Le Site

L’église de la Nativité est située à Bethléem, à environ 10 kilomètres au sud de Jérusalem. Elle est l’une des plus anciennes et des plus célèbres églises de Palestine et du monde entier. Considérée comme le lieu le plus sacré pour les chrétiens, elle est liée à la naissance de Jésus-Christ, ayant été construite au-dessus de la grotte où il serait né.

Histoire de l’Église

Les sources diffèrent quant à la date de construction de l’église de la Nativité, mais elle aurait été bâtie entre 330 et 333 ap. J.-C. et inaugurée en 339 ap. J.-C., en même temps que l’église du Saint-Sépulcre, sur ordre de l’impératrice Hélène, mère de l’empereur Constantin. Incendiée et détruite par les Samaritains en 529 ap. J.-C., elle fut reconstruite par l’empereur byzantin Justinien en 534 ap. J.-C.

Selon le chercheur Nazmi al-Jubeh, dans son livre « L’église de la Nativité à Bethléem, la plus ancienne église de Palestine », cette église a conservé ses caractéristiques originales pendant près de 14 siècles.

L’église de la Nativité est l’une des rares à n’avoir pas été détruite par les Perses en raison de la fresque des mages sur sa façade. Le calife al-Hakim bi-Amr Allah conserva l’église en 1009 ap. J.-C. par respect pour Jésus-Christ.

Les croisés portèrent une attention particulière à l’église, notamment après le couronnement du roi Baudouin sur le royaume latin de Jérusalem en 1101 ap. J.-C. Ils l’embellirent avec des mosaïques murales et des peintures sur les colonnes, ainsi que des marbres au sol.

À la fin de la période mamelouke, l’église perdit une partie de son éclat en raison de l’affaiblissement du système mamelouk, de la propagation de la corruption et des désastres naturels, ainsi que des maladies contagieuses.

Malgré un tremblement de terre en 1834 et un incendie en 1869, l’église conserva son architecture, ainsi que la majeure partie de ses ornements, bien que son sol et son toit aient été endommagés et réparés à plusieurs reprises.

L’église fut confiée aux Franciscains en 1347, qui effectuèrent les réparations nécessaires en 1480.

Parties de l’Église

L’édifice principal de l’église construit par l’empereur Constantin comportait des mosaïques au sol, des monastères et des églises latines, grecques orthodoxes, franciscaines et arméniennes. Elle possède également des tours de cloches et des jardins en terrasses.

La grotte de la Nativité, le principal lieu de pèlerinage, est située sous le chœur de l’église, à l’est. Deux escaliers y mènent de chaque côté de l’autel. On y trouve une étoile d’argent et une inscription latine qui, selon certaines sources, indique le lieu de naissance de Jésus par la Vierge Marie. La grotte contient également 15 lampes représentant les différentes confessions chrétiennes.

L’église est construite dans un style basilical, avec une grande nef et cinq ailes spacieuses, deux transepts, et une grotte située en dessous. Une section avec un toit conique surplombe une salle octogonale, entourée de 40 colonnes, et deux murs de 10 mètres de haut comportant 11 fenêtres de chaque côté.

Les murs de l’église conservent des traces de mosaïques datant de la période byzantine initiale du XIIe siècle.

Visite de Omar ibn al-Khattab

Après la libération de Jérusalem, Omar ibn al-Khattab visita l’église de la Nativité accompagné du patriarche Sophrone. Lorsqu’il arriva l’heure de la prière, il pria dans l’église mais, craignant que les musulmans ne suivent son exemple et ne prennent l’église aux chrétiens, il écrivit au patriarche un acte garantissant l’église aux chrétiens et réglementant l’accès des musulmans. Il ordonna également que les musulmans ne prient pas en groupe sur le seuil des églises, et qu’aucun appel à la prière ne soit lancé depuis ceux-ci.

Inscription au Patrimoine Mondial

En 2012, l’église de la Nativité fut inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, devenant ainsi le premier site palestinien à recevoir cette distinction. Toutefois, en raison de sa condition détériorée, elle fut ensuite classée comme site du patrimoine mondial en péril.

En juillet 2019, l’UNESCO retira l’église de la liste des sites en péril après la restauration de la majeure partie de ses éléments.

Le Siège de l’Église

Le siège de l’église de la Nativité commença le 2 avril 2002, après la fin de la Pâque pour les Latins. À cette époque, l’armée israélienne encercla Bethléem et commença à envahir la ville dans le cadre de l’opération « Rempart ». Des affrontements éclatèrent entre les forces israéliennes et des résistants palestiniens qui se réfugièrent dans l’église. Les forces israéliennes assiégèrent l’église et ceux qui s’y trouvaient pendant plus de 35 jours.

Des négociations furent menées avec le côté israélien par des organisations internationales et l’Union Européenne, avec l’appui de l’Autorité nationale palestinienne. À la suite de ces négociations, 13 personnes furent expatriées en dehors de la Palestine, et 26 autres envoyées dans la bande de Gaza. Huit Palestiniens périrent et 14 furent blessés, tandis que deux soldats israéliens furent tués.

Noël sans Arbre ni Décorations

Le climat de violence déclenché par l’occupation israélienne de Gaza à la fin de 2023, qui dura plusieurs mois, influença les célébrations de Noël à Bethléem en 2024. Il n’y eut pas d’arbre ni de lumières pour les festivités, celles-ci étant remplacées par une installation artistique représentant la grotte de la Nativité sous la forme d’une maison détruite avec l’inscription « Noël sous les décombres ».

L’installation, qui prit environ trois semaines à compléter, était composée de pierres empilées sur le sol et entourées de barbelés, symbolisant la destruction de Gaza par l’attaque israélienne. Elle comprenait également une représentation de la Sainte Famille et une de la Vierge Marie tenant Jésus-Christ, rappelant les martyrs de la Palestine, ainsi qu’une carte de la Palestine et une de Gaza en fer peint en gris foncé.

Près de l’église, une affiche indiquait « Stop à l’extermination, stop à la déportation forcée, levez le siège », tandis qu’une autre mentionnait « Les cloches de Noël à Bethléem appellent à un cessez-le-feu à Gaza ».