Divergences au cœur du gouvernement israélien : origines, manifestations et conséquences
La guerre contre la bande de Gaza a révélé plusieurs strates de dissensions au sein de la société israélienne, qui ne se limitent pas à l’opposition traditionnelle entre gauche et droite, ou entre l’opposition et le gouvernement. Ces différences se sont étendues pour prendre des formes plus profondes et plus évidentes, mettant en évidence une fracture sociale et politique s’étirant horizontalement et verticalement, révélant des divergences même sur ce qui était auparavant considéré comme des acquis en matière de valeur de la terre et de l’humain israélien.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a tenté, seulement quatre jours après l’opération « Inondation de l’Aqsa » le 7 octobre, de fédérer la société israélienne et de la mobiliser autour d’un objectif commun correspondant aux objectifs de la guerre.
Netanyahu a lancé un appel vibrant, affirmant qu' »Israël est engagé dans une guerre existentielle », soulignant l’importance de l’unité et la nécessité de dépasser les différends internes, et annonçant que l’éradication du mouvement de résistance islamique (Hamas) et la paralysie de ses capacités militaires ainsi que le retour des captifs, sont les objectifs autour desquels Israël doit s’unir.
De fait, une ‘guerre’ a été déclarée, comprenant le ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef du parti d’opposition Camp national, Benny Gantz, ainsi que le Lieutenant Colonel (réserviste) Gadi Eizenkot et le ministre Ron Dermer comme observateurs.
Les dissensions mises en lumière
Déclarations contradictoires et contestations
- Gadi Eizenkot a demandé aux membres du conseil de guerre de cesser de « se mentir à eux-mêmes », exigeant le courage de parvenir à un grand accord pour le retour des captifs, au lieu de continuer à combattre de manière aveugle.
- Cent jours après le début de la guerre, Benny Gantz apparaît lors d’une manifestation massive à Tel-Aviv critiquant la gestion gouvernementale du dossier des prisonniers israéliens à Gaza.
- Netanyahu a empêché le directeur de cabinet de son ministre de la Défense, Gallant, d’assister à une réunion du cabinet le vendredi précédent, provoquant la colère de Gallant qui a accusé Netanyahu de perturber son travail, et qui s’est retiré de la réunion pendant une heure avant de revenir plus tard.
- Un échange verbal a éclaté entre le ministre de la Défense Gallant et le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir.
- La ministre des Transports, Miri Regev, a raillé de manière acerbe Gallant lorsqu’il est entré pour assister à une réunion du gouvernement.
- Plus récemment, le site israélien « Walla » a révélé que le ministre de la Défense a tenté de forcer l’entrée du bureau du Premier ministre, menaçant de dégénérer en une bagarre.
- Gallant a menacé le ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer, d’amener la brigade Golani pour contrôler la situation au conseil de guerre.
- Selon « Walla », l’équipe de Netanyahu a suspecté l’équipe de Gallant d’enregistrer secrètement le contenu des réunions de sécurité sur des enregistrements audio.
Les origines des dissensions gouvernementales
Les échecs multiples du gouvernement Netanyahu
La guerre contre Gaza semblait être un mot d’ordre pour l’unité en Israël, mais la réalité s’est vite retournée contre le charmeur. La manière dont la guerre se poursuivait a fait resurgir les différends et les luttes de pouvoir internes, creusant davantage la fracture au sein de la société israélienne.
Un tweet de Netanyahu a déclenché des discussions dès le début de l’opération terrestre à Gaza, essayant de se défausser de sa responsabilité concernant l’échec du 7 octobre, en rejetant la faute sur le commandement militaire et sécuritaire. Sa tentative de nier avoir été averti « sous aucune forme, à aucun stade qu’il y avait une intention de guerre de la part du Hamas » a conduit à un rétropédalage le lendemain matin pour supprimer le tweet et s’excuser pour son erreur, affirmant son soutien à tous les responsables de la sécurité.
Conclusion
Les dissensions continuent de mordre profondément dans les fondements du gouvernement israélien, altérant non seulement son image d’unité mais aussi sa capacité à mener à bien ses objectifs déclarés contre le Hamas à Gaza. Alors que la société israélienne continue de subir de graves pertes sur tous les fronts, les dirigeants semblent de plus en plus empêtrés dans un conflit interne qui pourrait coûter cher, non seulement à leur avenir politique mais aussi à la stabilité régionale.