Sommaire
Enquête de Mediapart sur le silence de la France sur la Seine
Un rapport récemment publié par Mediapart révèle que les niveaux de pollution dans la Seine étaient extrêmement préoccupants lorsque la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, a décidé de s’y baigner, deux semaines avant le début des Jeux Olympiques. Cette information s’appuie sur des documents de l’Agence Régionale de Santé (ARS) d’Île-de-France, qui sont restés secrets pendant toute la durée de l’événement.
Des eaux jugées « claires »
Le 13 juillet, la ministre a qualifié les eaux de la Seine de « claires » après sa baignade. Cependant, Mediapart souligne que bien qu’elles puissent sembler claires, elles étaient en réalité très polluées. Les analyses effectuées par l’ARS à l’occasion des JO ont révélé des niveaux de contamination qui rendaient la baignade dans le fleuve inadéquate le jour même de sa baignade.
Niveaux de pollution alarmants
Selon le rapport de Mediapart, la pollution bactérienne au 13 juillet a dépassé de 63 % les niveaux autorisés au pont des Invalides, dans le septième arrondissement de Paris, où la ministre a nagé. Les résultats des échantillons prélevés à trois autres points à proximité du site dédié aux sports nautiques ont également dépassé les limites autorisées.
Risques pour la santé
Medipart a rapporté que l’ARS d’Île-de-France a indiqué que la pollution bactérienne et la présence d’entérocoques sont des indicateurs d’une contamination par les eaux usées, et qu’elles signalent un « risque pour la santé ». Ce risque pourrait inclure la propagation de germes pathogènes tel que le virus de l’hépatite A ou le SARS-CoV-2.
Conditions météorologiques défavorables
Les niveaux de pollution aiguë mesurés le 13 juillet étaient principalement attribués aux fortes pluies sur Paris les 11 et 12 juillet. Des analyses effectuées à midi le 12 juillet indiquaient déjà des niveaux de contamination critiques, et les résultats des échantillons pris plus tard dans la journée confirmaient que les indicateurs de pollution demeuraient alarmants.
Réaction du bureau de la ministre
En réponse aux préoccupations soulevées, le bureau de la ministre a déclaré qu’elle s’était appuyée sur un avis positif de l’ARS obtenu le 12 juillet. Toutefois, Mediapart affirme que cet avis a été rédigé en toute hâte et transmis à la dernière minute, uniquement pour permettre au team de triathlon handisport de s’entraîner le 13 juillet, sans mentionner la participation de la ministre.
Contexte politique
Medipart suggère que la ministre a pu vouloir devancer la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui a supervisé un projet de nettoyage de la Seine évalué à 1,5 milliard de dollars. Hidalgo a notamment nagé dans la Seine le 17 juillet, en présence d’autres officiels, après avoir reçu un avis positif de l’ARS. On lui a alors accordé que les conditions s’étaient améliorées pour cette baignade promotionnelle.
Conclusion polémique
Malgré les indications de l’ARS selon lesquelles la qualité de l’eau était insuffisante entre début juin et le 11 juillet, les politiques françaises semblent avoir négligé les recommandations de communication sur les risques encourus par le grand public. Dans un message le 31 juillet, le président Emmanuel Macron a déclaré « Nous avons réussi », mettant en lumière le succès de l’investissement dans la Seine, et affirmant que « nous avons réalisé en quatre ans ce qui a été impossible durant un siècle ».