Un dépotoir israélien s'installe sur des territoires privés palestiniens à Jérusalem
Jérusalem occupée- Les résidents de la ville d'al-'Issawiya à Jérusalem, en particulier ceux habitant les périphéries, ne se réveillent pas seulement face au mur de séparation qui défigure l'espace public et les sépare des villes d'Anata et du camp de Shuafat, mais ils sont désormais également confrontés au bruit incessant des camions déchargeant leurs déchets dans une décharge récemment approuvée, située à quelques mètres de leurs maisons.
Le plan de ce projet de colonisation a été proposé pour la première fois en 2012, et comprenait la création d'une décharge sur une superficie de 520 dunams appartenant aux résidents de Jérusalem des villes d'al-'Issawiya et d'Anata. Après une opposition collective, le plan a été à nouveau proposé en 2022 sur une superficie de 410 dunams.
La résistance des habitants a repris avec l'aide de la "Coalition civile pour la défense des droits des Palestiniens à Jérusalem" et de l'association "Planners for Planning Rights" (Bimkom), résultant dans un nouveau plan récemment publié qui réduit la zone de la décharge à un cinquième, pour être érigée sur une superficie de 109 dunams.
Dommages et impacts environnementaux
Selon Hani al-'Issawi, membre du comité civil des résidents d'al-'Issawiya, les habitants ont mené des batailles pour anéantir complètement ce projet, mais ils n'ont réussi qu'à réduire sa taille.
Les objections étaient dues aux dommages causés par l'établissement de cette décharge en termes de confiscation des terres d'une part, et des impacts environnementaux et du bruit que causeraient les camions transportant les déchets et les machines broyant les déchets solides d'autre part.
La présentation des objections à ce projet de colonisation ne se limitait pas aux propriétaires terriens; les habitants des quartiers voisins y ont également participé, car il est situé très proche des maisons. Le camp de Shuafat avec ses cinq quartiers abrite 130 000 résidents de Jérusalem, en plus des 22 000 personnes vivant dans la ville d'al-'Issawiya.
Ce qui aggrave la situation, c'est que le projet a été conçu à l'origine pour être un site destiné à recevoir les déchets résultant des déchets des projets de construction de colonies et des unités résidentielles israéliennes, selon al-'Issawi.
Rejet des plans palestiniens
Al-'Issawi mentionne : "Nous ne sommes pas la cause de ces déchets, mais nous sommes forcés de les recevoir sur nos terres pour que la vallée soit comblée de déchets de construction, puis transformée en parc une fois qu'elle sera de niveau avec la rue… La construction de cette décharge intervient après que des colons ont protesté contre une décharge établie près de la colonie 'Neve Ya'akov' qui a été fermée suite à des objections et déplacée près de chez nous".
Bien que les résidents d'al-'Issawiya aient pris l'initiative de préparer et de présenter un plan structurel pour la ville, incluant les terres dans la zone de la décharge, il a été rejeté sous prétexte qu'il n'y avait pas de possibilité de percer une rue vers cette zone. Mais selon al-'Issawi, le plan de la décharge comprend désormais la construction d'un tunnel pour le passage des camions à ordures.
Ceci fait partie des politiques discriminatoires israéliennes à Jérusalem, car les résidents d'al-'Issawiya sont désormais privés de l'expansion urbaine sur leurs terres en raison de cette décharge.
Selon al-'Issawi, la superficie totale des terres de la ville est de 10 470 dunams (le dunam équivaut à 1 000 mètres), mais les résidents vivent sur seulement 1 040 dunams et n'en contrôlent que 3 500 sur la superficie totale de la ville.
L'occupation encercle cette ville soit par des colonies à proximité de la Colline française, soit par des projets de colonies et des institutions comme le bâtiment de l'Université hébraïque et l'hôpital Hadassah (branche al-'Issawiya), soit par des routes de contournement. La construction de la décharge vient maintenant s'ajouter au nord pour resserrer et étrangler encore davantage la ville.
Objectifs à long terme
Selon l'expert des questions de colonisation Khalil Tafakji, une des affirmations avancées lors des phases d'opposition est que le projet conduira à l'évacuation d'un rassemblement bédouin vivant dans la région, et que la confiscation des terres constitue une violation du droit international.
Tafakji a révélé qu'il y a des objectifs politiques derrière le plan : les autorités israéliennes ne veulent pas de Palestiniens vivant dans cette zone, car elles souhaitent la nettoyer pour permettre de relier les routes entre les colonies situées à l'extérieur des frontières municipales de Jérusalem avec celles situées à l'intérieur via ce lieu.
La zone de la décharge est censée devenir une extension naturelle de la rue et une zone découverte et ouverte après que la vallée aura été comblée par les déchets de construction et que le lieu aura été transformé en un parc pour être classé "réserve naturelle", intouchable à l'avenir.