Petite aide et fête sans sacrifices pour les Syriens pendant l’Aïd
Les Syriens accueillent l’Aïd al-Adha dans les zones contrôlées par le régime cette année, au milieu des conditions de vie et humanitaires les plus difficiles depuis le début de la guerre il y a 13 ans. Les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 87% par rapport à l’année dernière, selon le dernier rapport du Programme Alimentaire Mondial.
Selon Maha Abdul Rahman, vice-gouverneure de la Banque centrale de Syrie, le taux d’inflation a augmenté de 122% depuis le début de l’année jusqu’en avril dernier.
Les chiffres mettent en lumière la souffrance des Syriens à l’approche de l’Aïd al-Adha, avec un pouvoir d’achat limité alors que leurs salaires moyens ne dépassent pas 250 000 livres (15 dollars).
Réflexions des Syriens face à l’Aïd
Majed, ingénieur énergétique de 42 ans travaillant dans le secteur privé et déplacé de Deir ez-Zor à la banlieue de Damas, décrit les fêtes en Syrie comme devenues des moments à passer rapidement avec le moins de pertes et de dettes possibles, soulignant les difficultés économiques rencontrées.
Il confie à Al Jazeera : « Je n’ai pas sacrifié depuis l’Aïd de 2010, et c’est une douleur dans mon cœur. Le sacrifice, dans nos coutumes à Deir ez-Zor, est un rituel important à la fois religieux et moral. En plus du sacrifice, je suis incapable même de couvrir le coût de nouveaux vêtements pour mes trois enfants. »
Impact des hausses de prix sur les célébrations
Beaucoup de Syriens renoncent à sacrifier des animaux cette année en raison de l’augmentation des prix et de leur inadéquation avec leurs revenus mensuels. Certains choisissent d’acheter de petites quantités de viande pour les distribuer en charité aux nécessiteux.
Les prix de la viande d’ovins et de bovins atteignent des niveaux sans précédent dans les marchés de Damas et de sa banlieue, rendant l’achat d’animaux sacrificiels onéreux pour de nombreux citoyens.
Les fruits estivaux ont également subi une hausse des prix significative, rendant l’approvisionnement en produits alimentaires de base plus difficile pour une grande partie de la population.
Contraintes économiques et aides insuffisantes
Les prix des vêtements, des fruits, des sucreries et d’autres produits associés à l’Aïd ont également augmenté par rapport à l’année précédente, mettant à mal les budgets des familles syriennes.
Alors que certains Syriens comptent sur des envois d’argent de leurs proches à l’étranger pour subvenir à leurs besoins pendant les célébrations, d’autres luttent pour répondre aux exigences financières de la période festive.
Face à des salaires et allocations insuffisants, de nombreux Syriens se voient contraints de se tourner vers des solutions alternatives pour célébrer l’Aïd de manière digne.
Réactions contrastées autour des subventions
Sur les réseaux sociaux, les opinions divergent quant à la valeur des subventions accordées aux retraités et aux employés du secteur public en cette période festive. Certains s’en réjouissent, tandis que d’autres expriment leur frustration face à une inflation croissante et des prix en hausse.
La situation économique précaire en Syrie a conduit à une augmentation du taux de pauvreté, touchant environ 90% de la population depuis 2021, avec près de 12,9 millions de personnes souffrant d’insécurité alimentaire, selon des rapports des Nations Unies.