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Les exportations d’huile d’olive, un trésor financier pour la Tunisie face aux défis économiques
La Tunisie profite d’une augmentation significative des exportations d’huile d’olive pour stabiliser sa situation financière et apaiser les investisseurs en obligations, alors que le pays mène des négociations ardues avec le Fonds monétaire international (FMI).
Selon Bloomberg, cette évolution intervient à un moment critique pour la Tunisie, qui fait face à des défis économiques et cherche à obtenir une aide internationale.
Augmentation des revenus et impacts
Réputée pour ses vastes plantations d’oliviers, la Tunisie a enregistré des revenus d’exportation d’huile d’olive d’environ 3,4 milliards de dinars (1,1 milliard de dollars) au cours du premier semestre de l’année d’exportation 2023/2024 (du 1er novembre 2023 au 30 avril).
Cette performance exceptionnelle a surpassé les revenus du tourisme et ceux des industries clés du phosphate et des engrais pour la même période, selon Bloomberg.
La forte augmentation des exportations d’huile d’olive a largement contribué à réduire le déficit du compte courant en Tunisie. L’année dernière, le déficit a diminué à 2,5% du produit intérieur brut (PIB), le niveau le plus bas depuis près de deux décennies, contre près de 9% en 2022, selon les estimations du FMI.
Alexandre Arrobbio, directeur du bureau de la Banque mondiale en Tunisie, a souligné la résilience de l’économie tunisienne, mentionnant l’augmentation des exportations dans les secteurs des textiles, des machines et de l’huile d’olive, ainsi que des revenus croissants du tourisme.
Dettes et défis financiers
Malgré les gains inattendus de l’huile d’olive, la Tunisie fait face à de sérieuses difficultés financières, nécessitant environ 8 milliards de dollars cette année pour honorer ses engagements extérieurs, selon Bloomberg.
Les discussions avec le FMI pour un plan de sauvetage de 1,9 milliard de dollars sont au point mort depuis plus d’un an et demi. En réponse, la Tunisie a eu recours à sa banque centrale pour financer directement son budget et rembourser ses dettes, une stratégie approuvée par le président Kaïs Saïed mais critiquée pour l’épuisement des réserves de devises.
Au début de l’année, les obligations tunisiennes étaient échangées en zone de détresse, et le pays était classé parmi les économies émergentes les plus vulnérables aux risques de dettes par Bloomberg Economics.
Dynamique de l’industrie de l’huile d’olive
L’industrie tunisienne de l’huile d’olive a prospéré malgré les défis mondiaux, y compris la grande sécheresse en Espagne, qui a fait grimper les prix à des niveaux record.
Les volumes d’exportation d’huile d’olive tunisienne ont augmenté d’environ 12% annuellement au cours des six mois jusqu’en avril, avec une hausse des prix de plus de 70% en moyenne.
- Le secteur de l’huile d’olive emploie plus d’un million de personnes.
- Il contribue à environ un tiers de la production agricole de la Tunisie.
- Représente 40% des exportations agricoles du pays.
- La superficie cultivée a augmenté d’un tiers depuis 2002, aidant la Tunisie à atténuer les effets du changement climatique et de la sécheresse.
Perspectives et risques futurs
Bien que le boom de l’huile d’olive ait stimulé l’économie tunisienne, le pays continue de faire face à d’importants obstacles financiers.
Environ 90% de l’huile d’olive tunisienne est exportée en vrac, ce qui réduit les profits potentiels.
On prévoit que le compte courant enregistrera un déficit annuel d’environ deux milliards de dollars dans les années à venir, avec des réserves de devises suffisantes pour couvrir seulement 109 jours d’importations.