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Élections présidentielles sénégalaises : un président sortant absent et un leader de l’opposition évincé
Les Sénégalais se préparent pour leurs douzièmes élections présidentielles prévues pour le printemps prochain. Un événement politique majeur pour cette nation africaine réputée pour sa stabilité politique et qui n’a jamais connu de coup d’État militaire, malgré leur prévalence dans la région.
Après de longs mois de batailles judiciaires, le Conseil constitutionnel sénégalais a publié une liste de 20 candidats autorisés à concourir pour le poste présidentiel.
Le 25 février, les électeurs sont appelés à choisir parmi ces candidats aux diverses affiliations politiques et priorités. Les élections suscitent un intérêt régional et international considérable, compte tenu de la complexité de la situation politique en Afrique de l’Ouest, notamment le retrait progressif de l’influence française et le pivot militaire vers la Russie, ainsi que les partenariats économiques grandissants avec la Chine et la Turquie.
Le président sortant
Pour la première fois dans l’histoire du modèle démocratique de l’Afrique de l’Ouest qu’est le Sénégal, une élection présidentielle se tiendra sans la participation du président sortant.
Selon Abdoul Rahman Mbaye, spécialiste des affaires africaines, les défaites des présidents précédents Abdou Diouf en 2000 et Abdoulaye Wade en 2012 ont convaincu le président actuel Macky Sall de ne pas se présenter pour un troisième mandat. Toutefois, Sall a choisi de soutenir son Premier ministre, Amadou Ba, ajoutant une nouvelle dynamique à l’élection à venir.
L’exclusion du leader de l’opposition
Dans le contexte des élections, l’exclusion d’Ousmane Sonko, le jeune leader de l’opposition actuellement en prison, et de Karim Wade, le fils de l’ancien président, ont attiré l’attention.
Sonko bénéficie d’une popularité importante parmi les jeunes et les poursuites judiciaires à son encontre ont exacerbé les tensions politiques depuis 2021. Des émeutes meurtrières ont éclaté à Dakar après son incarcération en juin 2023, et son exclusion est susceptible d’envenimer l’atmosphère politique lors des élections.
Karim Wade, pour sa part, n’a pas été retenu dans la liste des candidats en raison de sa double nationalité franco-sénégalaise, le constitution sénégalais exigeant une nationalité exclusivement sénégalaise pour les candidats à la présidence.
La campagne électorale débutera le 4 février et, selon les observateurs, les résultats pourraient ne pas être décidés au premier tour compte tenu du grand nombre de candidats et du soutien affaibli du parti au pouvoir.
Focus sur les principaux candidats:
Amadou Ba
Candidat du parti au pouvoir, l’Alliance pour la République, et de certaines factions alliées, Amadou Ba, 62 ans et proche du président sortant, possède une expérience considérable dans les ministères clés comme l’économie, les finances et les affaires étrangères.
Ba, largement soutenu à Dakar et dans les régions du fleuve Sénégal habitées par les Peuls, doit cependant surmonter la baisse de la popularité du gouvernement et l’impression qu’il représente la continuité de l’administration Sall.
Idrissa Seck
À 64 ans, Idrissa Seck, ancien Premier ministre et chef du parti « Rewmi », se distingue par son expérience dans les sphères gouvernementales et privées. Après s’être classé deuxième aux élections de 2019, il a rejoint le camp présidentiel, suscitant des interrogations sur sa crédibilité parmi les électeurs.
Khalifa Sall
Khalifa Sall, maire de Dakar élu en 2014 et ex-ministre, a des antécédents de conseiller pour la Banque mondiale et les Nations Unies en Afrique. Il a une grande influence au sein du Parti socialiste, mais sa réputation a été endommagée par une condamnation pour corruption en 2019.
Barthelemy Dias
Barthelemy Dias, 42 ans, est la figure montante de l’opposition, envisagé comme remplaçant potentiel de Sonko. Il jouit d’un grand soutien parmi la jeunesse désireuse de changement et est connu pour ses critiques virulentes du régime en place.
Des défis électoraux
Les candidats approuvés par le Conseil constitutionnel varient en influence, certains pourraient disperser les voix et rendre un résultat au premier tour improbable.
L’ancienne Première ministre Aminata Touré et l’ancien Premier ministre Abdoulaye Diouf figurent également parmi les candidats avec un impact certain sur le scrutin.
Dans le contexte des impressionnantes découvertes de gaz et d’un début d’exploitation prévu pour l’année en cours, les investisseurs internationaux espèrent voir se perpétuer la tradition de stabilité politique qui caractérise le Sénégal depuis des décennies.