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Tensions au sein du gouvernement Barnier sur l’immigration et la justice
Le premier ministre Michel Barnier a récemment lancé un appel à « la cohésion » et à « la fraternité », mais ses souhaits semblent avoir été ignorés. Des divergences au sein de l’équipe exécutive mettent en lumière l’influence grandissante de l’extrême droite dans ce nouveau gouvernement.
Des déclarations controversées dès le départ
Lors de sa première journée, le gouvernement présidé par Michel Barnier a déjà fait face à des polémiques. Le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a émis des opinions sur l’immigration et la justice qui pourraient être considérées comme proches des positions de Marine Le Pen. Ces propos ont suscité l’opposition de deux autres membres du gouvernement. En parallèle, le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a déclaré que le Rassemblement national (RN) ne pouvait pas être intégré dans l’« arc républicain ». Cette prise de position lui a valu les critiques de Marine Le Pen ainsi qu’un rappel à l’ordre de Michel Barnier.
L’attitude affirmée de Bruno Retailleau
Bruno Retailleau ne respecte pas la directive du premier ministre d’« agir avant de communiquer ». Depuis son arrivée au ministère de l’Intérieur, il multiplie les apparitions médiatiques et affiche clairement ses intentions. Pour lui, le mot d’ordre est de « rétablir l’ordre » et il se déclare prêt à « prendre tous les moyens » nécessaires pour faire diminuer l’immigration en France. Il prévoit notamment l’élaboration d’une nouvelle loi, la réforme de l’Aide médicale de l’État (AME), ainsi que le rétablissement du « délit de séjour irrégulier », supprimé auparavant sous le mandat de François Hollande.
Réactions au sein du gouvernement et de la classe politique
Les convictions de Retailleau ne surprennent pas les observateurs politiques, mais leur omniprésence dans le discours ministériel suscite des réactions vives. Sacha Houlié, député (non inscrit) de la Vienne, s’est moqué en affirmant que « Retailleau ferait passer Sarkozy pour un gauchiste ». Ce ton annonce un retour à des positions de droite très marquées.
Un autre point de tension réside dans le domaine de la justice. Bruno Retailleau a appelé à modifier une politique pénale qui aurait favorisé un « droit à l’inexécution des peines ». Ses déclarations ont heurté Didier Migaud, le garde des sceaux, qui a rappelé l’importance de l’indépendance de la justice en France. Migaud a souligné que les allégations concernant la lenteur ou l’insuffisance des condamnations n’étaient pas toujours justifiées.
Des tensions qui posent question sur la cohésion du gouvernement
Alors que le gouvernement Barnier vient tout juste de prendre ses fonctions, ces différends internes sont déjà préoccupants. Michel Barnier a appelé à la « cohésion » et à la « fraternité » de son équipe, mais l’affrontement entre les ministères de l’Intérieur et de la Justice laisse présager des difficultés. Jean-Jacques Urvoas, ancien ministre de la Justice, a ironisé sur le fait que « Bruno Retailleau a commencé par attaquer la justice parce qu’il n’a pas envie d’attaquer ses policiers ». Cette dynamique pourrait compliquer la gestion efficace du gouvernement dans les mois à venir.