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Au moment où Simonetta Sommaruga (64 ans) a quitté le Conseil fédéral, Doris Leuthard (61 ans) a voyagé à Berne avec l’intention de convaincre sa collègue de parti, Viola Amherd (62 ans), de passer du Département de la défense au Département de l’environnement, des transports, de l’énergie et des communications (Uvek) récemment libéré. Leuthard, qui a dirigé l’Uvek de 2010 à 2018, craignait pour son héritage si l’Union démocratique du centre (UDC) prenait la direction de ce département. Cependant, Amherd a refusé l’offre. Depuis janvier 2023, le puissant Uvek est dirigé par Albert Rösti (57 ans), ancien président de l’UDC.
Une absence remarquée
Viola Amherd n’est pas non plus présente à la Conférence mondiale sur le climat à Bakou, malgré la présence de presque tous les présidents depuis 2015 à cet événement. La raison invoquée par Amherd est un problème de calendrier.
Albert Rösti est désormais le plus haut responsable politique représentant la Suisse à la «COP 29» à Bakou. Il incarne, comme aucun autre conseiller fédéral, non pas la Suisse internationale, mais une Suisse de type «salle polyvalente». Que ce soit à Uster ou à Lausanne, le Kandersteger se sent chez lui et rappelle qu’un politicien perd souvent plus qu’il ne gagne : «En tant que politique, on perd plus qu’on ne gagne.»
Des rencontres sous pression
À Bakou, Rösti se retrouve face à un dirigeant autoritaire, Ilham Aliev (62 ans), qui gouverne son pays d’une main de fer et a bloqué le pays depuis la pandémie. Pendant la conférence de deux semaines, le travail à domicile est obligatoire et les enfants sont en congé scolaire. Aliev désire montrer un pays, riche grâce au gaz et au pétrole, sans embouteillages. Contrairement au Forum économique mondial à Davos, où même les chefs de gouvernement avancent à pas de tortue, les chauffeurs de voitures officielles à Bakou accélèrent.
Des priorités claires
Rösti ne cache pas que le monde international lui est relativement étranger : «Je préfère les choses concrètes : trains, biodiversité, autoroutes.» Après deux nuits à Bakou, il retourne à Berne, et l’accord entre les pays industrialisés et ceux du Sud global reste incertain. Tous s’accordent à dire que les 100 milliards d’euros par an pour le climat ne suffisent pas. Les nations du Sud réclament plus de dix fois cette somme : 1,3 trillion d’euros. Lorsque Rösti quitte Bakou dans un jet du Conseil fédéral, les négociations sont à 250 milliards d’euros, et le lendemain, les discussions évoquent 300 milliards, sans qu’un accord soit encore à l’horizon.
Clarifications nécessaires
Un ancien lobbyiste du pétrole sur une conférence climatique ? «Je n’ai jamais été lobbyiste du pétrole», souligne Rösti. «J’étais président des négociants en combustibles, souvent des PME suisses traditionnelles qui transportent du mazout. C’est un récit qui est habilement entretenu, mais qui n’a jamais été vrai – et cela ne l’est pas davantage aujourd’hui.»
Rösti insiste sur la continuité au sein de l’Uvek, tout en affirmant qu’il agit selon ses convictions personnelles. Il évoque notamment une éventuelle réintroduction de l’énergie nucléaire, qu’il soutiendrait contrairement à ses prédécesseurs, Leuthard et Sommaruga. Selon lui, les centrales nucléaires jouent un rôle clé dans l’objectif de neutralité carbone. Il est convaincu que de nouvelles centrales peuvent avoir un avenir même dans une démocratie directe avec des processus d’approbation complexes.
Réflexions sur la politique et l’économie
Concernant le loup, Rösti pense que Sommaruga agirait probablement de manière similaire face aux dommages importants causés aux animaux de rente. Cependant, il a bloqué les candidatures d’un candidat qualifié pour le dossier loup, ce qui a compliqué la recherche d’un successeur pour l’Office fédéral de l’environnement, nécessitant finalement l’intervention d’un chasseur de têtes à 86 000 euros.
En vol de retour, Rösti aborde le sujet de sa thèse de doctorat sur les droits de douane et l’OMC, un sujet qui intéresse toujours le président américain Donald Trump, connu pour ses menaces de droits de douane. Rösti se demande si le Département de l’économie (WBF), qui traite des questions centrales de l’UDC concernant l’agriculture, le commerce extérieur et les droits de douane, ne serait pas un bon choix pour lui, surtout si Guy Parmelin (65 ans) se retire à la fin de son année présidentielle en 2026.
Un engagement personnel pour le climat
En réfléchissant à ce qu’il est prêt à sacrifier pour sauver le climat, Rösti évoque une tendance de fond : les gens ne veulent pas renoncer, mais préfèrent compter sur de nouvelles technologies pour réussir la transition énergétique. «Si nous réduisons le gaspillage alimentaire, nous pouvons beaucoup gagner sans avoir à faire de sacrifices», déclare-t-il. Il parle également de sa volonté d’acheter une nouvelle voiture électrique l’année prochaine, préférant un Polestar ou Volvo à un Tesla, car il considère que les Suédois fabriquent de meilleures voitures que les Américains.