Nouveau gouvernement Barnier : enjeux et composition
Nommé premier ministre le 5 septembre 2024, Michel Barnier (LR) a mis une quinzaine de jours pour finaliser la composition de son gouvernement, dont la liste a été rendue publique samedi 21 septembre. Les derniers jours ont été marqués par des négociations intenses entre Matignon et l’Élysée concernant divers noms et portefeuilles ministériels. Emmanuel Macron conviera un conseil des ministres lundi à 15 heures.
Une coalition inédite sous la Ve République
Le défi majeur de cette formation gouvernementale réside dans son caractère inédit : établir une coalition entre le centre et la droite après les élections. Le nouveau gouvernement, qui compte 39 ministres, dont 17 à plein exercice, se situe dans la fourchette supérieure en termes de membres.
Les ministères régaliens sont répartis entre Sébastien Lecornu (Renaissance, défense), Jean-Noël Barrot (MoDem, Europe et affaires étrangères), Bruno Retailleau (LR, intérieur) et Didier Migaud (ex-PS, justice).
Le poids de la droite dans le gouvernement Barnier
Envisageant initialement un soutien sans participation ministérielle, Les Républicains ne s’étaient pas attendus à être aux commandes de Matignon en septembre. Cependant, la réalité parlementaire demeure incontournable pour Michel Barnier. D’un côté, il fait face à une coalition minoritaire à l’Assemblée nationale, et de l’autre, à une représentation minoritaire au sein même de son gouvernement, face aux alliés macronistes.
Cinq ministres de plein exercice représentent la droite (LR et divers droite), occupant des postes clés tels que l’intérieur, l’agriculture, la jeunesse et les sports, ainsi que l’enseignement supérieur et la recherche. En outre, Michel Barnier supervise directement les portefeuilles du budget et des outre-mer. Bruno Retailleau, ancien président du groupe LR au Sénat, assume le ministère de l’intérieur, une fonction qui suscite des tensions au sein des macronistes.
Malgré son pouvoir, Bruno Retailleau est contraint de suivre une feuille de route gouvernementale de compromis. Il devrait notamment respecter l’aide médicale de l’État (AME) et mettre en œuvre le Pacte migratoire européen, contre lequel LR avait voté au Parlement européen.
Les espoirs déçus de la droite
La droite n’a pas réussi à obtenir tous les postes espérés. Laurent Wauquiez, président du groupe LR à l’Assemblée nationale, a décliné un poste à Bercy, préférant un autre ministère. Par ailleurs, la sénatrice Laurence Garnier, nommée secrétaire d’État à la consommation, a été jugée trop conservatrice pour rejoindre le gouvernement de Macron.
Le rôle prépondérant du centre
Bien que le centre perde Matignon, il conserve une majorité de ministres de plein exercice avec 14 sur 19, incluant Didier Migaud, qui représente la seule personnalité de gauche. Sa nomination comme ministre de la justice compense celle de Bruno Retailleau au ministère de l’intérieur.
Renaissance, le mouvement d’Emmanuel Macron, détient sept ministères à plein exercice, tandis que le MoDem de François Bayrou en a deux : Jean-Noël Barrot (Europe et affaires étrangères) et Geneviève Darrieussecq (santé et accès aux soins). Horizons d’Édouard Philippe et l’UDI obtiennent chacun un ministère.
Personnalités influentes au sein du gouvernement Barnier
Le Parti radical se voit confier un poste crucial : les relations avec le Parlement, attribuées à Nathalie Delattre (sénatrice de la Gironde). Marie-Claire Carrère-Gée (LR) aura également une nouvelle responsabilité : la « coordination gouvernementale », essentielle dans ce contexte de coalition.
Plusieurs figures de Renaissance continuent de jouer un rôle clé au sein de l’exécutif, dont Sébastien Lecornu, aux armées et aux anciens combattants, et Agnès Pannier-Runacher, qui passe à la transition écologique. Des ministères importants sont confiés à des entrants tels que Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement, et Antoine Armand, qui prend la direction de Bercy.
Perspectives et défis à venir
Antoine Armand, actuel président de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, se prépare à des discussions vives, notamment sur la préparation de la loi de finances pour 2025. La situation complexe à l’Assemblée nationale, avec une majorité relative, laisse pourtant présager des débats animés, y compris sur les questions fiscales, dans un gouvernement potentiellement vulnérable à une motion de censure portée par la gauche et l’extrême droite.