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Confédération des États sahéliens: opportunités et défis à surmonter
Les conseils militaires du Niger, du Mali et du Burkina Faso ont officiellement quitté la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) lors du premier sommet des trois pays le samedi dernier en signant un traité établissant une Union confédérale baptisée « Alliance des États du Sahel » pour renforcer la coopération dans divers secteurs.
Les espoirs que ces pays reviennent rapidement à la CEDEAO semblent faibles après cette décision, prise juste avant le sommet de l’organisation à Abuja, où l’annonce de la monnaie unique « Eco » a soulevé des questions sur les cadres exécutifs de la nouvelle confédération, sa viabilité, ses possibilités et les obstacles auxquels elle pourrait être confrontée.
La confédération dans le Sahel
La notion de confédération n’est pas nouvelle en Afrique, avec de nombreux exemples avant et après l’indépendance comme l’Union de la Rhodésie et du Nyassaland, l’Union des États africains et l’Union de la Sénégambie. L’attention se tourne désormais vers l’est de l’Afrique où une transformation de la Communauté d’Afrique de l’Est en une confédération politique est en cours.
La création de la Confédération des États du Sahel a commencé à se dessiner en septembre 2023 après que la CEDEAO a menacé d’intervenir militairement suite au coup d’État au Niger en juillet 2023.
Les avantages, les potentiels et les obstacles
La déclaration de l’Alliance des États du Sahel présidée par le Mali, dans son premier anniversaire, intervient dans un contexte de développements multiples dans la région qui renforcent la coopération entre ces pays, offrant de nombreuses opportunités mais soulevant des interrogations sur les plans exécutif, politique, économique et social.
- Les pressions locales et les menaces régionales favorisent l’alliance des pays du Sahel face à des contraintes extérieures, notamment les menaces d’intervention militaire de la CEDEAO pour rétablir l’ancien président Bazoum.
- La participation à des caractéristiques démographiques et historiques communes renforce l’alliance des trois pays. Ils partagent des défis économiques similaires liés notamment à l’accès à la mer et aux ports ainsi que des secteurs économiques tels que l’agriculture, l’industrie minière et l’élevage.
- La coordination économique similaire et les crises sécuritaires communes dans la région soulignent également les efforts de collaboration pour lutter contre le terrorisme et les conflits sociaux.
Les opportunités
- La Confédération des États du Sahel pourrait constituer une alternative potentielle à la CEDEAO pour d’autres pays en quête de solutions différentes ou évitant les pressions démocratiques.
- En tant qu’entité unifiée, la confédération renforcera la voix de ses membres sur les questions africaines et mondiales, favorisant des positions communes et facilitant la recherche de solutions régionales pour les problèmes de sécurité et de développement.
- La coopération économique accrue permettra d’accélérer la transformation économique et le développement des trois pays en exploitant les avantages d’une collaboration accrue dans les infrastructures, la santé, l’éducation et l’agriculture.
- La confédération pourrait également promouvoir le commerce transfrontalier, la création d’emplois et une utilisation plus efficace des ressources, renforçant ainsi les économies de ses membres.
- Des expériences et des expertises partagées entre les institutions des trois pays pourraient renforcer l’intégration institutionnelle, la solidarité et permettre à chaque État de relever ensemble les défis.
Les défis
- Des questions légales et politiques entourent l’établissement de la confédération par des conseils militaires considérés comme des administrations transitoires, posant des défis sur la durabilité et la transition vers des gouvernements civils.
- L’instabilité des institutions publiques dans un contexte de transition politique pose des défis à l’efficacité de la confédération, nécessitant une pleine activation du cadre gouvernemental fonctionnel pour sa réussite.
- L’insuffisance des ressources, la désertification, la criminalité organisée, les groupes terroristes et les mouvements rebelles persistent en dépit des succès en matière de sécurité, créant des tensions locales et affectant l’instabilité de la confédération.
- Les influences étrangères, les investissements extérieurs et les tentatives de manipulation par des puissances régionales ou internationales mettent en péril la solidité de la confédération et peuvent alimenter des divisions et des désaccords entre ses membres.
- Les liens régionaux restent essentiels pour la confédération en raison de frontières communes avec la CEDEAO et des interactions économiques avec ses voisins.