Des colons du nord dénoncent leur marginalisation par Tel Aviv
Les plaintes des colons vivant dans les villes et colonies du nord d’Israël augmentent concernant ce qu’ils considèrent comme une marginalisation au profit de Tel Aviv et d’autres villes du centre d’Israël. Ils appellent à une réponse militaire massive contre le Hezbollah libanais, face aux attaques persistantes dont leurs localités sont l’objet, selon un rapport du quotidien espagnol El País.
Des habitants d’Acco expriment leur frustration
Antonio Pita, correspondant du journal, rapporte que des Juifs vivant à Acco se plaignent de leur situation sous les tirs croisés, dans un article intitulé « L’attaque contre le Hezbollah suscite le mécontentement et non le réconfort dans le nord d’Israël… Sommes-nous des citoyens de deuxième zone ? ».
Le rapport précise que de nombreux Juifs à Acco sont des Juifs ashkénazes, et que la ville est un bastion du Likoud, le parti du Premier ministre Benyamin Netanyahu. Edo Azulai et ses amis, qui avaient voté pour ce parti en 2022, regrettent maintenant leur choix. « Le gouvernement nous a trahis », déclare Yakhin Azulai, approuvé par Edo qui ajoute : « Si je pouvais rencontrer Netanyahu, je lui demanderais : que voulez-vous ? Que nous restions silencieux comme des malheureux face à cette incertitude qui menace nos vies ? », indique le journal.
Demandes de réponse militaire contre le Hezbollah
Bien qu’Acco n’ait pas été directement visée par des roquettes du Hezbollah ces derniers mois, de nombreux résidents juifs demandent ce qu’ils appellent une invasion complète du Liban.
Cette demande intervient après que l’Israël a déclaré avoir déjoué hier (dimanche) une attaque massive du Hezbollah par une frappe préventive impliquant environ 100 avions, prétendant avoir évité le lancement de milliers de roquettes sur le nord d’Israël. Cela a été démenti par le Hezbollah qui a affirmé que son attaque avait atteint son but, précisant que la riposte initiale à l’assassinat de son commandant militaire, Fouad Cheker, était terminé.
Sentiment d’abandon parmi les Juifs du nord
De nombreux Juifs interrogés par le journal estiment que la démonstration de force militaire et de renseignement israélien « n’est pas impressionnante ». Les habitants d’Acco se lèvent en entendant une pluie de tirs, et ce mécontentement est partagé par de nombreux Juifs du nord d’Israël, particulièrement ceux qui vivent près de la frontière libanaise.
Netanyahu a suscité la colère de milliers de Juifs du nord d’Israël en raison de la dénomination qu’il a donnée à l’attaque israélienne, « Paix à Tel Aviv », une appellation qui rappelle l’opération « Paix en Galilée » de 1982. Les habitants voient cela comme une preuve de discrimination en leur faveur par rapport aux Juifs du centre d’Israël, où se situent Tel Aviv et d’autres villes riches.
Les autorités locales en colère
Des responsables de trois conseils municipaux de la région ont déclaré : « Le choix de ce nom, après 11 mois de l’attaque du 7 octobre, est le reflet du fossé entre le gouvernement et des centaines de milliers de citoyens ».
Ils ont déclaré : « Vous ne vous êtes pas soucié de nous pendant dix mois et demi, et nous ne nous occuperons plus de vous à partir de maintenant… Nous avons géré nos affaires jusqu’à présent. » Ils ont également exprimé leur intention de boycotter le gouvernement « jusqu’à obtenir une solution définitive pour nos résidents et nos enfants ».
Des appels à la guerre et des préoccupations de sécurité
La situation est exacerbée par les réclamations de « guerre totale » de certains Juifs d’Acco, comme le dit Tomer Itach, tandis qu’Edo Azulai appuie son ami en déclarant que « la guerre est préférable à l’incertitude ». Cependant, pour ces personnes, aucun accord politique ne suffira à éloigner le Hezbollah des frontières, ni à rétablir la paix dans la région.
Yakhin Azulai déclare : « Depuis le 7 octobre, il n’est plus possible de vivre ici avec le Hezbollah juste de l’autre côté de la frontière. » Ce sentiment est de plus en plus partagé parmi de nombreux habitants du nord d’Israël.
Des témoignages poignants d’angoisse
Malgré les conséquences potentielles sur le Moyen-Orient, certains Juifs, comme Khershon Mati (33 ans), affirment que seule la guerre totale leur permettra de dormir tranquilles et de permettre à des dizaines de milliers de personnes de retourner chez elles sans crainte. Mati, qui a émigré d’Inde il y a seulement dix ans, ne s’attendait pas à connaître une telle situation.
Il se remémore : « Nous n’avons même pas eu le temps de sortir… Nous avons entendu l’explosion lorsque nous avons atteint la porte extérieure. Imaginez ce qui se serait passé si nous avions tardé de 15 secondes », tout en montrant des images sur son téléphone montrant des éclats de verre éparpillés sur le lit de l’un de ses enfants.
Il confirme que sa famille a passé la nuit à l’hôtel, tout comme tous les habitants de l’immeuble, dont les fenêtres ont été brisées par les éclats. Certains résidents se rassemblent autour d’un petit trou causé par la chute d’une roquette interceptée.
Une escalade des conflits
Mati exprime son indignation : « Tout le monde sait que nous sommes en guerre, mais le gouvernement n’utilise pas toute sa puissance ». Il conclut : « Quelle alternative ? Existe-t-il un autre endroit en Israël où nous pouvons aller et où quelqu’un garantit notre sécurité ? La réponse est non ».
Le Hezbollah a annoncé avoir mené une attaque aérienne utilisant de nombreux drones et roquettes contre des colonies et des positions d’occupation hier, affirmant que cette attaque faisait partie de « la réponse initiale à l’assassinat du commandant Fouad Cheker ». En réponse, Israël a mené des dizaines de frappes sur des zones du sud du Liban, avec la participation de « 100 avions de chasse israéliens » ciblant plus de 200 objectifs au Liban.