Historien français dit que Gaza meurt sous un triple blocus
Le professeur universitaire français Jean-Pierre Filliou a déclaré dans sa chronique pour le journal Le Monde que les habitants de Gaza étaient assiégés depuis deux décennies, piégés dans une impasse triple, israélienne, humanitaire et palestinienne, jusqu’à ce que la situation atteigne aujourd’hui une catastrophe humanitaire sans précédent.
Il a souligné que la situation à Gaza est intenable et que le monde entier a toléré pendant plusieurs mois son déroulement, qu’il soit positif ou négatif. En comparaison avec la France, les pertes humaines auraient déjà dépassé un million de morts, dont environ 400 000 enfants.
La situation qui s’aggrave chaque jour
Il a souligné que ces pertes pourraient doubler voire tripler, sous un mélange mortel de bombardements continus, de famine croissante et de maladies qui se propagent parmi la population à bout de souffle.
Cette tragédie qui s’aggrave de jour en jour sous les yeux et les oreilles du monde entier -selon cet historien et professeur de sciences politiques- fait partie d’une longue période d’impasse triple, israélienne, humanitaire et palestinienne, où 2,3 millions d’hommes et de femmes à Gaza sont restés emprisonnés depuis près de deux décennies.
L’impasse israélienne
Cette première impasse découle de la décision prise par le Premier ministre israélien Ariel Sharon en septembre 2005 de retirer l’armée israélienne et les colons de la bande de Gaza, après 38 ans d’occupation, sans consulter l’Autorité palestinienne, afin de bloquer la création éventuelle d’un État palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, selon l’auteur.
Le siège imposé sur Gaza depuis juin 2007 a renforcé le contrôle du mouvement de résistance islamique (le Hamas) sur le territoire et a permis à Israël, lors des conflits successifs à Gaza, de supporter des pertes extrêmement favorables de 1 pour 20 voire 100 comparé aux Palestiniens, jusqu’à l’attaque du 7 octobre 2023 qui a entraîné la mort d’un grand nombre d’Israéliens. Cependant, les frappes incessantes ont conduit Israël à retrouver son niveau de pertes antérieur, mais avec des frappes massives et aléatoires qui ont détruit Gaza au lieu de détruire le Hamas.
L’impasse humanitaire
La deuxième impasse résulte du refus de la « communauté internationale », notamment des États-Unis et de l’Union européenne, de proposer une solution politique au défi que représente Gaza, le considérant simplement comme un problème humanitaire qui doit être géré avec un certain degré de générosité et d’efficacité relative.
Au lieu d’exiger la levée du siège israélien, qualifié d’acte de guerre selon le droit international, les bailleurs de fonds occidentaux ont tenté d’atténuer son impact sur la population locale, condamnant ainsi les habitants de Gaza à vivre dans un état de fragilité et d’instabilité.
L’impasse palestinienne
La troisième impasse découle du refus du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, de se rendre à Gaza en juin 2007 après la prise de contrôle du Hamas, choisissant de laisser le territoire à son sort, voire en s’opposant à plusieurs reprises aux propositions d’allègement du siège qui, selon lui, favoriseraient le Hamas. Il a également annulé les élections d’avril 2021, qui auraient peut-être conduit à la défaite du Hamas à Gaza, selon l’auteur.
Ce repli politique palestinien est susceptible de favoriser ceux qui soutiennent la violence excessive à Gaza -selon Jean-Pierre Filliou- en dehors de la promotion de l’unité des factions palestiniennes, d’autant plus que le leader palestinien le plus populaire aujourd’hui est Marwan Barghouti, membre de l’Organisation de libération de la Palestine et du Fatah, détenu en Israël depuis 2002.