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Iran : le président Bzeshkian à la pointe de BRICS en Russie
Pour la première fois depuis l’adhésion officielle de l’Iran au groupe BRICS au début de l’année, le président iranien Masoud Bzeshkian participe aux activités du sommet qui se tient à Kazan, en Russie, et qui est la 16e édition de cet événement sous le thème « Renforcer la pluralité pour un développement et une sécurité mondiaux équitables ».
Bzeshkian est à la tête d’une délégation iranienne de haut niveau, incluant le ministre de l’Économie Abdolnasser Hemmati, le ministre du Pétrole Mohsen Paknejad, le chef de cabinet de la présidence Mohsen Hajimirzaei, et l’assistant aux affaires politiques Mohammad Mahdi Sanaei, avec l’arrivée prévue du ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi.
L’Iran a officiellement rejoint le groupe BRICS en août 2023.
Les attentes de la participation iranienne
Selon le conseiller politique au bureau de la présidence iranienne, Mohammad Mahdi Sanaei, le programme de Bzeshkian comprend trois discours lors des réunions du BRICS, ainsi que des rencontres bilatérales avec les dirigeants de la Russie, de la Chine, de l’Inde, de l’Égypte et d’autres chefs d’État pour discuter de l’amélioration des relations bilatérales.
Dans un post sur la plateforme X, Sanaei a déclaré que « compte tenu des circonstances critiques que traverse la région, la participation au sommet du BRICS revêt une grande importance pour expliquer les positions mondiales et promouvoir la diplomatie régionale ».
Agenda et contexte économique
Le chercheur en économie politique iranienne, Payman Yazdani, affirme que le sommet de Kazan 2024 prend une dimension politique au milieu des aspirations économiques du bloc. Il souligne que ce sommet se déroule à un moment délicat, en raison des tensions croissantes au Moyen-Orient, en Europe de l’Est et en Asie de l’Est.
Yazdani ajoute que les dirigeants du BRICS doivent prendre des décisions économiques pour contrer les politiques occidentales qui utilisent leurs institutions financières comme outils de pression sur les puissances orientales et les membres du bloc. Il est impératif, selon lui, que Bzeshkian aborde avec ses homologues la nécessité de mettre fin au conflit croissant au Moyen-Orient, car le développement économique ne peut émerger des canons.
Coopération et développement durable
Yazdani considère que les pays du BRICS, qui abritent près de la moitié de la population mondiale, représentent un marché immense à exploiter pour renforcer la coopération entre Téhéran et les autres membres. Il s’attend à ce que le président iranien discute lors de ses réunions bilatérales de l’implémentation des accords déjà signés et de l’amélioration des relations économiques.
Il souligne également que l’Iran est l’un des plus grands pays touchés par les sanctions américaines et les pressions européennes, qui cherchent à l’exclure des systèmes mondiaux d’échanges financiers, notamment le système SWIFT. Téhéran travaille depuis des années à réduire sa dépendance au dollar dans ses échanges commerciaux.
Vers un monde multipolaire
Yazdani conclut que l’adhésion complète au BRICS est d’une importance capitale pour l’Iran dans ses tentatives politiques de promouvoir un monde multipolaire, alors que ce bloc est le deuxième plus grand groupe économique après les pays du G7. Téhéran voit dans les économies émergentes du BRICS une opportunité précieuse pour renforcer son économie nationale.
Une alternative financière au dollar
Le chercheur économique Ali Mohammadi souligne que le mouvement du BRICS vers la création d’un système unifié de transferts financiers, BRICS Pay, basé sur la technologie blockchain, est une étape concrète pour se passer du dollar dans les transactions et réduire l’influence des institutions financières occidentales, notamment le système SWIFT, sous domination américaine.
Dans une interview, il prédit que l’Iran fera tout son possible pour développer le système de transferts du BRICS et diminuer le pouvoir du dollar, longtemps utilisé par Washington comme une arme économique contre les États souverains.
Les perspectives d’une nouvelle économie mondiale
Il cite des estimations économiques internationales selon lesquelles quatre pays du BRICS, à savoir la Chine, l’Inde, la Russie et le Brésil, figureront parmi les dix plus grandes économies d’ici 2050. Mohammadi prévoit que les États-Unis ne seront plus en tête des économies mondiales, se plaçant plutôt au troisième rang.
Il ajoute que la Banque de développement du BRICS pourrait remplacer le Fonds monétaire international, souvent utilisé par les pays occidentaux pour exercer leur influence sur d’autres nations.
Rupture de l’hégémonie
Il observe que le monde se dirige vers une multipolarité, où le dollar américain pourrait perdre de sa valeur, bien que cela ne se produira pas du jour au lendemain. Le lancement d’un système de paiement alternatif au réseau SWIFT et d’une banque pour les membres du BRICS, ainsi que le développement d’une monnaie unique ou l’extension des paiements en devises nationales, pourrait accélérer la dé-dollargisation.
Mohammadi souligne l’importance de l’intégration des systèmes de transfert financier électronique entre l’Iran et la Russie au cours des dernières années, et la nécessité d’appliquer cette expérience pour réduire la dépendance à la devise américaine parmi tous les membres du BRICS, afin de briser l’hégémonie américaine.