa vie et son parcours soulèvent bien des questions sur les implications politiques et humaines des conflits prolongés.
Jeunesse et éducation : les soubassements d’un militant
Né le 26 février 1961 à Baqa al-Gharbiyye, ville qui faisait partie de Tulkarem avant 1948 et qui se situe aujourd'hui dans la région de Haïfa, Ibrahim Abu Makh confronte tôt à l'adversité. Orphelin dès l'âge de quatre ans, il est séparé de sa sœur et placé dans un orphelinat à Acre, tandis que celle-ci est envoyée à Bethléem. Malgré les défis, sa détermination le pousse à poursuivre son éducation jusqu'à l'université. Il retarde ses rêves matrimoniaux lors de son emprisonnement en 1986, renonçant à sa fiancée car il refuse de la lier à un destin incertain.
Rôle dans la résistance et circonstances de l'arrestation
Sa passion pour la lecture l’amène à s'investir dans les affaires publiques et à embrasser les idéaux de gauche, le guidant vers la Front Populaire pour la Libération de la Palestine. Parmi ses actes de résistance, son groupe est crédité de plusieurs opérations contre les forces israéliennes. C’est dans le contexte de l'enlèvement et du meurtre du soldat israélien Moshe Tamam en 1985 que la lumière est faite sur la participation d'Ibrahim, qui sera arrêté l'année suivante avec son cousin Rashdi Abu Makh.
Détention prolongée et lutte contre la maladie
Lors de son procès devant la justice militaire, Ibrahim Abu Makh reçoit une peine de 40 ans de prison. Son incarcération est marquée par des transferts multiples entre différentes prisons israéliennes. Malgré les promesses de libération énoncées en 2013, il reste en prison à ce jour. Plus préoccupant encore, il combat un cancer du sang diagnostiqué en 2019, dans des conditions rendues difficiles par la rigueur de son confinement et l'environnement carcéral.
La situation d'Ibrahim Abu Makh soulève des interrogations éthiques sur les conditions de détention prolongée et l'impact de la situation politique sur les droits individuels des prisonniers. Son histoire, marquée par l’engagement politique, l’éducation et la résilience, continue de susciter l'attention internationale sur la justice sociale et les droits de l'homme au Moyen-Orient.