De la promesse Balfour à l'attaque sur Gaza: Quand le Royaume-Uni assumerait-il?
London – La commémoration de la déclaration Balfour cette année se déroule dans des circonstances exceptionnelles marquées par la question palestinienne ainsi que par la lutte du peuple palestinien pour récupérer ses terres. Le Royaume-Uni, à qui cette promesse a été faite le 2 novembre 1917, se trouve également dans une situation exceptionnelle. D'un côté, il y a l'opinion publique qui soutient la cause palestinienne, exprimée à travers les plus grandes manifestations de solidarité avec les Palestiniens dans le monde entier. De l'autre côté, il y a une décision politique qui apporte un soutien absolu à Israël et qui refuse jusqu'à présent d'appeler à un cessez-le-feu. La promesse faite par le ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni, Arthur Balfour, connue dans les cercles politiques et historiques comme la promesse "de celui qui n'a rien à celui qui ne mérite rien", est considérée comme le point de départ crucial de la question palestinienne, qui a ensuite conduit à l'occupation israélienne.
L'importance historique et les répercussions de la promesse Balfour
La question palestinienne connaît des moments critiques où la responsabilité historique de Londres concernant la promesse Balfour devient un sujet majeur et crucial à mettre en lumière. Al-Jazeera a interviewé trois experts britanniques sur les raisons qui ont poussé le gouvernement du Royaume-Uni à faire cette promesse et sur ses répercussions historiques. L'académicien britannique Chris Doyle associe de manière indissociable la situation actuelle à la promesse Balfour du point de vue historique. Le directeur du "Conseil arabo-britannique" à Londres, dans son entretien avec Al-Jazeera, accuse la Grande-Bretagne de "l'incapacité historique à résoudre équitablement cette question palestinienne". Bien que Chris Doyle blâme la communauté internationale pour ne pas avoir résolu ce problème, il affirme que Londres porte la responsabilité première parce qu'elle avait la capacité de résoudre ce problème depuis des décennies, bien avant que cela ne devienne un dossier américain primordial.
Une stratégie coloniale et des motivations complexes
Chris Doyle exprime également ses regrets quant au fait que Londres, qui jouait un rôle historique et politique dans la question palestinienne, soit maintenant impuissante à appeler à un cessez-le-feu immédiat, à lever le blocus, à libérer les détenus et à acheminer l'aide humanitaire. Afaaf Jabbary, responsable du programme d'études supérieures sur les réfugiés à l'Université de l'Est de Londres, part d'une idée fondamentale selon laquelle la seule promesse de Balfour n'avait aucune légitimité, mais c'est la Société des Nations et les demandes d'une partie du mouvement sioniste qui lui ont donné sa légitimité. Elle affirme également que le mouvement sioniste était divisé à l'époque, une partie affirmant que les Juifs ne devraient pas avoir leur propre État et proposant le Soudan, l'Éthiopie ou l'Ouganda comme alternatives, alors pourquoi la Palestine a-t-elle été choisie ?
Elle répond à cette question en proposant deux raisons. La première est liée à la narration religieuse d'une partie du mouvement sioniste, tandis que la seconde est liée à l'antisémitisme. Selon elle, la Grande-Bretagne et d'autres pays européens voulaient expulser les Juifs d'Europe. D'un point de vue juridique, elle estime que la Grande-Bretagne n'avait aucun droit en tant que puissance coloniale à faire cette promesse, mais il y avait des stratégies coloniales qui visaient à assurer un conflit constant dans la région et l'absence de stabilité, afin de garantir les intérêts des puissances coloniales. Le Premier ministre britannique Rishi Sunak (à droite) rencontre le président israélien Isaac Herzog pour exprimer son soutien à Israël (Anadolu Agency)
Une promesse immorale et irresponsable
Afaaf Jabbary souligne également la responsabilité historique et juridique du Royaume-Uni et de l'ONU, car cette dernière a donné à une puissance coloniale le droit de décider du destin du peuple autochtone. Les Palestiniens représentaient alors 90 % de la population de la Palestine, mais leurs avis n'ont jamais été pris en compte. Le militant britannique des droits de l'homme, fils de Jamal, président de la campagne de solidarité avec la Palestine au Royaume-Uni, considère la promesse de Balfour comme un moment clé et décisif dans la création d'Israël. Il souligne que la Grande-Bretagne porte la responsabilité historique car elle a légitimé cette idée sans se soucier de la population autochtone et en leur accordant la terre d'autres personnes.
Il affirme également que Londres a été la première à organiser l'immigration juive et a donné son feu vert à cette immigration. Cependant, il ajoute que même si la Grande-Bretagne n'avait pas fait cette promesse, un autre pays l'aurait fait. Quant aux objectifs de la Grande-Bretagne en faisant cette promesse, ils étaient motivés par une mentalité coloniale liée à son empire. La Grande-Bretagne considérait le mouvement sioniste comme un allié potentiel dans la région, en plus de réaliser un objectif antisémite en déplaçant les Juifs hors de Grande-Bretagne, souligne Ben Jamal. Selon lui, les documents historiques montrent que la promesse était en réalité un accord entre Balfour, hostile à la cause juive, et le mouvement sioniste. Le premier ne souhaitait pas la présence des Juifs en Grande-Bretagne, tandis que le second voulait exploiter cette situation pour obtenir un État. Ainsi, cette promesse a vu le jour.
Depuis cette promesse, "Londres a échoué à assumer sa responsabilité historique en soumettant Israël au droit international. Au contraire, la Grande-Bretagne la protège contre toute poursuite judiciaire, ce qui nous a conduits à la situation actuelle", déclare Ben Jamal, qui affirme également que les discours des politiciens britanniques révèlent leur ignorance totale de la gravité de cette question.
Source: Al-Jazeera