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Le surpoids fonctionnel alourdit l’économie irakienne
Avec l’augmentation du nombre d’employés dans le secteur public, qui a atteint près de 4 millions, l’Irak se trouve confronté à des défis économiques nécessitant une gestion rigoureuse de ses ressources financières. Les ministères souffrent d’un surpoids fonctionnel qui entrave les opérations de production, pèse lourdement sur le trésor public et dilapide plus de la moitié de celui-ci. De plus, les institutions gouvernementales industrielles et commerciales ne génèrent pas suffisamment de revenus pour couvrir ne serait-ce que les salaires de leurs employés.
Salaires imminents de 47 milliards de dollars
Selon Moudhir Mohammed Saleh, conseiller financier du Premier ministre, le budget opérationnel, qui inclut les salaires des employés, des retraités, l’aide sociale et la ration alimentaire, représente actuellement environ 65 % du budget général. Cela coûte annuellement au trésor public 62 trillions de dinars irakiens, soit environ 47 milliards et 334 mille dollars.
Saleh a souligné que « la structure des revenus individuels de l’Irak, créée depuis les années 1950, a été fondée sur un système d’emplois publics étendu ». Il a ajouté que « l’État irakien est l’héritier d’un système gratuit dans de nombreux secteurs, y compris l’éducation, la santé et les biens publics ». Actuellement, le nombre de fonctionnaires en Irak tourne autour de 4 millions, avec un salaire moyen supérieur au revenu moyen par habitant dans le PIB du pays.
La population et l’emploi
Saleh a également précisé que cette situation a deux aspects positifs. D’une part, une part importante des revenus pétroliers revient relativement équitablement à la population irakienne ; d’autre part, chaque fonctionnaire public prend soin de cinq personnes via le système de soutien, ce qui signifie que plus de 23 millions d’Irakiens dépendent de ces salaires pour subvenir à leurs besoins quotidiens.
Il a insisté sur le fait que « les revenus pétroliers représentent des actifs financiers qui doivent être investis correctement ». Il a toutefois noté que l’État fait face à des pressions et que beaucoup de lois obligent le recrutement dans divers domaines, comme la santé et les forces armées. Adapter cette réalité sera long et difficile.
Mesures gouvernementales en réponse aux défis
Saleh a évoqué que des efforts sont en cours pour réformer le système de retraite des travailleurs et proposer un fonds de retraite pour le secteur privé en partenariat avec plusieurs organisations internationales, y compris le banque mondiale. Cela a été promulgué par le Parlement en mai de l’année précédente, mais nécessite une mise en œuvre effective.
Une autre voie adoptée par le gouvernement est de forger une collaboration durable et interactive avec le secteur privé, illustrée par le programme intitulé « La voie du développement », qui consiste à construire des villes industrielles et économiques. Cette stratégie vise à générer des opportunités d’emploi importantes dans le pays.
Impact des salaires sur la balance budgétaire
Le consultant économique Ala Al-Fahd a indiqué que les salaires des employés ont un impact mensuel sur le trésor public d’environ 7 trillions de dinars (environ 5 milliards et 344 mille dollars). Cette somme est excessive par rapport à la productivité locale.
Il a ajouté que le gouvernement espère dynamiser l’économie pour absorber le chômage, soulignant que son rôle se limiterait à créer des opportunités pour les chômeurs, ce qui soutiendrait le secteur privé et des projets d’investissement pouvant intégrer un nombre important de nouveaux entrants sur le marché du travail.
Problèmes d’emploi dû aux nouvelles recrues
Ala Al-Fahd a noté que le système administratif ne peut pas accueillir le nombre élevé de diplômés, particulièrement dans les spécialités que l’État ne peut intégrer. Des initiatives existent pour promouvoir le secteur privé, en offrant des prêts aux petites et moyennes entreprises pour créer de nouvelles opportunités d’emploi.
Il a également mentionné que la Banque mondiale aide le gouvernement à redéfinir sa stratégie de dépenses publiques et de salaires, qui est souvent jugée défavorable pour l’économie en raison du poids des salaires comparé à la productivité locale.
Les récentes nominations aggravent la situation
Le président de la Commission des finances du parlement irakien, Attawan Al-Ataouni, a affirmé que les salaires des employés augmentent le fardeau sur le budget national. Les nominations du gouvernement en 2023 auraient contribué à une hausse des dépenses opérationnelles d’environ 8 trillions de dinars par mois (près de 6 milliards et 107 millions de dollars).
Al-Ataouni a souligné l’importance de dynamiser le secteur privé pour réduire la dépendance à l’égard du secteur public, notant que le manque d’opportunités dans le milieu privé oblige les citoyens à se tourner vers l’employeur public.
Il a également mentionné la nécessité d’appliquer des tarifs douaniers qui donneraient une priorité au produit local sur les importations.