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Crise électrique : avenir en Syrie, Liban et Irak

par Marie
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Crise électrique : avenir en Syrie, Liban et Irak

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<h2>Crise électrique : avenir en Syrie, Liban et Irak</h2>
<p>Des indicateurs récents sur la situation énergétique de trois pays arabes – la Syrie, l’Irak et le Liban – montrent une baisse record de la production d’électricité. Cela a poussé de larges segments de la population à utiliser des générateurs d’énergie alternatifs, désormais omniprésents dans les rues et quartiers des villes où l’électricité publique est souvent coupée jusqu’à 20 heures par jour.</p>
<p>Les analystes attribuent cette crise à des décennies de guerres et de troubles politiques, qui ont plongé leurs économies fragiles dans l’abîme, renforçant le mal politique et administratif déjà présent. Une oligarchie compétitive cherchant à gagner influence et profit, ainsi qu’une mauvaise gestion gouvernementale, sont également en cause.</p>
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<h2>Syrie en tête</h2>
<p>Au cœur de la capitale syrienne, Damas, des dizaines de générateurs électriques fonctionnant au diesel et à l’essence illuminent les magasins de vêtements et les producteurs alimentaires dans des marchés actifs jusqu’à tard dans la nuit.</p>
<p>Cela se répète dans d’autres zones comme « Mazza et Kafr Sousse » à l’ouest de la capitale, où les immeubles résidentiels modernes brillent d’une lumière tamisée. La plupart des habitants dépendent aujourd’hui de petits générateurs ou de générateurs centraux, décrits comme « électricité d’ampère », pour pallier le manque criant de l’électricité publique, souvent soumise à des coupures programmées qui perturbent leur vie.</p>
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<li>La production actuelle des centrales électriques ne dépasse pas 1800 mégawatts en raison de la baisse des importations de gaz et de fuel.</li>
<li>Les importations de fuel ont chuté de 15 000 tonnes à 1 200 tonnes.</li>
<li>Les importations de gaz sont passées de 20 millions de mètres cubes à 8 millions de mètres cubes par jour.</li>
<li>La demande en électricité est estimée à environ 7 500 mégawatts par le ministère de l’Électricité.</li>
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<p>La Syrie est confrontée à une pénurie aiguë de carburant depuis que les forces démocratiques syriennes ont pris le contrôle des principaux champs pétroliers dans les régions de Deir Ezzor et d’Al-Hasakah au nord-est du pays. Bien que Damas importe du pétrole brut de l’Iran, son principal allié, Téhéran a récemment réduit ses approvisionnements tout en augmentant le prix du baril, exigeant un paiement en espèces en raison des pressions économiques liées aux sanctions occidentales.</p>
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<h2>Propagation des générateurs comme solution alternative</h2>
<p>Ali, un entrepreneur dans le commerce et la construction, investit dans des générateurs centraux de puissance moyenne alimentant plusieurs immeubles au sud de Damas. Il affirme que cet investissement est bien plus rentable que d’autres en raison de la demande croissante en électricité privée et du bon rendement financier.</p>
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<li>Ali obtient régulièrement du diesel par des canaux non officiels liés aux institutions du régime.</li>
<li>Le coût de cette opération est élevé.</li>
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<p>Il observe que le commerce des ampères, géré par des réseaux locaux influents, se développe rapidement après que le ministère de l’Électricité a autorisé des projets de production d’électricité privés traditionnels, suivant une loi promulguée par le président Bachar al-Assad fin 2022.</p>
<p>Le secteur des générateurs en Syrie manque de statistiques officielles montrant sa véritable ampleur et son rôle économique. Toutefois, des rapports indépendants le décrivent comme prospère, opérant en marge de l’économie officielle.</p>
<p>Selon Ihsan, un habitant de l’avenue Al-Midan à Damas, qui profite d’un réseau local, le service des générateurs est coûteux, bien plus que l’électricité publique. Il indique que le coût moyen du kilowattheure a atteint 15 000 Lires après la récente augmentation des prix des dérivés du pétrole, soulignant le recours forcé de sa famille à cette alternative en l’absence d’espoir de rétablissement de l’électricité publique, tant que la guerre persiste entre le régime et ses opposants.</p>
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<h2>Un gouvernement impuissant</h2>
<p>Le conflit militaire entre le régime d’Assad et l’opposition syrienne, ainsi que l’instabilité politique généralisée depuis 2011, ont entraîné une dégradation des dépenses publiques dans les services, y compris la réhabilitation des infrastructures endommagées et la maintenance des centrales électriques actuellement en fonctionnement partiel.</p>
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<li>Les fournitures de combustibles fossiles sont régulièrement insuffisantes, réduisant la production d’électricité de 5 800 mégawatts en 2010 à 1 800 mégawatts en 2023.</li>
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<p>Wesam Mohamed, directeur de l’éclairage et de l’électricité à Damas, a reconnu la gravité de la situation, affirmant que le budget de l’État est insuffisant pour éclairer les rues de la capitale.</p>
<p>Selon une étude menée par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en 2021, 59 % des familles interrogées ont signalé que l’électricité ne leur était disponible que moins de 8 heures par jour, tandis que 30 % n’avaient que moins de 2 heures.</p>
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<li>Dans le secteur public (santé, éducation, éclairage des rues), 51 % des zones avaient moins de 8 heures d’électricité par jour.</li>
<li>33 % des zones avaient moins de 2 heures d’électricité par jour.</li>
