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Le Fatalisme en France : Une Vision Irréversible des Retraites
Selon l’étude Fractures françaises publiée par la fondation Jean-Jaurès en octobre 2023, un Français sur trois perçoit le déclin de son pays comme inéluctable. Ce constat n’est pas surprenant, surtout dans une société où, déjà en juillet 1993, l’ancien président François Mitterrand affirmait que « dans la lutte contre le chômage, on a tout essayé ». L’idée que les politiques n’ont pas d’influence sur la réalité s’est propagée, paralysant ainsi l’action publique. Pourtant, à quelques kilomètres, des nations résistent encore et toujours aux maux du fatalisme.
Une Volonté Politique Indispensable
Avant d’éventuelles réformes, il est essentiel de dresser un diagnostic clair et de développer une vision à long terme. Des pays comme l’Italie, la Suède ou le Canada ont su profiter des crises pour mettre en œuvre des réformes significatives, transformant leur situation précaire en modèle de réussite. La volonté politique doit primer, malgré la bureaucratie et l’influence des lobbys qui pensent que tout changement est impossible. Le nouveau gouvernement de Michel Barnier, avec ses promesses de « simplification », de « partenariat avec les territoires » et de « réussite scolaire », se doit d’observer ce qui fonctionne ailleurs.
Les Défis du Système des Retraites en France
La réforme des retraites récemment adoptée, qui fixe l’âge de départ à 64 ans, apparaît déjà obsolète. Selon les dernières prévisions du Conseil d’orientation des retraites, le système français par répartition présente un déficit structurel. Ce problème récurrent alimente depuis des décennies le feuilleton politique en France, faisant et défaisant les ministres. À l’inverse, la Suède semble avoir échappé à cette spirale mortifère depuis plus de trente ans.
Une Réforme Inspirante : Le Modèle Suédois
Pour sortir de l’impasse, la Suède a connu une crise majeure le 16 septembre 1992, marquée par une crise financière sans précédent. En réponse, la Banque centrale a été contrainte d’augmenter ses taux d’intérêt à des niveaux vertigineux. Dans un contexte de crises immobilières et bancaires, Stockholm a décidé de réformer en profondeur son modèle de protection sociale, en remplaçant le traditionnel système de répartition par un régime à deux étages combinant un système universel avec une capitalisation obligatoire.
Un Système de Retraite Réformé
Ce nouveau modèle suédois rappelle quelque peu les ambitions de l’ancien président Emmanuel Macron, qui avait promis une réforme des retraites en 2017. Cependant, ce projet s’est transformé en un casse-tête technocratique et a été abandonné durant la pandémie de Covid. La différence clé réside dans le fait que la Suède a opté pour un régime de compte notionnel au lieu d’un système à points. Ainsi, les pensions s’ajustent selon l’évolution de l’espérance de vie, garantissant ainsi la viabilité financière du système.
Un Consensus Long à Établir
Il est erroné de croire que la transition vers un régime universel en Suède s’est faite sans heurts. Bien qu’un accord politique initial ait été obtenu rapidement, la recherche d’un consensus sur des milliers de détails a nécessité près d’une décennie de discussions entre parlementaires et partenaires sociaux. Finalement, en 1998, la réforme a été adoptée et les premières pensions du nouveau régime ont été versées en 2001, presque dix ans après la crise financière.
Kristoffer Lundberg, directeur général au sein du ministère suédois de la Santé, note que sans ce contexte de crise, la Suède n’aurait probablement pas entrepris ce grand bouleversement. Cela soulève la question : faut-il attendre que des crises similaires poussent la France à suivre une voie réformatrice semblable ?