Le Renouveau de la Culture du Tabac Blond en France
Le tabac blond, spécifiquement le type connu sous le nom de Virginie, s’épanouit en France malgré un climat qui n’évoque pas les tropiques. Grâce à des conditions climatiques favorables, avec des chaleurs intenses et de bonnes pluies, cette culture est pratiquée depuis de nombreuses années dans l’Hexagone.
Une Rentabilité Retrouvée Post-Covid
Avant 2020, la culture du tabac blond faisait face à des prix d’achat insuffisants, rendant les investissements nécessaires peu attractifs. Cependant, après la pandémie de Covid-19 et la montée en popularité des bars à chicha, ce secteur a retrouvé une nouvelle dynamique. Aujourd’hui, de nombreux agriculteurs réussissent à diversifier leurs revenus grâce à cette culture.
Thierry Bonnet, directeur technique et commercial de la Coopérative tabac feuilles de France (CT2F), explique que le prix d’achat du tabac blond a augmenté de plus de 30 % depuis 2020. Avant cette hausse, ces exploitations étaient en déclin, perdant près de 200 hectares chaque année.
Une Coopérative au Cœur de la Production
La CT2F, établie à Schiltigheim, à proximité de Strasbourg, joue un rôle central dans la production de tabac blond. Elle collecte toute la production de tabac blond, allant de Poitiers jusqu’au nord et à l’est de la France, soit environ 1.600 tonnes négociées avec des acheteurs, principalement des entreprises allemandes qui transforment le tabac en Croatie ou en Italie pour la chicha.
Actuellement, le prix moyen du kilo de tabac blond avoisine les 6 euros. Cependant, Thierry Bonnet met en garde contre la hausse des coûts liés à l’énergie, notamment la facture de gaz utilisée pour sécher les feuilles, dont le prix a considérablement augmenté suite à la guerre en Ukraine. Les agriculteurs doivent aussi faire face aux défis de trouver du personnel saisonnier pendant la période de récolte.
Tradition et Innovation en Alsace
La culture de tabac blond a des racines historiques en Alsace. Thierry Bonnet souligne que tous les agriculteurs de la région ont cultivé ce tabac à un moment de leur vie. Matthieu Litt, agriculteur à Duntzenheim dans le Bas-Rhin, fait partie d’une lignée de producteurs sur dix hectares. Son voisin, Denis Schaeffer, consacre également une superficie équivalente à cette culture. Ensemble, ils mutualisent leurs ressources pour optimiser leur production et réduire les coûts.
Durant la période de récolte, qui s’étend de fin juillet à mi-octobre, la récolte se déroule dans une ambiance dynamique. Les feuilles fraîchement coupées sont soigneusement transportées vers des fours géants où elles seront séchées durant huit jours, suivies par une phase de tri et d’emballage.
Un Choix Stratégique pour Diversifier les Cultures
Bien que Matthieu Litt et Denis Schaeffer cultivent également des céréales et des légumes, le tabac blond s’avère être une culture lucrative, stable et moins soumise aux fluctuations du marché. Matthieu Litt déclare que le tabac représente un quart de leur surface cultivée, mais génère environ trois quarts de leur chiffre d’affaires. Ce choix stratégique leur permet de diversifier leurs activités et de minimiser les pertes dues aux intempéries ou à la sécheresse.
Les agriculteurs soulignent qu’il existe une demande constante pour le marché de la chicha, assurant ainsi des débouchés sans restriction. Ils sont confiants quant à l’avenir de la culture du tabac blond en France, preuve du renouveau de cette tradition locale.