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Groupes de crise : Les sanctions de l’ONU face aux menaces en 2024
Le groupe de crise International Crisis Group a affirmé que la volonté du Conseil de sécurité des Guerre froide, et pourrait encore se réduire l’année prochaine.
Un examen minutieux des sanctions
Dans un article publié sur son site, intitulé « Les divisions politiques poussent à réévaluer les sanctions de l’ONU », le groupe indique que ces sanctions font l’objet d’un examen de plus en plus critique, en raison de l’escalade des tensions entre les États membres du Conseil de sécurité.
Maia Ongar, experte du groupe de crise, a souligné que certains gouvernements s’efforcent de réduire les mesures punitives au sein de l’ONU, tandis que d’autres luttent pour maintenir les éléments essentiels de ces systèmes.
Selon le groupe de crise, de nombreux pays appellent à une réévaluation des systèmes de sanctions de l’ONU.
Le Conseil de sécurité et les sanctions
Dans son analyse, Ongar, qui est également chercheuse et analyste de données à l’ONU, prévoit que l’influence des pays critiquant l’efficacité des systèmes de sanctions du Conseil de sécurité augmentera en 2025. Cela interviendra lorsque le Conseil changera de composition, avec l’entrée du Pakistan à la place du Japon.
Les relations étroites entre Islamabad et Pékin, ainsi que ses tendances à remettre en question l’intervention de l’ONU dans les affaires considérées comme releves de la souveraineté des États, laissent présager que le Pakistan votera souvent avec la Chine et la Russie dans de nombreux cas de sanctions.
Ce changement dans la composition du Conseil signifie que les États-Unis et leurs alliés auront des difficultés à obtenir les neuf voix nécessaires pour maintenir les systèmes de sanctions « controversés », sauf s’ils acceptent de faire davantage de concessions.
Une remise en question des sanctions
Le texte souligne que le régime de sanctions du Conseil de sécurité pourrait faire face à des menaces dans un avenir proche, en raison des critiques qui émergent à son encontre, particulièrement concernant des mesures discutables comme l’embargo sur les armes de l’ONU envers le Soudan du Sud et la Libye, qui devrait se terminer en mai 2025.
Ongar mentionne plusieurs formes de critiques auxquelles font face les sanctions du Conseil de sécurité, notamment :
- Les puissances critiques, comme la Russie et la Chine, qualifient souvent ces sanctions d’instruments de puissance occidentale, en raison du pic de l’utilisation des sanctions de l’ONU coïncidant avec le pic d’influence des États-Unis après la Guerre froide.
- Dans certains cas, comme pour les mesures économiques contre la Corée du Nord, Pékin et Moscou affirment que les sanctions compliquent leurs efforts pour apaiser les tensions.
- La perception des sanctions comme une violation de la souveraineté, ce que certains considèrent comme une forme de discrimination et de coercition économique, en plus des doutes exprimés par les diplomates africains quant au manque de consultation sur l’impact des sanctions dans leur continent.
Contexte géopolitique
Les événements récents à travers le monde ont également contribué à l’opposition croissante aux sanctions. Par exemple, la Russie, en raison de sa guerre avec l’Ukraine, est devenue plus disposée à interférer dans les systèmes de sanctions de l’ONU qui nuisent aux intérêts de ses alliés et a menacé d’user de son droit de veto contre le renouvellement des sanctions du Conseil sur la Mouvement des jeunes en Somalie.
Les États-Unis, de leur côté, ne permettront pas que des sanctions soient imposées à Entité sioniste pour non-respect des résolutions du Conseil de sécurité concernant un cessez-le-feu à Gaza.
Les inégalités dans l’application des sanctions
Le texte précise que la division entre les partisans et les opposants aux sanctions au sein du Conseil de sécurité n’est pas toujours nette. Les diplomates occidentaux sont prompts à réprimander Moscou pour sa clémence envers certains pays, tandis que ceux des pays dits « du sud mondial » notent également que Washington, Londres et Paris sont « coupables » de donner un traitement préférentiel à leurs alliés.
L’un des exemples de ce favoritisme est le fait que Washington n’autorisera pas l’imposition de sanctions sur Entité sioniste pour son non-respect de récentes résolutions du Conseil appelant à un cessez-le-feu à Gaza, bien que plusieurs États membres de l’ONU soutiennent une telle mesure.
Réformes du système de sanctions
Ongar expose également les réformes que les diplomates ont envisagées pour améliorer le système de sanctions et combler ses lacunes :
- Introduire des exceptions humanitaires pour tous les systèmes de sanctions impliquant le gel d’actifs, afin de fournir une aide humanitaire et des biens nécessaires aux travailleurs d’aide.
- Utiliser des « normes » dans les systèmes de sanctions pour fournir un cadre aux membres afin d’alléger ou de modifier les sanctions, tandis que ces normes offrent aussi un chemin aux entités sanctionnées souhaitant réduire leurs sanctions.
- Opter pour une classification ciblant les entités non gouvernementales plutôt que les gouvernements, comme l’illustre le cas où le Conseil a levé l’embargo sur les armes imposé au Soudan et l’a plutôt imposé sur le Mouvement des jeunes.
Avenir des sanctions
Malgré les réformes en cours ou à l’étude qui pourraient aider à atténuer certaines faiblesses des systèmes de sanctions de l’ONU, il est peu probable que les sanctions soient efficaces partout où elles sont appliquées et qu’elles corrigent beaucoup de la division des relations internationales qui rendent ces mesures contestables.
Ongar conclut en affirmant que les confrontations entre les critiques et les soutiens de ces sanctions au sein du Conseil de sécurité sont inévitables, dans un contexte de tensions géopolitiques influençant bon nombre des travaux du Conseil.
Il semble également peu plausible que les États-Unis et d’autres puissances occidentales trouvent régulièrement un terrain d’entente avec la Chine et la Russie sur l’utilisation des sanctions dans un avenir proche, bien que le groupe de crise ait soutenu que l’utilisation de sanctions pour interdire la prolifération des armes a contribué à empêcher l’écoulement de celles-ci vers des destinations non souhaitées.
En dépit de ces efforts, les sanctions de l’ONU ont parfois entravé les efforts de paix et causé des dommages humanitaires, comme ce fut le cas avec les sanctions générales imposées à l’Irak dans les années 1990, qui ont abouti à des conséquences dévastatrices pour la population et à une augmentation de la faim, de la malnutrition et des maladies.