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Enjeux de la présidentielle en Mauritanie
Les électeurs se rendront aux bureaux de vote à travers la Mauritanie le 29 juin, pour des élections qui s’annoncent comme un test décisif pour la jeune et fragile démocratie du pays d’Afrique du Nord-Est.
Pays désertique vaste mais peu peuplé, avec environ 4,5 millions d’habitants, la Mauritanie a longtemps été tourmentée par des coups d’État et un régime militaire. Depuis son indépendance de la France en 1960, le pays a été sous dictature militaire pendant presque la totalité de ses 64 ans d’existence. Son premier transfert pacifique du pouvoir a eu lieu en 2019, lorsque l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz a décidé de ne pas se présenter pour un troisième mandat.
Contexte
Le pays est entouré de voisins confrontés à une violence armée impliquant divers groupes, et les analystes estiment que la Mauritanie court le risque de voir cette insécurité déborder sur son territoire.
La Mauritanie a également un héritage de discrimination raciale toujours présent : elle a été le dernier pays à abolir l’esclavage en 1981, et des répressions visant des militants de la population mauritanienne noire ont créé des tensions ces derniers mois. Les disparités raciales se manifestent également dans l’accès à l’éducation, à la santé et à la terre.
Les candidats en lice
- Président Mohamed Ould Ghazouani – Représentant du parti au pouvoir El Insaf ou Equity, cet incumbent de 67 ans est le favori pour remporter les élections. Ancien militaire et chef d’armée sous son prédécesseur, Aziz, il a été élu avec 52 % des voix en 2019.
- Biram Ould Dah Ould Abeid – Membre du Parlement et activiste anti-esclavagiste, connu pour sa défense des Afro-Mauritaniens, il a obtenu 19 % des voix en 2019.
- Outouma Antoine Souleimane Soumare – Candidat indépendant, neurochirurgien se présentant sur un programme de justice sociale.
- Autres candidats incluent Hamadi Sidi Mokhtar Mohamed Abdi, Mamadou Bocar Ba, El Id Mohameden M’Bareck et Mohamed Lemine El Mourteji El Wafi.
Principaux enjeux
- Chômage : 60 % des Mauritaniens ont moins de 25 ans, et le chômage des jeunes atteint 23 %.
- Pauvreté : Plus de la moitié de la population vit dans la pauvreté, poussant certains à entreprendre des voyages dangereux vers l’Europe.
- Services de base : L’accès à l’électricité et à l’eau est une demande centrale des électeurs.
Héritage de Ghazouani
Les partisans du président actuel soulignent qu’il a éloigné le gouvernement de l’influence militaire et mis en place un gouvernement plus inclusif. Cependant, des critiques ont émergé concernant les abus des droits de l’homme et la corruption qui persistent sous son mandat.
La Commission électorale nationale (CENI), réformée en 2022, opère sous la supervision du gouvernement actuel. Malgré des allégations de fraudes lors des élections législatives de mai 2023, l’Union africaine a jugé les élections crédibles. Les États-Unis ont apporté un soutien financier à la CENI pour renforcer ses processus.
Prochaines étapes
Ghazouani est attendu en tête des votes, mais la concurrence croissante de ses principaux rivaux politiques pourrait le contraindre à un second tour le 14 juillet. Les élections de samedi devraient se dérouler dans un climat de paix, reflétant une évolution positive des institutions mauritaniennes en prévision des élections à venir.