Sommaire
Euro 2024 : Un nouveau défi pour séparer sport et politique
À la recherche de son quatrième titre de la Coupe d’Europe des nations de son histoire, l’Allemagne a décidé de laisser la politique de côté cette fois-ci et de se concentrer sur la réussite du tournoi organisé sur son sol sur les plans sportif et sécuritaire.
Contrairement à la Coupe du Monde au Qatar en 2022, où les débats européens et allemands ne portaient pas sur les soutiens aux communautés LGBTQ+ portés par les joueurs ou sur les slogans ouvertement favorables à l’Ukraine dans son conflit avec la Russie.
Cependant, la montée en puissance des manifestations condamnant la violente guerre israélienne contre les civils palestiniens à Gaza risque de mettre Berlin dans une position délicate.
L’Allemagne espère assister à un tournoi exempt de politique sur les terrains, dans les gradins et parmi les supporters (Getty).
Le mythe
La politique a toujours été au cœur du sport depuis les débuts des Jeux Olympiques au XXe siècle, notamment lors des Jeux Olympiques de Berlin en 1936, qui ont été un pilier de la propagande nazie à l’époque et un laboratoire pour prouver la suprématie de la race aryenne avant d’être contré par l’athlète afro-américain Jesse Owens, médaillé de quatre médailles d’or lors de ces mêmes Jeux.
La « Guerre du football » entre le Honduras et le Salvador en 1969 illustre un des plus grands exemples du XXe siècle de l’interférence entre politique et sport, et de la capacité du football à polariser.
- Les matchs entre les deux équipes voisines, y compris le match de barrage pour se qualifier à la Coupe du Monde au Mexique en 1970, ont déclenché une guerre de 4 jours entre les deux pays, exacerbée par des crises antérieures liées à l’immigration et à la propriété foncière des Salvadoriens au Honduras.
Diplomatie du football
Le football n’est pas seulement un champ de bataille, il révèle l’efficacité de la diplomatie du sport pour apaiser les tensions et surmonter les animosités entre les nations et les peuples. L’exemple de la « Miracle de Berne » par l’équipe allemande lors de la Coupe du Monde en Suisse en 1954 a permis de redéfinir l’Allemagne sur la scène internationale après la sombre période nazie.
Paradoxalement, la Coupe du Monde de 1990 en Italie a donné un élan festif et large à l’Allemagne réunifiée quelques mois après la chute du mur de Berlin sous le poids des révolutions colorées qui ont secoué certains pays du bloc de l’Est, notamment avec le sacre face à l’Argentine.
La conjoncture mondiale
Alors que l’Europe va accueillir le championnat en Allemagne après un tremblement politique marqué par la victoire importante de l’extrême droite dans certaines régions d’Europe, dont la France, et en Allemagne en particulier, où le parti « Alternative » d’extrême droite est devenu effectivement le second parti politique du pays, ces victoires alimentant ses théories anti-immigration et anti-islam au sein du pays.
De plus, la montée de l’extrême droite signifie un revers pour le « contrat vert européen » et pour les plans de l’Union européenne pour atteindre la neutralité climatique, ce qui pourrait inciter des milliers de passionnés de la cause climatique à se rassembler dans les villes allemandes lors du championnat pour faire entendre leur voix.
L’Allemagne au cœur de la tempête
L’Allemagne n’a pas réussi le test de la « neutralité sportive », du moins avant le début du championnat. Cet échec est d’autant plus important car il est lié à un nouveau débat éthique, avec un sondage de la chaîne WDR télévisée controversé, sur le soutien à la présence de plus de joueurs blancs dans l’équipe.
Malgré les critiques politiques et sportives qui ont suivi le sondage, il révèle une division sociétale envers les questions d’intégration, d’immigration, et la perception des Allemands envers les individus de couleur, laissant également le gouvernement critiqué face à une performance politique et des positions diplomatiques maladroites face à ce qui se déroule dans la bande de Gaza.