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<h2>Ressources gaspillées</h2>
<p>Exception faite du Liban, la Syrie et l’Irak possèdent des réserves de pétrole supérieures à leurs besoins nationaux. En 2010, la Syrie produisait environ 385 000 barils par jour, tandis que l’Irak, membre de l’OPEP, produisait en moyenne 4,23 millions de barils par jour.</p>
<p>Avec 90 à 95 % des champs pétroliers hors du contrôle du gouvernement syrien, le ministre syrien du Pétrole, Firas Qaddour, a déclaré que la Syrie importe ses besoins en gaz et diesel de son allié iranien, tout comme l’Irak, qui dépend également de l’Iran pour environ un tiers de ses besoins en gaz.</p>
<p>L’Irak produit environ 19 000 mégawatts d’électricité mais en nécessite 30 000. Ce déficit s’est aggravé lorsque l’Iran a cessé de l’approvisionner en énergie en raison de dettes dépassant 6 milliards de dollars.</p>
<p>La chercheuse en génie environnemental, Souad Naji al-Azzawi, explique l’incapacité des gouvernements irakiens successifs à résoudre la crise électrique par l’inefficacité administrative et la corruption généralisée. Elle souligne que le coût pour le gouvernement iraquien d’acheter de l’électricité à ses voisins et d’importer du carburant d’Iran s’élève à environ 4 milliards de dollars par an, en plus de l’incapacité à collecter efficacement les factures d’électricité.</p>
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<h2>La corruption entrave la continuité de l’électricité</h2>
<p>Le Liban partage avec la Syrie et l’Irak le problème du manque de dérivés pétroliers pour faire fonctionner les centrales électriques. Ces pays souffrent également de la corruption dans la gestion et la politique publique.</p>
<p>Selon Ali Ahmed, expert en énergie à la Banque mondiale, la corruption et le favoritisme affaiblissent l’efficacité du secteur de l’électricité. Il souligne que la corruption permet à certains acteurs d’échapper à la responsabilité de leurs défaillances.</p>
<p>Les pannes électriques affectent les habitants de toutes les régions du Liban, de la capitale Beyrouth aux villes de Tripoli au nord et de Saïda au sud.</p>
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<h2>Nouvelles factions dominent l’éclairage</h2>
<p>Contrairement à la Syrie, qui ne fournit aucune statistique officielle sur le nombre de générateurs présents dans ses villes, le Liban en compte entre 33 000 et 37 000, selon les experts. Une étude du ministère irakien de la Planification a révélé la présence de 48 533 générateurs dans toutes les provinces irakiennes.</p>
<p>Le secteur des générateurs au Liban est estimé à environ 3 milliards de dollars. Human Rights Watch décrit cette somme comme très élevée, expliquant l’influence considérable de ce secteur sur le marché local.</p>
<p>Ces groupes de pression, composés de plusieurs entreprises liées à des personnalités politiques qui monopolisent l’importation de diesel et la gestion des générateurs collectifs, bénéficient des politiques gouvernementales alimentant la dépendance à l’importation de combustibles fossiles.</p>
<p>Selon des rapports de Human Rights Watch, les compagnies de diesel ont profité des politiques libanaises de 2010 menées par le ministre de l’Énergie de l’époque, Gebran Bassil, pour fournir de l’électricité 24h/24. Cela a entraîné l’augmentation des importations de diesel, passant de 1,18 million de tonnes en 2010 à 2,35 millions de tonnes en 2019.</p>
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<h2>Risques communs</h2>
<p>La propagation des polluants reste un risque majeur pour l’environnement depuis des décennies. Des rapports d’organisations internationales s’accordent à dire que l’éclairage produit par les générateurs locaux ne se fait pas sans coût.</p>
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<li>Une grande partie des générateurs provient de marchés de ferraille mondiale ou de sources industrielles non fiables, et beaucoup ont été réhabilités, manquant souvent de normes de sécurité et de préparations adéquates.</li>
<li>La combustion de diesel et d’essence libère des polluants dangereux tels que les particules fines PM2.5, le dioxyde de soufre, les oxydes d’azote et des métaux lourds.</li>
<li>Les particules fines, mesurant moins de 2,5 microns de diamètre, sont parmi les polluants de l’air les plus nocifs.</li>
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<p>Syrie et Irak figurent parmi les 20 pays les plus pollués au monde selon l’organisation IQAir. Une évaluation de Greenpeace montre que le Liban avait en 2018 le taux de décès prématuré le plus élevé en raison de la pollution de l’air parmi les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.</p>
<p>La combustion de gaz naturel associée à l’extraction pétrolière en Irak représente environ 60 % des émissions annuelles de dioxyde de carbone, soit environ 108 millions de tonnes.</p>
<p>Malgré cela, les analystes s’interrogent sur le retard des trois pays arabes à investir dans les énergies renouvelables, malgré le potentiel important, notamment au Liban, où les ressources solaires et éoliennes peuvent produire bien plus que les besoins nationaux actuels.</p>
<p>Une étude de Human Rights Watch a révélé que dans la période de novembre 2021 à janvier 2022, les ménages libanais ne recevaient en moyenne que 10 % de l’électricité nécessaire par jour, soit environ 2 heures par jour. Cela démontrait également un écart important entre les dépenses pour les générateurs électriques locaux par les différentes tranches de revenus.</p>
<p>En moyenne, les ménages ont dépensé 44 % de leur revenu mensuel pour les générateurs, les ménages les plus pauvres y consacrant 88 % de leur revenu, tandis que les plus riches en consacraient 21 %.</p>
<p>Le recours aux générateurs à diesel et à essence ou aux réseaux privés malgré les coûts élevés et les risques environnementaux permet de combler la pénurie d’électricité publique, du moins pour ceux qui peuvent se le permettre.</p>
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