Sommaire
La Cumbre de la G20 au Brésil : enjeux et tensions géopolitiques
Les puissances économiques majeures du monde se réunissent aujourd’hui et demain, à Rio de Janeiro, pour la tenue de la Cumbre de la G20, alors que les conflits au Moyen-Orient et en Ukraine s’intensifient. Cette rencontre est marquée par l’attente du retour du président américain élu, Donald Trump, à la Maison Blanche et par la montée des inquiétudes concernant l’escalade des guerres commerciales.
Le rassemblement des dirigeants de ces nations, prévu au musée d’art moderne de Rio de Janeiro, représente un test pour le président brésilien de gauche, Luiz Inácio Lula da Silva, qualifié de « partenaire privilégié » des pays occidentaux.
Questions essentielles
Sous le slogan « Un monde juste et une planète durable », la gouvernement brésilien, qui préside cette cumbre, a identifié trois priorités:
- La lutte contre la faim, la pauvreté et l’inégalité.
- Les trois dimensions du développement durable (économique, social et environnemental).
- La réforme de la gouvernance mondiale, en particulier des Nations Unies et du Conseil de sécurité international.
José Gomes Hatta, chercheur en relations internationales à l’Université fédérale de Rio de Janeiro, souligne que bien que le G20 semble se concentrer sur des enjeux économiques et financiers, aucune question n’est isolée des autres dans le contexte actuel de conflits internationaux.
Il ajoute que face aux conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, ainsi qu’aux coups d’État en Afrique, il est indéniable que les questions de gouvernance mondiale, liées à l’autorité du Conseil de sécurité, seront au cœur des discussions, accompagnées des débats croissants sur le changement climatique et les réformes du système financier international.
L’agenda Trump
Hatta précise que cette cumbre peut également contribuer, sous la pression des mouvements sociaux, au respect du droit international humanitaire concernant la question palestinienne. Il est essentiel que les convois humanitaires puissent circuler en toute sécurité et que les journalistes aient accès aux zones de conflit, ce qui renforcerait la transparence et réduirait les violations des droits des Palestiniens.
Adriana Gomes Santos, analyste en politiques internationales à l’Université fédérale de Roraima, avertit que l’agenda de Trump pourrait accroître la pauvreté par le biais de l’expulsion des réfugiés et l’imposition de frais supplémentaires sur les importations, tout en annulant les mesures pour prévenir une catastrophe climatique.
Elle remarque également que le gouvernement brésilien est très intéressé par les négociations relatives au financement climatique, où les pays riches fournissent des ressources aux pays en développement pour la préservation des forêts et d’autres mesures similaires.
Santos explique que le Brésil souhaite tirer parti de la présence des présidents américain Joe Biden et chinois Xi Jinping au sein du G20 pour ouvrir des discussions dans la capitale azerbaïdjanaise, Bakou.
Défis à relever
De plus, le président brésilien Lula da Silva promeut le concept de « Sud global », visant à créer un bloc solidaire face à la polarisation internationale. Cependant, des questions demeurent quant à la réussite de cette initiative.
Santos souligne que Lula cherche à exploiter le conflit entre les États-Unis et la Chine afin de vendre les ressources minérales du Brésil et d’améliorer les prix de ses productions agricoles. Ce qui explique pourquoi son pays négocie son adhésion à l’initiative de la Nouvelle route de la soie.
Pourtant, cette stratégie pourrait avoir un impact limité sur la majorité de la population, qui souffre de l’inflation des prix alimentaires causée par l’augmentation des prix internationaux et la destruction des forêts, en grande partie imputables à ces activités économiques.
Hatta indique que le premier défi de ce concept réside dans la légitimité du G20 et la possibilité de transformer ces idées en programmes gouvernementaux. Le second défi est lié aux relations bilatérales au détriment des relations multilatérales.