Comment les talibans gèrent la richesse de l’émeraude à Panjchir
Depuis l’arrivée de la mouvement des talibans au pouvoir en 2021, l’émeraude afghane de haute qualité a conquis une part importante des marchés local et international, rivalisant avec l’émeraude colombienne. Ce précieux minéral est extrait en grande quantité d’Afghanistan, Pakistan, Zambie et Colombie.
Découvertes géologiques et historique de l’émeraude
Au début du XXe siècle, des géologues britanniques, français et américains ont signalé la présence d’émeraudes, surnommées « roi des gemmes vertes », dans les montagnes de la province de Panjchir, au nord de la capitale Kaboul. Dans les années 1970, des géologues afghans et soviétiques ont réussi à localiser des mines d’émeraude dans cette région. Cependant, la découverte des ressources a été entravée par des changements politiques après l’assassinat du président Mohammad Daoud Khan en 1973.
Intervention des talibans dans l’exploitation minière
Après le retrait des troupes soviétiques en 1989, les habitants de Panjchir se sont tournés vers l’extraction de l’émeraude dans les montagnes de l’Hindkouh. En raison d’un manque de réglementation, les mines étaient sous le contrôle de la mafia et des seigneurs de guerre, ce qui entraînait des opérations d’extraction illégales. Selon le porte-parole du ministère des Mines, Hamayoun Afghan, l’émirat islamique a décidé d’encadrer ces activités pour bénéficier à la population locale et offrir des emplois aux jeunes, sous condition de détenir un permis de minage.
Impact sur le marché et revenus de l’État
Depuis la reprise des activités minières dans les mines d’émeraude, environ 60 000 carats ont été vendus, générant plus de 4 millions de dollars au cours des huit premiers mois de l’année. L’État a perçu 10 % d’impôts sur ces ventes, contrairement à la situation antérieure où les émeraudes étaient souvent exportées brute vers le Pakistan, l’Inde et la Thaïlande sans que le gouvernement ne puisse les taxer.
L’héritage historique et les enjeux actuels
Les mines d’émeraudes de Panjchir ont été exploitées par un nombre réduit de familles tout au long de l’histoire, avec des répercussions sur le financement des conflits dans la région. Après le renversement du gouvernement de Najibullah, l’émeraude est devenue un facteur de guerre entre les factions rivales. Certaines familles ont réussi à extrair le gemme et à le vendre sur les marchés européens, notamment en France, tout en profitant des bénéfices pour armer leurs luttes.
Une nouvelle approche et l’avenir de l’exploitation
Les talibans, ayant compris l’importance stratégique de Panjchir, ont nommé un gouverneur local et autorisé les habitants à exploiter les mines en respectant des règlements spécifiques établis par le ministère des Mines. Des enchères ont été organisées pour la vente de l’émeraude extraite, marquant une étape vers la transparence dans ce secteur. De plus, le ministère a délivré 586 licences d’exploitation minière, créant ainsi des emplois pour plus de 15 000 personnes.
Perspectives de marché et qualité de l’émeraude afghane
Le marché mondial de l’émeraude, particulièrement depuis l’entrée des émeraudes de Panjchir en 2017, connaît une évolution significative. Les émeraudes afghanes, plus transparentes et de meilleure qualité, pourraient potentiellement se retrouver en position de leader sur le marché en concurrence avec les principaux producteurs comme la Colombie, le Brésil, la Zambie et les États-Unis.