Sommaire
Géopolitique en Afrique : enjeux de la rivalité des puissances
La revue turque « Fikretoru » a publié un article approfondi sur le conflit géopolitique en Afrique et l’impact des grandes puissances telles que la Chine, les États-Unis, la Russie et certains pays de l’Union européenne, ainsi que des puissances intermédiaires comme la Turquie, l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis et l’Inde, sur le développement et la sécurité des États africains.
Une importance croissante pour les puissances mondiales
L’auteure de l’article, Nebahat Tanriverdi, met en lumière l’importance croissante de l’Afrique dans les politiques étrangères des grandes et moyennes puissances. Elle souligne que ces pays cherchent à renforcer leur influence à travers des investissements militaires et économiques, entraînant une concurrence intense pour les ressources.
Il existe une course pour renforcer les relations économiques, diplomatiques et militaires avec le continent africain, comme en témoignent le nombre croissant de sommets diplomatiques organisés avec ses nations.
Un rôle incontournable
Tanriverdi affirme que le rôle de l’Afrique dans les événements actuels ne peut être ignoré, malgré des doutes sur la répétition tragique de l’histoire sur le continent. Le passé colonial et les impacts de l’occupation ont laissé des séquelles, rendant les États africains sensibles aux principes de souveraineté et de non-ingérence.
En outre, les pays africains utilisent cette période multipolaire pour briser les relations de dépendance héritées du colonialisme, visant à réaliser leurs objectifs de développement économique. La diversité au sein du continent, avec des nations ayant des intérêts et des capacités variés, doit être prise en compte.
Multipolarité et diplomatie africaine
Les discussions sur la multipolarité portent sur la fin de l’hégémonie unipolaire et l’émergence de puissances ayant des intérêts et des influences variés. Cela permet aux pays africains de suivre des politiques d’alliance sélectives répondant à leurs besoins en matière de développement et de sécurité.
Avec la disponibilité d’alternatives dans divers domaines, les nations africaines ont su utiliser la concurrence entre les puissances mondiales pour obtenir de meilleures conditions dans le commerce et l’investissement.
La montée en puissance de la Chine
L’article aborde la relation étroite entre la transformation de l’Afrique et l’augmentation de l’influence économique et géostratégique de la Chine, via des initiatives telles que « la Ceinture et la Route et le Forum de coopération sino-africain. La Chine est désormais le premier partenaire commercial de l’Afrique et un investisseur clé dans des projets d’infrastructure.
Les succès chinois peuvent être attribués à la nature rapide de ses investissements, financés par l’État, et à son non-intervention dans les affaires intérieures africaines, rendant ainsi son partenariat attrayant.
La présence de la Russie
Tanriverdi souligne la présence de la Russie en Afrique, axée sur la coopération militaire, les ventes d’armes et le soutien politique, servant de contrepoids à l’influence occidentale. Moscou a considérablement étendu sa présence militaire sur le continent, signant plus de 20 accords de coopération militaire avec des pays africains depuis 2015.
Elle se positionne également comme un fournisseur majeur d’armement pour plusieurs pays africains, avec l’Algérie et l’Égypte en tête des acheteurs d’armements russes. La Russie utilise ainsi son engagement sécuritaire pour accroître son influence dans des pays tels que la République Centrafricaine, le Mali et la Libye.
Liens économiques limités
Cependant, en comparaison avec son engagement militaire, les liens économiques de la Russie avec l’Afrique demeurent limités. Néanmoins, cela ne doit pas être interprété comme une faiblesse, car Moscou concentre ses investissements dans des secteurs stratégiques tels que l’énergie et l’extraction. Le projet de la centrale nucléaire d’Al-Dabaa en Égypte est l’un des principaux projets de Rosatom en Afrique.
Les puissances intermédiaires
Les interactions croissantes des puissances intermédiaires comme la Turquie, l’Inde et les pays du Golfe avec l’Afrique se manifestent par des investissements économiques et des partenariats stratégiques. La multipolarité offre à ces puissances intermédiaires une plus grande marge de manœuvre, les pays africains les voyant comme des alternatives moins risquées par rapport aux grandes puissances.
Rivalités et opportunités
Les entreprises de ces puissances intermédiaires se livrent à une concurrence féroce, notamment dans le secteur aérien, pour devenir la marque de choix pour le transport entre l’Afrique et l’Asie. Les investissements des Émirats se concentrent sur des pays comme la Zambie et la République Démocratique du Congo, tandis que l’Arabie Saoudite vise à sécuriser des ressources minérales en Namibie et en Guinée.
Les entreprises turques se distinguent par leur rapidité et efficacité dans la construction d’infrastructures à travers l’Afrique.
Vers une économie post-pétrole
Les Émirats et l’Arabie Saoudite se préparent à une économie post-pétrole, investissant dans des projets d’énergie renouvelable au Maroc, en Égypte et en Afrique du Sud. L’Inde, quant à elle, se démarque dans le secteur du gaz en Mozambique.
Des stratégies renouvelées nécessaires
Ces transformations exigent des États-Unis et de l’Union Européenne d’élaborer de nouvelles stratégies pour faire face à la montée en puissance de la Chine et de la Russie en Afrique. La nécessité de contrer leur influence est devenue un moteur essentiel de la politique américaine sur le continent.
Les récents développements indiquent une fin d’ère stratégique pour l’Union Européenne, marquée par des retraits militaires et une réévaluation de ses engagements en Afrique.
Perspectives d’avenir
Tanriverdi conclut en affirmant que la compétition accrue entre les puissances mondiales affectera la manière dont les pays africains orientent leurs relations. Cela offrira de plus grandes opportunités aux puissances intermédiaires telles que la Turquie, l’Inde et les pays du Golfe pour renforcer leurs liens avec les nations africaines.