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Échec de Poutine à convaincre les BRICS sur un système alternatif
Lors du récent sommet des BRICS à Kazan, le président russe Vladimir Poutine a tenté de promouvoir un système de paiements international alternatif à SWIFT afin de réduire la domination du dollar. Cependant, son initiative n’a pas suscité un grand intérêt parmi les pays participants, notamment la Chine, l’Inde et l’Iran, qui ont montré un intérêt limité pour ce projet.
Un nouveau cadre de paiements
Selon les analystes Charles Clover et Daria Musolova, dans un rapport publié par le quotidien Financial Times, Poutine a présenté un nouveau cadre de paiements internationaux aux dirigeants mondiaux, mettant en avant son défi face aux sanctions occidentales et à la domination du système financier américain. Il a accusé les puissances occidentales d’utiliser le dollar comme une arme, affirmant que les sanctions imposées à la Russie depuis son invasion de l’Ukraine érodent la confiance dans cette monnaie.
Un système de paiements alternatif
Le sujet principal à l’ordre du jour du sommet, qui a rassemblé des leaders de la Chine, de l’Inde, de l’Iran et d’autres pays, était l’initiative russe visant à contourner le dollar américain en créant un nouveau système de paiements appelé « Pont des BRICS ».
Des efforts pour briser la domination du dollar
Les auteurs soulignent que les sanctions financières imposées à la Russie après son invasion de l’Ukraine en 2022 ont considérablement diminué ses échanges extérieurs et ses transactions financières internationales, ce qui a renforcé sa volonté de promouvoir cette initiative comme une alternative à SWIFT, le système de messagerie utilisé pour traiter des trillions de dollars de paiements bancaires dans le monde.
D’autres pays membres des BRICS, tels que la Chine et l’Iran, partagent également des préoccupations similaires face à la domination financière occidentale et ont régulièrement cherché des alternatives.
Réactions mitigées des BRICS
Selon Chen Qi, expert en gouvernance mondiale à l’Université Tsinghua de Pékin, les pays non occidentaux, notamment la Chine, la Russie, l’Inde et même l’Arabie Saoudite, craignent d’être un jour exclus de SWIFT par les États-Unis. Il estime que la mise en place d’un système alternatif serait accueillie favorablement par ces pays, même si le consensus sur les détails reste difficile.
Une initiative controversée
La réunion des BRICS l’année dernière en Afrique du Sud a introduit une proposition pour une monnaie unifiée, et un prototype de billets a été présenté récemment à la télévision russe. Cependant, le succès de cette initiative est encore incertain.
Un manque d’engagement
Selon Alexandra Prokopenko du Carnegie Endowment for International Peace à Berlin, le Kremlin cherche à établir une infrastructure financière mondiale alternative, mais le nouveau système de paiements n’a pas reçu l’enthousiasme escompté et n’a pas été traduit en actions concrètes. Récemment, les ministres des Finances de la Chine, de l’Inde et d’Afrique du Sud ont boudé une réunion sur cette question, démontrant leur désintérêt.
Les sanctions américaines comme obstacle
Les États-Unis ont clairement averti les autres pays que traiter avec la Russie pourrait entraîner des sanctions financières, ce qui complique les efforts du Kremlin pour établir un réseau de paiements anti-sanctions. Ce contexte a été particulièrement évident depuis décembre dernier, lorsque les États-Unis ont menacé d’imposer des sanctions secondaires sur les entités qui financent l’effort de guerre russe.
En conséquence, des banques dans des pays comme la Turquie et la Chine ont réduit leurs transactions avec des entreprises russes, entraînant une révision à la baisse des prévisions d’importation de la Russie pour 2024.
Perspectives à long terme
Bien que de nombreux experts jugent l’initiative russe peu réalisable, les responsables des banques centrales ont signalé qu’ils prenaient la proposition au sérieux, en raison des risques qu’elle pourrait poser à long terme. Plus de 80 % du commerce transfrontalier de la Russie utilise désormais des monnaies non occidentales, une augmentation de 20 % depuis le début de la guerre en Ukraine.
Des dispositifs comme le « Pont des BRICS » pourraient s’avérer utiles pour la Chine, la Russie et d’autres nations à long terme, permettant de contourner la domination occidentale, bien que l’adoption de cette initiative financière reste encore difficile.