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Comment interpréter les intentions de Netanyahu
Lorsque l’État d’Entité sioniste a procédé à l’assassinat du chef du bureau politique du Hamas, Ismail Haniyeh, à Téhéran, un jour après l’élimination d’un officiel du Hezbollah, Fouad Choukri, certains analystes et commentateurs sur les réseaux sociaux ont suggéré que cette opération visait à offrir à Netanyahu l’occasion de sortir de l’impasse et d’annoncer une « victoire » dans la guerre, mettant ainsi fin à son engagement dans le conflit à Gaza.
Cependant, une telle interprétation semble erronée. Les assassinats de Choukri puis de Haniyeh indiquent clairement que Netanyahu n’a pas l’intention de cesser la guerre, mais plutôt d’étendre son champ d’action et de transformer le conflit en une guerre entièrement ouverte. Divers éléments corroborent cette analyse, ainsi que plusieurs raisons qui peuvent être déduites de l’analyse de son comportement.
Une guerre régionale imminente
Il est crucial d’être franc en cette période critique. Les informations relatives aux négociations pour mettre fin à la guerre en échange de l’échange de prisonniers ne représentent qu’une illusion. Benjamin Netanyahu n’a aucune intention d’atteindre un accord ; au contraire, son objectif semble être d’élargir le conflit pour en faire une guerre régionale.
Cette réalité est évidente, même si beaucoup de citoyens préfèrent s’accrocher à l’espoir que les pressions des grandes puissances les inciteront à opérer un changement de cap ou que la pression intérieure les poussera à négocier rapidement un échange de prisonniers. Or, les signes que Netanyahu privilégie la poursuite d’une guerre élargie sont multiples et flagrants.
Une escalade de la violence
La réponse de Netanyahu à la déclaration conjointe du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis concernant la reprise des négociations pour mettre fin au conflit, manifestée par le bombardement d’une école dans le quartier Al-Daraj à Gaza, qui a fait plus de cent victimes civiles pendant la prière du matin, illustre son schéma comportemental. A chaque fois que la politique évoque un cessez-le-feu ou la reprise des pourparlers, Netanyahu opte pour des mesures d’une violence accrue envers des civils.
La réalité à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui est que Netanyahu souhaite la guerre, et rien d’autre. Il ne ressent aucune pression réelle sur le front intérieur, car, même s’il fait face à davantage d’opposants, ceux-ci ne manifestent pas effectivement cette opposition dans la rue, contrairement à la droite qui soutient Netanyahu et est prête à tout pour réaliser son agenda.
Une influence américaine en déclin
Concernant les États-Unis, l’administration de Biden, après qu’il a annoncé son retrait de la course électorale, semble moins influente que jamais sur les décisions de Netanyahu. Les jours de Biden à la présidence sont comptés, et les options s’ouvrent pour le choix du futur président, que ce soit Donald Trump ou Kamala Harris.
L’assassinat d’Haniyeh en Iran n’est pas juste un coup porté contre le Hamas mais aussi un message fort envers Téhéran. Cette action ne peut être interprétée comme une tentative de refroidir le front de Gaza ou de revendiquer une victoire. La nature même de l’attaque ne permettra pas à l’Iran de répondre de manière à sembler capituler face à Entité sioniste. Ainsi, une réaction iranienne est inévitable, et Netanyahu anticipe déjà l’opportunité de riposter.
Une provocation délibérée
Dans le même esprit, l’assassinat d’un leader important du Hezbollah forcerait ce dernier à s’impliquer dans le conflit. Ce qui a été évoqué par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans ses déclarations après l’incident, souligne l’impact direct de ces événements sur le champ de bataille.
Je ne prétends pas que Netanyahu ait tendu un piège à l’Iran ou au Hezbollah, mais il semble prêt à aller jusqu’au bout dans cette guerre, en plaçant ces acteurs dans une position où ils seront contraints de réagir. Netanyahu parie sur la capacité d’Entité sioniste à encaisser cette réponse, tout en continuant à contrôler le combat à son avantage.
Les enjeux des élections américaines
La motive clé derrière ces manœuvres semble être les élections américaines. Netanyahu a intensifié ses actions immédiatement après son retour des États-Unis, avec de nombreuses rencontres dont la plus marquante a été son entretien prolongé avec Donald Trump. Il paraît plausible qu’il veuille tirer parti de cette dynamique jusqu’en novembre prochain pour contraindre l’administration Biden à faire face à l’Iran.
Les déploiements militaires américains en mer Rouge et en Méditerranée, ainsi que les déclarations promettant de défendre Entité sioniste contre toute réaction iranienne, en témoignent. Ainsi, l’implication des États-Unis dans ce conflit pourrait affaiblir l’administration actuelle et favoriser Trump en vue des élections.
Un contrôle total par Netanyahu
En parallèle, le désir de Netanyahu de remplacer les chefs de l’armée et du Shin Bet par des alliés proches renforce l’idée qu’il souhaite intensifier le conflit au lieu de le calmer. Historiquement, le Shin Bet a été celui qui a fait preuve de stratégie et de retenue en matière de politique de sécurité palestinienne.
En neutralisant ce service, Netanyahu se donne le champ libre pour agir à sa convenance. Nous pouvons donc nous attendre à ce que ses partisans cherchent à intensifier les tensions à Jérusalem et en Cisjordanie, en particulier avec la commémoration imminente de l’« anniversaire de la destruction du temple », prévu le 13 août prochain.
Vers une escalade inévitable
Les tensions montent également avec la préparation de manifestations importantes autour des murs de Jérusalem et à l’intérieur de la mosquée Al-Aqsa. Si ces factions parviennent à créer des troubles de manière contrôlable, cela permettra à Netanyahu d’élargir le conflit tout en renforçant son soutien parmi les éléments les plus à droite.
En somme, tous ces éléments indiquent de manière indéniable que Netanyahu ne désire pas mettre un terme à cette guerre, mais plutôt l’étendre et entraîner les États-Unis dans une confrontation directe. Certains analystes suggèrent de répondre aux provocations israéliennes par l’indifférence, mais cette position n’est ni réaliste ni sage.
Il est essentiel d’imposer des conséquences sur le terrain, que ce soit à Gaza, à Jérusalem ou au nord, et non de s’appuyer uniquement sur la pression diplomatique.