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Impact de la guerre sur l’industrie au Soudan
Les installations industrielles au Soudan ont commencé à migrer de la capitale, Khartoum, vers des états plus sûrs après avoir été touchées par les flammes de la guerre à des degrés variables, avec 90% d’entre elles endommagées, selon les estimations officielles.
Le Soudan dépend désormais des importations pour ses besoins, ce qui exerce une pression sur les réserves de devises de l’État et contribue à la dépréciation de la monnaie nationale (la livre).
Un pilier économique
Malgré son déclin ces dernières années pour diverses raisons, le secteur industriel au Soudan reste un pilier de l’économie nationale. Les industries du ciment, du fer et de l’acier, des équipements agricoles, de la raffinerie du pétrole, de l’assemblage automobile, de la production d’éthanol, et des médicaments en sont parmi les plus importants.
Ces industries s’ajoutent aux industries de transformation basées sur les produits agricoles, y compris l’industrie textile, du sucre, des huiles alimentaires, de la viande, du cuir, des denrées alimentaires et de l’emballage.
Avant le début de la guerre en avril 2023, le ministère de l’Industrie avait indiqué, lors d’un forum sur l’industrie et ses défis, que cette dernière contribuait à hauteur de 17% au PIB du Soudan, aux côtés de l’agriculture (32%) et des services (51%), selon la Banque centrale du Soudan.
Le ministère avait admis que 40% des usines du pays s’étaient arrêtées, soit 2655 sur un total de 6660, en raison du manque de financement, de l’augmentation des coûts opérationnels, de la crise énergétique, des multiples frais imposés par les autorités locales, de l’afflux de produits importés depuis les pays du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) à des prix plus bas que ceux fabriqués localement.
Impact désastreux
Un rapport officiel consulté par Al Jazeera Net a révélé que 90% du secteur industriel avait été touché par les ravages de la guerre, le pillage des forces de soutien rapide, affectant 3493 installations industrielles, qu’elles soient de taille moyenne ou grande, dans l’État de Khartoum, ainsi que dans les États du Kordofan du Sud et du Nil Supérieur, employant plus de 250 000 travailleurs.
Le rapport souligne que les conséquences pour le secteur industriel se traduisent par le déplacement de la main-d’œuvre, la perte de revenus des familles, en plus des impacts négatifs sur l’économie dus à l’arrêt de la production de produits ayant un impact économique et social, en particulier les biens essentiels, les médicaments et les produits alimentaires.
En mai dernier, l’agence de presse officielle soudanaise a cité le secrétaire général de l’Union arabe pour le développement des exportations au sein de la Ligue des États arabes, Abdel Monem Mahmoud Mahmoud, estimant que les pertes du secteur industriel au Soudan en raison de la guerre étaient d’environ 20 milliards de dollars. Les banques soudanaises ne disposant pas de capacités pour reconstruire le secteur, selon lui.
Planification et Obstacles
Le secteur industriel est confronté à d’importants défis dans les prochains jours, notamment en termes de financement, de migration de la main-d’œuvre qualifiée à l’étranger, et de problèmes d’infrastructure et d’électricité dans les États.
Les solutions proposées incluent une planification adéquate, des partenariats étrangers, un financement externe sur le long terme, un soutien technique avec l’expertise étrangère, et l’apprentissage des expériences d’autres pays comme la Chine, la Turquie et la Malaisie.
Les experts insistent sur la nécessité de créer des zones industrielles attractives pour les investisseurs, en fournissant des services tels que l’électricité, l’eau, les routes, et les communications, en réduisant les taxes sur les biens dans les états pour ne pas affecter le prix du produit final et stimuler sa compétitivité.