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Dévaluation de la livre égyptienne : fin de la spéculation avec le plan de la banque centrale ?
Le 6 mars dernier, la Banque centrale d’Égypte a de nouveau entrepris trois actions synchronisées visant à freiner la dépréciation de la livre face au dollar. Ces mesures comprenaient une hausse des taux d’intérêt, une dévaluation de la livre par rapport au dollar et l’émission de certificats de dépôt à taux élevé par deux grandes banques publiques. Ces mêmes actions avaient été menées en novembre 2016 lors d’une précédente dévaluation.
L’objectif de la Banque centrale est d’encourager les détenteurs de dollars à s’en débarrasser et à les remplacer par des livres égyptiennes pour bénéficier de l’écart de taux d’intérêt. En effet, les taux d’intérêt sur le dollar aux États-Unis s’élèvent à 5,5 %, alors que les certificats de dépôt en dollars émis par des banques gouvernementales égyptiennes offrent des taux de 7 % à 9 %. Ce différentiel avait incité de nombreux Égyptiens en 1991 à troquer leurs dollars contre des livres, profitant ainsi des taux d’intérêt plus avantageux.
Impact de la réaction tardive de la Banque centrale sur le marché parallèle
Le gouvernement égyptien s’était préparé depuis plusieurs mois à une telle dévaluation, multipliant les actions en février dernier. Des campagnes sécuritaires ont ciblé non seulement les changeurs officieux de devises, mais également les détenteurs de devises étrangères, allant jusqu’à la fouille de véhicules et de bureaux, bien que ces mesures ne soient pas légales selon les dispositions en vigueur depuis 48 ans. Ces mesures visaient à endiguer la spéculation sur le dollar et ses répercussions sur le marché de l’or.
Ces pressions sécuritaires ont également été accompagnées d’une augmentation des taux sur les bons du Trésor égyptien, atteignant exceptionnellement les 30 %. Des mesures destinées à attirer des flux de capitaux chauds, au même titre que la hausse des taux sur les dépôts et l’émission de certificats de dépôt en janvier dernier à 27 %.
Le déficit en dollars dans les banques dépasse l’aide des Émirats
La Banque centrale a réussi à réduire l’écart entre le taux officiel et le taux parallèle de 70 à 31 livres égyptiennes. Malgré cela, le taux sur le marché noir a dépassé les 55 livres pour un dollar, illustrant la lutte entre les deux cours qui perdurera tant que les banques ne parviendront pas à satisfaire la demande en devises étrangères. La situation s’annonce complexe et nécessitera plusieurs mois, même après l’annonce de l’augmentation de l’aide du Fonds monétaire international à l’Égypte à 8 milliards de dollars.
Les besoins en devises sont importants et nombreux, incluant le déblocage des marchandises stockées dans les ports, les importations mensuelles avoisinant les 7 milliards de dollars, ainsi que d’autres paiements divers liés aux services bancaires, à l’assurance, au tourisme, à l’éducation et aux domaines sportif et de loisirs.