L’ambassadrice de France en Syrie : le régime ne souhaite pas résoudre la crise
DOHA – L’ambassadrice de France en Syrie, Brigitte Krmib, a exhorté le régime syrien à faire des concessions significatives pour contribuer à la résolution de la crise syrienne, qui dure depuis près de 13 ans. Elle considère que la solution politique est la seule voie vers une résolution du conflit et écarte l’idée de faire des « cadeaux gratuits au gouvernement de Damas en l’absence d’une volonté réelle de résoudre le conflit ».
Dans une interview avec Al Jazeera Net, elle déclare que l’obstination du régime syrien a mené à une impasse toutes les tentatives de normalisation entreprises l’année dernière, que ce soit par le biais d’une réintégration de Damas dans la Ligue arabe, d’une tentative de rapprochement avec Ankara ou des discussions entre les Forces démocratiques syriennes et le régime syrien.
L’ambassadrice française, qui ne réside pas en Syrie, précise que la position de Paris envers Damas n’a pas changé. Il n’y aura ni normalisation, ni levée des sanctions, ni reconstruction sans un processus politique global et crédible, ce qui signifie que le régime syrien doit faire des concessions tangibles.
Elle souligne que la situation sur le terrain indique clairement qu’il n’est pas possible de résoudre ce conflit par des moyens militaires et que seule une solution politique peut parvenir à une paix durable en Syrie.
Elle ajoute que la Syrie subit les répercussions du conflit dans la bande de Gaza, ce qui accroît le risque de voir le conflit s’étendre sur son territoire, mettant en garde contre l’ouverture d’un nouveau front avec Israël en Syrie, susceptible d’aggraver l’instabilité du pays.
Après 13 ans de conflit en Syrie et une accalmie relative des fronts depuis 2020, nous sommes désormais confrontés à un choix impossible : soit aller de l’avant avec la normalisation sans aucune concession préalable, soit accepter le statut quo. Aucune de ces options n’est acceptable.
Selon l’ambassadrice, l’obstination du régime est la cause de l’échec des tentatives de normalisation en 2023, que ce soit par le biais de la réintégration de la Syrie dans la Ligue arabe, d’un rapprochement entre Ankara et Damas, ou des discussions entre les Forces démocratiques syriennes et le régime syrien.
Elle mentionne la récente escalade militaire la plus grave depuis quatre ans, l’augmentation des tensions et de la violence sur tout le territoire, ainsi que les conditions humanitaires désastreuses et la dégradation continue des conditions de vie des Syriens.
Concernant la perspective d’une solution politique, elle constate que depuis plus d’une décennie, le régime n’a pas bougé dans cette affaire et n’a jamais participé à un processus politique avec une intention sincère. Elle rappelle également le mécontentement croissant parmi les habitants de Soueïda et la population alaouite, signes que la position de Damas ne peut perdurer et mènera à une instabilité accrue.
Sur la situation des droits de l’homme, elle évoque le conflit qui a été meurtrier et coûteux pour les civils, avec au moins 500 000 morts et selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, environ 4360 personnes tuées en une année dont 1889 civils.
Elle indique que plus de 112 000 personnes ont été arrêtées depuis mars 2011 et sont toujours portées disparues, incluant 3105 enfants et 6698 femmes. Elle ajoute que les conditions nécessaires pour un retour sûr et volontaire des 6 millions de réfugiés syriens et des 6 millions de déplacés internes ne sont toujours pas remplies à cause du refus du régime de fournir des garanties pour leur protection.
Pour ce qui est des alternatives à Assad, l’ambassadrice affirme que l’avenir de la Syrie ne peut être construit sans les Syriens et que la France soutient l’opposition syrienne avec laquelle elle entretient un dialogue constant. Elle indique que la France croit en l’importance de soutenir toutes les initiatives civiles syriennes, tant à l’intérieur du pays que dans les communautés d’accueil ou la diaspora.
Elle souligne également la position de la France et de l’UE : pas de normalisation, de levée de sanctions ou de reconstruction sans un processus politique global et crédible, ce qui requiert des concessions concrètes et vérifiables de la part du régime syrien.
Enfin, elle aborde l’impact de la guerre à Gaza sur la crise syrienne, mentionnant l’accroissement des risques de conflit en Syrie et avertissant que les crises internationales ne devraient pas détourner l’attention de la crise syrienne qui nécessite, plus que jamais, une résolution politique.