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Incertitudes autour de la centrale à charbon de Cordemais
La situation concernant l’après-charbon de la centrale thermique de Cordemais, située en Loire-Atlantique, est devenue très incertaine. EDF a récemment annoncé l’arrêt du projet Ecocombust 2, qui visait à convertir cette centrale en une installation biomasse, en collaboration avec le groupe Paprec, spécialisé dans la collecte et le recyclage des déchets. Les deux entités n’ont pas réussi à s’accorder sur les conditions économiques nécessaires pour produire de l’électricité à partir de déchets de bois. Comme l’indique un porte-parole d’EDF, « il aurait fallu qu’EDF s’engage sur des volumes importants durant quinze ans, pour quelques dizaines d’heures de production par an ».
Défis techniques et investissements considérables
La viabilité technique d’une production entièrement biomasse a également été mise en question, surtout pour une centrale construite il y a plus de quarante ans, alors qu’elle devait répondre à la demande en pointe. Au total, EDF a déjà investi 6 millions d’euros dans ce projet, tandis que Paprec a investi quatre millions d’euros.
Les discussions entre EDF et Paprec n’ont pas abouti, la CGT soulignant dans un tract diffusé le 23 septembre que cette situation était due à l’absence de soutien économico-industriel de l’État. Le premier projet de conversion remonte à 2015, initialement envisagé avec Suez, avant d’être déclaré non rentable.
Engagements gouvernementaux et fermeture prévue
À cela s’ajoute l’engagement du président Emmanuel Macron d’éliminer l’utilisation du charbon d’ici 2027, une promesse déjà formulée en 2017.
Face à cette situation, EDF a décidé de fermer définitivement la centrale d’ici 2027, en prévoyant à la place l’installation d’une usine de sa filiale Framatome, chargée de fabriquer des tuyaux pour le circuit secondaire principal des nouveaux réacteurs nucléaires EPR2. Cette reconfiguration est attendue pour s’achever en 2028, avec une ouverture prévue en 2029.
Impact sur l’emploi et inquiétudes locales
Cette nouvelle usine devrait créer environ une centaine d’emplois dans un premier temps, puis doubler cette effectif lorsque l’activité sera à son plein régime. Des profils comme soudeurs, ajusteurs et usineurs seront nécessaires, des métiers très différents de ceux actuellement présents sur le site de Cordemais. Toutefois, la direction d’EDF assure faire tout son possible pour assurer la reconversion des agents, à l’instar de la centrale à charbon du Havre qui a fermé ses portes en 2020.
Cependant, cette annonce a été mal accueillie sur place. Sébastien Bellomo, délégué CGT, a déclaré : « C’est une trahison de tous les engagements tenus jusqu’alors, et vis-à-vis des 350 agents de la centrale qui se sont battus pour ce projet. En plus, les emplois promis sont des postes qui ne seront pas au statut ».
Réactions des élus locaux
Les élus locaux partagent également leur mécontentement, exprimant surprise et frustration. Philippe Grosvalet, sénateur socialiste, a souligné l’attitude ambiguë d’EDF sur ce dossier, indiquant que l’entreprise avait choisi de ne retenir que les hypothèses les plus pessimistes dans son rapport sur les coûts prévisionnels de production d’électricité à Cordemais. « Le prix de l’électricité ainsi produite serait alors prohibitif », a-t-il affirmé lors d’une question au gouvernement en avril dernier.