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Des élèves assoiffés de savoir malgré la pénurie à Gaza
À Gaza, au milieu des décombres et des ruines, le son des enfants résonne en chantant « cinq gâteaux avec du sucre, et six se tenant à réfléchir… ». Ce chant nous guide vers une entrée sans porte, marquée du mot « Salle de prière ». À l’intérieur, des pièces dont les plafonds sont en tissu, séparées par des rideaux noirs en nylon, accueillent plus de 350 enfants répartis en 9 classes, allant de la maternelle au troisième cycle de l’école primaire, inscrits dans une initiative lancée par leurs parents pour éduquer les enfants au camp de Jabalia, au nord de Gaza.
Une éducation sans ressources
D’après Amani Abou Riya, responsable de l’initiative et directrice d’une école maternelle entièrement détruite par l’occupation, le principal défi rencontré par les enseignantes est le manque d’environnement physique. Elle décrit l’endroit comme primitif, sans sièges, tables ni même toilettes. « Imaginez que nous demandons à un élève de rentrer chez lui pour satisfaire ses besoins avant de revenir », dit-elle.
Les enfants commencent tout juste à s’adapter à cet environnement difficile, subissant la chaleur accablante et la présence d’insectes, ce qui a rendu difficile pour certains d’entre eux le retour à l’école après 11 mois de guerre.
Un combat psychologique face à la douleur
Chaque semaine, les élèves participent à 10 heures de cours et d’activités de défoulement psychologique, dirigées par des enseignantes qualifiées qui travaillent bénévolement depuis deux mois. Ces enseignantes s’efforcent d’extirper les enfants d’une réalité éducative et psychologique désastreuse.
Les cris des enfants tentent de couvrir le bruit incessant des drones survolant la région. Tous ces enfants ont été profondément marqués par la guerre, ayant perdu une partie de leur famille ou leur maison, héritant de blessures psychologiques sévères. La psychologue Mai Saleh souligne que, bien qu’ils soient prompts à répondre aux leçons, ils ont désespérément besoin de séances de soutien psychologique régulières.
Des ventres affamés
Après les cours, les enfants, attirés par le gargouillement de leur estomac, ouvrent leurs sacs pour en sortir des casseroles et des récipients métalliques. Ils font la queue pour recevoir leur part de nourriture de l’auberge qui distribue des repas aux familles du camp.
La queue se compose de trois files, l’une pour les hommes, une autre pour les femmes, et la dernière pour les enfants. Une femme d’une soixantaine d’années, Um Mohammed, raconte avoir marché pendant une demi-heure sous le soleil brûlant pour obtenir une portion de soupe pour nourrir ses petits-enfants, qui ont perdu leurs parents. « Je voulais les envoyer à l’école, mais je refuse vraiment qu’ils s’éloignent de moi », explique-t-elle.
Solidarité dans des conditions extrêmes
Alors que les enfants terminent leur distribution de nourriture, des jeunes arrivent pour préparer la salle de prière afin d’accueillir les fidèles pour la prière de midi par une journée d’été étouffante. Ces images témoignent de la solidarité des Gazaouis, qui, malgré leurs propres besoins, organisent des initiatives pour s’entraider. Ils sont convaincus que seule leur solidarité peut les guérir, répétant à chaque pas : « Rien ne vaut l’aide que l’on se rend soi-même ».