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Le débat sur la mort assistée en France soulève des enjeux complexes, tant sur le plan législatif que sur celui de la compassion envers les personnes en fin de vie. Alors que certains plaident pour une réforme qui permettrait une assistance médicale à la mort, d’autres évoquent les risques potentiels d’abus et de pression.
Une législation controversée
Charles Falconer souligne que la législation actuelle a abandonné les personnes en fin de vie, laissant les patients souffrants dans une situation déplorable. Le directeur des poursuites publiques (DPP) ne poursuivra pas ceux qui agissent par compassion, tant qu’ils ne sont pas des professionnels de la santé. Pourtant, en agissant ainsi, ces individus commettent un crime sans défense, passible d’une peine pouvant atteindre 14 ans de prison.
Cette loi à moitié appliquée entraîne des souffrances inutiles. Beaucoup craignent la mort parce qu’ils ne peuvent pas contrôler le moment ou la manière dont elle se présente. Certains choisissent de se rendre en Suisse pour mourir plus tôt, souvent seuls, tandis que d’autres, dépourvus de moyens ou d’énergie, accumulent des médicaments pour mettre fin à leurs jours, toujours dans un souci de protéger leurs proches.
Les choix des patients en fin de vie
Les patients en phase terminale devraient avoir le choix. S’ils désirent de l’aide, il est crucial qu’ils puissent l’obtenir. La plupart d’entre eux ne le chercheront pas, mais des garde-fous doivent être mis en place pour éviter toute pression vers une mort assistée non désirée.
Le projet de loi de Kim Leadbeater, qui a été publié récemment, prévoit des garanties solides, meilleures que dans toute autre législation au monde. Pour qu’une assistance soit accordée, deux médecins et un juge du tribunal supérieur doivent s’assurer que la décision est prise librement par une personne capable de le faire.
Les enjeux de la législation
Des pays ayant des lois sur la mort assistée pour les malades en phase terminale montrent que ces dispositions ne conduisent pas à des cas de coercition. Les garde-fous semblent fonctionner. En outre, l’insuffisance des soins palliatifs dans certaines régions n’entraîne pas de décès anticipés et non désirés, mais réduit plutôt la peur et la souffrance, tout en améliorant les soins palliatifs.
Il est à noter que la loi de Kim n’inclut pas les personnes souffrant de conditions chroniques insupportables mais qui ne sont pas en phase terminale. Elle s’applique uniquement à ceux qui sont en fin de vie, c’est-à-dire ceux qui ne devraient pas vivre plus de six mois.
Les préoccupations des opposants
Sonia Sodha, pour sa part, exprime des réserves quant à la sécurité de cette législation. Elle souligne que le Parlement ne devrait pas légiférer à moins d’être certain que cela puisse se faire sans risque. Elle craint que des personnes se tournent vers l’euthanasie parce qu’elles se sentent un fardeau ou préfèrent transmettre de l’argent à leurs enfants plutôt que de payer pour des soins.
Les médecins, souvent trop occupés, ne sont pas bien placés pour détecter les comportements coercitifs. Si un médecin ne manifeste aucune inquiétude, quel fondement aurait un juge pour intervenir ? Les préoccupations sont nombreuses, notamment sur le fait que la loi pourrait être interprétée de manière expansive, permettant ainsi des abus éventuels.
Un avenir incertain pour la législation
Le débat sur la mort assistée continue d’évoluer, avec des pays ayant déjà mis en place des lois depuis plus de vingt-cinq ans et n’ayant pas constaté d’abus. Le projet de loi de Kim, avec ses garde-fous, pourrait être un pas vers une réforme nécessaire pour soulager les souffrances des patients en phase terminale.
Toutefois, la question demeure : la légalisation de l’assistance à mourir peut-elle se faire de manière sécurisée, sans risquer de pousser des individus vulnérables vers la mort ? Les opinions divergent, et le besoin de preuves tangibles et de consultations approfondies est plus que jamais présent.