Analyse de l’ordre protocolaire au sein du gouvernement Barnier
Publié le 26 septembre 2024 à 17h35 par Noé Megel
Lors du premier Conseil des ministres du gouvernement de Michel Barnier, qui s’est tenu le 23 septembre 2024, une attention particulière a été portée sur l’ordre protocolaire des ministres. Bien que cet ordre n’ait aucune valeur juridique, il joue un rôle significatif en tant qu’outil de communication pour le nouveau gouvernement.
Hiérarchie symbolique et communication politique
Traditionnellement, lors des annonces de gouvernement, le secrétaire général de la présidence énumère les ministres et leurs fonctions dans un ordre précis. Cet agencement n’est ni alphabétique ni thématique ; c’est l’ordre protocolaire qui prévaut. Cette structure sert à établir une hiérarchie symbolique parmi les ministres. Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et au Cevipof, souligne que « l’ordre protocolaire peut être un message passé en interne et à l’extérieur pour afficher les grandes priorités du gouvernement », révélant ainsi son caractère essentiellement symbolique.
Un exemple marquant est la position de Didier Migaud, nommé garde des Sceaux, juste après Michel Barnier. Même si son statut est élevé, cela ne signifie pas nécessairement que la justice soit une priorité pour Barnier en matière d’action publique, ce qui laisse place à une interprétation politique.
Répartition des rôles diplomatiques et stratégiques
La quatrième place attribuée à Bruno Retailleau, nouveau ministre de l’Intérieur, indique également une stratégie de communication. En tant que figure conservatrice, sa position vise à contrer les critiques concernant un gouvernement perçu comme étant dominé par le Rassemblement national. Cautrès note que cette disposition reflète « une façon de se défendre face au récit d’un gouvernement prisonnier du Rassemblement national ».
Une illusion de parité dans le gouvernement
Une analyse plus approfondie révèle une alternance des genres parmi les ministres. Des personnalités comme Catherine Vautrin, Anne Genetet, Rachida Dati, et Agnès Pannier-Runacher occupent respectivement les 3e, 5e, 7e et 9e positions dans l’ordre protocolaire. Toutefois, il est essentiel de noter que ce gouvernement présente une image trompeuse de parité, avec moins de femmes à la tête d’un ministère de plein exercice par rapport aux hommes, et aucune femme ne dirigeant des portefeuilles jugés “régaliens” tels que l’Intérieur ou la Justice.
Bruno Cautrès précise que la perception de ces placements peut varier : « Il n’est pas certain que l’opinion perçoive ce genre de message. Ce n’est pas parce que Geneviève Darrieussecq est 11e que la Santé arrivera dans cet ordre dans les sujets à traiter. »
Implications politiques de l’ordre protocolaire
L’ordre protocolaire, bien qu’il puisse sembler anodin, encapsule des messages politiques stratégiques. Les positions attribuées aux différents ministres sont donc révélatrices des priorités du gouvernement Barnier. Ce dernier parvient à naviguer entre des attentes diverses en matière de représentation et de politique tout en affichant ses choix à travers la hiérarchie établie.
En définitive, l’analyse de l’ordre protocolaire au sein du gouvernement Barnier illustre non seulement des dynamiques politiques internes, mais aussi les stratégies employées pour façonner l’image publique du cabinet à travers ses membres et leurs attributions.