Sommaire
Après deux semaines de troubles, calme et fin de l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie
Fin de l’état d’urgence
La France a annoncé aujourd’hui, mardi, la levée de l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie, tout en maintenant le couvre-feu et en continuant à envoyer des renforts de sécurité vers cet archipel français du Sud-Pacifique après deux semaines de troubles.
La présidence française a déclaré que les restrictions ont été allégées pour permettre à la « Front de Kanak », opposant et prônant l’indépendance (Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste), de tenir ses réunions et à ses représentants locaux d’essayer de lever les barricades sur les routes.
Renforcement des mesures de sécurité
Parallèlement, l’Élysée a annoncé l’envoi de « 7 unités supplémentaires de forces mobiles, soit 480 gendarmes mobiles ». Au total, 3 500 membres des forces de sécurité seront déployés dans l’archipel, où deux gendarmes ont perdu la vie lors des émeutes.
L’état d’urgence avait été imposé le 15 mai (heure de Paris, 16 mai à Nouméa), après des violences qui ont ensuite fait 7 morts.
Déclenchement des protestations
Les protestations ont été déclenchées par une modification constitutionnelle adoptée à Paris, permettant d’augmenter le nombre de personnes ayant droit de vote aux élections locales. Les partisans de l’indépendance ont estimé que cette mesure réduirait leur influence.
La route menant à l’aéroport de Nouméa « La Tontouta international » est encore jonchée de débris de voitures en certains endroits. Par conséquent, l’aéroport restera fermé aux vols commerciaux jusqu’au moins le 2 juin, prolongeant ainsi la fermeture initiale de près de trois semaines.
Les évacuations des Français et des touristes étrangers bloqués dans l’archipel se poursuivront depuis l’aéroport de Magenta par des vols militaires affrétés depuis la France, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande.
Efforts de désescalade
D’autre part, le président français Emmanuel Macron a adouci ses déclarations concernant la possibilité d’organiser un référendum national sur l’élargissement du nombre d’ayant-droit de vote, pendant sa visite à Berlin dimanche dernier. Il a affirmé que cette possibilité découle d’une « lecture simple de la constitution » et non d’une « intention ».
Macron, qui a visité la Nouvelle-Calédonie jeudi dernier, a déclaré qu’il souhaite privilégier un « accord global » sur cette question et sur l’avenir de l’archipel entre les responsables élus loyalistes et indépendantistes, leur donnant jusqu’à fin juin pour parvenir à un accord.
Proposition de la Front de Kanak
Le Front de Kanak a reconnu samedi dernier que « l’objectif principal du mouvement indépendantiste aujourd’hui est de réduire les tensions et de trouver des solutions durables pour notre pays ».
Les séparatistes continuent de demander le retrait de la réforme constitutionnelle qui a provoqué les pires violences depuis 40 ans, ravivant le spectre des « événements » qui ont fait environ 80 morts entre 1984 et 1988, suscitant des craintes de voir la Nouvelle-Calédonie sombrer dans une guerre civile.
Le bilan des violences a dépassé vendredi les 7 morts, avec la mort d’un homme de 48 ans, tué par un policier hors service, qui a été inculpé d’agression à main armée et placé sous contrôle judiciaire.
Contexte et enjeux économiques
La Nouvelle-Calédonie est un ensemble d’îles françaises depuis le XIXe siècle, dont l’économie repose principalement sur le nickel, représentant environ 30 % des réserves mondiales. Cela suscite des craintes d' »ingérence » chinoise, selon le sénateur français Claude Maluret qui affirme que Pékin « a besoin de nickel pour produire ses batteries ».