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Formation du gouvernement Barnier : une coalition fragile
Le 21 septembre 2024, Emmanuel Macron a officialisé la nomination des 39 membres du gouvernement de Michel Barnier, qui se positionne clairement à droite. Ce cabinet, marqué par l’arrivée de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur, est le fruit d’une coalition précaire entre le camp présidentiel et Les Républicains, une tentative de résoudre la plus grave crise politique qu’ait connue la Ve République.
Défis politiques à venir
La gauche s’est déjà prononcée en faveur d’une motion de censure, ce qui laisse planer un doute sur la pérennité de ce gouvernement formé dans la tourmente. Le Rassemblement national joue également un rôle déterminant dans la survie de cette équipe, surtout après des élections législatives qui ont été marquées par un _« front républicain »_ visant à contrer la montée de l’extrême droite.
Les personnalités clés du gouvernement
Bruno Retailleau, figure de proue du parti Les Républicains, a suscité des réactions mitigées parmi les macronistes et les membres du MoDem, compte tenu de ses positions strictes sur l’immigration. Son rôle est crucial, étant l’un des rares ministres de poids dans une équipe essentiellement composée de personnalités moins connues. A noter que le Premier ministre Barnier n’a pas réussi à attirer des membres de la gauche au sein de son gouvernement.
Par ailleurs, Laurence Garnier, pressentie au ministère de la Famille, a finalement été nommée secrétaire d’État à la Consommation après un vif débat public. Aux côtés de Retailleau, Annie Genevard prend les rênes du ministère de l’Agriculture, un secteur actuellement en crise.
Répartition des responsabilités
Pour ce qui est des autres figures importantes, Sébastien Lecornu et Rachida Dati restent respectivement aux ministères des Armées et de la Culture, ayant déjà fait leurs preuves dans l’administration de l’actuel président. Le MoDem est représenté par Jean-Noël Barrot, qui est désormais ministre des Affaires étrangères, tandis que plusieurs macronistes occupent des postes clés tels que Catherine Vautrin au Partenariat avec les territoires, Guillaume Kasbarian à la Fonction publique, et Agnès Pannier-Runachier à la Transition écologique et à l’Énergie.
Budget et priorités gouvernementales
Antoine Armand, un macroniste relativement inexpérimenté, devient le ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie. En parallèle, Laurent Saint Martin, ancien député, se voit confier le Budget, bien qu’il soit directement rattaché à Matignon. L’élaboration des lois de finances pour 2025, en retard, est déjà une priorité pour l’exécutif, dans un contexte économique tendu.
Du côté de l’éducation, la députée Renaissance Anne Genetet fait son entrée au sein du gouvernement, un domaine qui a connu des remaniements fréquents depuis 2022.
Équilibre et tensions au sein du gouvernement
Le gouvernement Barnier se veut paritaire, comptant 19 ministres de plein exercice, 15 ministres délégués et cinq secrétaires d’État. Cette diversité de genres au sein de l’équipe reflète une volonté d’équilibre, mais elle est vite tempérée par les tensions internes, notamment entre Michel Barnier et le _« bloc central »_ du président Macron.
Les défis se multiplient alors que la France est confrontée à une situation politique complexe, trois mois après la dissolution controversée de l’Assemblée nationale. Michel Barnier, ancien ministre et ex-commissaire européen, devra naviguer entre diverses priorités telles que l’amélioration du _« niveau de vie »_, la sécurité, et la gestion de l’immigration.
Réactions à la nouvelle formation
De nombreuses voix s’élèvent contre ce nouveau gouvernement, que certains qualifient de _« Gouvernement Manif pour Tous »_ en raison de la présence de figures conservatrices. La cheffe des députés insoumis, Mathilde Panot, a dénoncé cette composition, rappelant que ces responsables de droite avaient précédemment pris position contre des avancées sociales, comme le mariage homosexuel.
Le Nouveau Front populaire, qui souhaite gouverner malgré l’absence de majorité absolue, a promis de s’opposer fermement à ce gouvernement, tandis que des manifestations ont eu lieu à Paris, illustrant le mécontentement ambiant.
Maintenant que le gouvernement Barnier est constitué, les défis qui l’attendent sont considérables, surtout en matière de cohésion et de gouvernance, sans majorité absolue, mais avec des partis soucieux de maintenir leur indépendance décisionnelle.