Échec possible de la procédure d’impeachment contre Macron
**Paris -** La plus haute autorité exécutive du parlement français a validé, mardi dernier, la proposition de procédure d’impeachment visant le président Emmanuel Macron. Cette initiative, présentée par le parti « La France insoumise », a reçu l’aval d’une majorité de gauche au sein du Bureau de l’Assemblée nationale, avec un vote de 12 voix contre 10.
Processus de validation
La proposition sera soumise à la Commission des lois qui l’inscrira à son ordre du jour. Peu importe si le texte est approuvé ou non, il devra être examiné par le Sénat. Pour qu’une motion de destitution soit adoptée, il faudrait l’approbation des deux tiers des membres du parlement, soit 385 députés sur 577.
Conformément à l’article 68 de la Constitution, « le président de la République ne peut être destitué que pour manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat. » Le jugement de destitution est prononcé par le parlement dans une Cour Suprême.
Satisfaction au sein de la gauche
La gauche a exprimé sa satisfaction mardi au Palais Bourbon, le siège de l’Assemblée, où Matild Bano, présidente de « La France insoumise », a qualifié cet événement de « sans précédent ». Jean-Luc Mélenchon a déclaré dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux que « la procédure de destitution vient de commencer », soulignant que « c’est la première fois sous la Cinquième République qu’une demande de destitution est soumise au Conseil. »
Un refus du pouvoir macronien
Jérôme Guéhar, député du même parti, a expliqué que la situation actuelle est sans précédent dans l’histoire de la Cinquième République, et indique un rejet clair de l’autorité de Macron, qui semblait prêt à cohabiter avec le parti d’extrême droite Rassemblement National. Il a souligné que tout coup d’État contre la volonté de la majorité et la démocratie est inacceptable.
Il a ajouté à Al Jazeera qu' »notre prochaine stratégie sera parlementaire avec les représentants élus du peuple, qui devront assumer la responsabilité de décider si Macron doit rester au pouvoir ou non. » Il a aussi affirmé que « Macron se comporte comme un roi, mais les rois ont disparu en France; il est temps qu’il parte car sa politique est destructrice. »
Mobilisations futures
Après la manifestation du 7 septembre qui a vu la participation de 300 000 manifestants de tout le pays, le député a annoncé une nouvelle marche prévue pour samedi prochain, le 21 septembre, en raison de la symbolique de cette date, qui commémore l’abolition de la monarchie par les députés en septembre 1792.
Si les conditions procédurales sont remplies, le Bureau acceptera la proposition pour qu’elle soit examinée par la Commission des lois et éventuellement débattue lors d’une séance publique où les deux tiers des membres devront voter pour la destitution. Le délai de vote, selon la loi fondamentale d’application de l’article 68 de la Constitution, est de 15 jours.
Une initiative symbolique
Le spécialiste des affaires françaises, Omar Mraib, considère que cette démarche ne dépasse pas le stade d’une « étape symbolique et de publicité médiatique », affirmant que c’est la première fois qu’un parti politique demande le départ du président de la Cinquième République. Il estime que cette initiative est une occasion d’affirmer que Macron a outrepassé ses pouvoirs.
Il n’est cependant pas convaincu que le mandat de Macron soit effectivement terminé, notant que « nous sommes à une nouvelle étape où la majorité perdante reviendra au pouvoir par la voie du quatrième parti auquel appartient le Premier ministre. »
Possibilités limitées
De son côté, l’analyste politique Yves Sentoumier est sceptique quant à l’issue de cette demande de destitution, qu’il pense vouée à l’échec. Il interprète la situation comme une « manœuvre d’agitation et de propagande politique » orchestrée par le parti de Mélenchon pour mobiliser les sympathisants et les électeurs, afin de présenter le président comme non démocratique et indigne de rester en fonction.
Bien que des manifestations populaires soient à prévoir en raison de certains partis politiques de gauche, Sentoumier ne pense pas qu’elles atteignent le niveau de mobilisation observé lors des manifestations sur les retraites ou le mouvement des Gilets jaunes, bien qu’il n’exclut pas un changement dans la politique qui pourrait affaiblir Macron et son gouvernement à venir.
Réactions politiques
Alors que la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a dénoncé ce qu’elle a qualifié de « mauvaise utilisation de la souveraineté » et que Gabriel Latanzio, professeur à l’Université de Paris 1, a questionné l’intention du parti « La France insoumise » de monopoliser l’espace médiatique avec une initiative qui ne produira aucun résultat, il reste à voir les implications de ce mouvement.
Latanzio a expliqué que la stratégie des députés du parti viserait à se positionner comme les plus opposants au gouvernement, sans se soucier réellement de la destitution de Macron, mais plutôt d’être les premiers à appeler à son départ.