La Jordanie face à la guerre de Gaza : Analyse de la position politique
Depuis le début des hostilités du 7 octobre et les attaques sur Gaza, la position politique jordanienne face à l'occupation israélienne a été limpide : exigeant un arrêt de l'agression contre Gaza et refusant les objectifs israéliens qui visent à dépeupler la bande de Gaza. Mais comment interpréter cette posture? Quelles sont les craintes jordaniennes concernant ce conflit?
Position politique et terrain en escalade
Dès l'amorce de la guerre contre Gaza, la Jordanie a opté pour une politique d'escalade progressive contre les manœuvres israéliennes. Israël cherchait, par les événements du 7 octobre, à réaliser des ambitions politiques conséquentes et à entamer une nouvelle phase de l'éradication de la question palestinienne.
Le régime jordanien, conscient du discours de l'extrême droite israélienne et de ses aspirations à travers cette guerre, a vu le roi jordanien mettre en garde contre toute solution ne restituant pas les droits palestiniens à leurs propriétaires, annonçant que cela conduirait à l'échec et entraînerait plus de violence et de destruction. Il a également rejeté tout plan de déplacement des Palestiniens, ou de réoccupation de Gaza par Israël, et a mis en garde contre une nouvelle explosion de violence en Cisjordanie si les agressions des colons contre les Palestiniens se poursuivaient.
Lors de sa visite dans la région, le roi de Jordanie a exprimé au secrétaire d'État américain le rejet catégorique de la Jordanie de toute tentative de déplacement des Palestiniens, soulignant la nécessité d'ouvrir des corridors sécurisés à Gaza pour l'acheminement de l'aide qui garantit la stabilité du peuple palestinien sur sa terre et prévient des déplacements forcés, rejetant la politique de punition collective pratiquée par Israël. La Jordanie a déclaré sa solidarité avec toute position refusant le déplacement et a accusé Israël de commettre des crimes de guerre en privant les habitants de Gaza de nourriture, d'eau et de médicaments.
La reine Rania a signalé dans les médias occidentaux que les agressions brutales perpétrées par Israël sous couvert de défense représentent des crimes de guerre. Elle a rappelé que la question palestinienne ne date pas du 7 octobre, mais qu'elle représente 75 ans de souffrance et d'occupation du peuple palestinien, et a mentionné qu'Israël est classifié comme un État d'apartheid par des organisations de défense des droits de l'homme, israéliennes et internationales.
Des déclarations incisives du ministre jordanien des Affaires étrangères ont été faites contre l'occupation israélienne; celui-ci déclarant que Hamas est une idée qui ne peut pas finir, et envisager ce qui suivra Gaza est illusoire.
Comment interpréter la position jordanienne?
Cette posture jordanienne, marquée par des déclarations politiques de haut niveau, la permission de mouvements et d'activités populaires significatives, les renforcements militaires sur le terrain, et le rassemblement aux frontières occidentales, de même que les aides médicales et alimentaires à la Cisjordanie et à Gaza, s'est clairement inscrite dans une logique de résistance à tout plan de déplacement du peuple palestinien de ses terres.
Les conséquences de l'escalade jordanienne : quel avenir?
Les déclarations politiques tranchantes et les relations actuellement tendues entre la Jordanie et Israël pourraient se résoudre avec le retrait idéologique de l'extrême droite israélienne – de son propre chef ou sous la pression américaine – et la possible émergence d'un gouvernement avec lequel le système jordanien pourrait coopérer, et qui soutiendrait l'idée d'un état palestinien, poursuivant ainsi le processus de paix.
Il est peu probable que le traité de paix jordano-israélien soit annulé, à moins que commence un déplacement effectif du peuple palestinien de la Cisjordanie vers la Jordanie. La question pour la Jordanie concerne l'identité de l'État, sa sécurité nationale, ses intérêts suprêmes et sa stabilité.
Dans tous les scénarios, la Jordanie restera engagée à revendiquer la création d'un État palestinien, assurant la sécurité des intérêts jordaniens, tout en continuant à fournir un environnement propice à la résistance et à la pérennité du peuple palestinien sur son propre sol.