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Adri : un point de passage stratégique entre le Tchad et le Soudan
Le poste d’Adri est l’un des points de passage essentiels et vitaux entre le Soudan et le Tchad. Il tire son nom de la ville d’Adri, située à la frontière tchadienne, à proximité de l’État du Darfour occidental. Ce passage facilite le transport et le commerce entre les deux pays. Récemment, les Forces de soutien rapide ont annoncé avoir pris le contrôle de ce point de passage.
Depuis la mi-avril 2023, le poste d’Adri est confronté à des défis sécuritaires croissants, en raison de l’éclatement de combats entre les Forces de soutien rapide et l’armée soudanaise, dirigée par Abdelfattah al-Burhan. Le gouvernement soudanais accuse les Forces de soutien rapide d’utiliser ce passage pour des approvisionnements militaires et le trafic d’armes sous couvert d’aide humanitaire.
Le site et son importance
Le poste d’Adri se situe à la frontière entre le Tchad et le Soudan, orienté vers l’État du Darfour occidental à la frontière est entre les deux pays. Il relie la ville d’Adri, au Tchad, à la région du Darfour, au Soudan.
Son importance se manifeste par plusieurs aspects :
- Il figure parmi les trois points de passage clés sur la longue frontière de 1400 kilomètres entre le Soudan et le Tchad.
- Le passage d’Adri constitue une artère économique et culturelle pour les zones frontalières du Darfour, facilitant le commerce bilatéral et la circulation des personnes.
- Ce point de passage est stratégique pour le commerce entre les deux pays, permettant le transit de camions chargés de produits agricoles, de biens manufacturés et de bétail, essentiel pour les communautés locales.
- Il contribue au développement économique, en offrant des opportunités d’emploi aux habitants.
- Sa position géographique favorise également les opérations logistiques et sert de point d’ancrage pour les organisations humanitaires internationales.
- Le poste d’Adri est considéré comme le seul passage sécurisé pour acheminer l’aide humanitaire vers le Darfour.
Contexte récent
Le 15 avril 2023, des combats ont éclaté entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide, dirigées par Mohamed Hamdan Dagalo, dit « Hemeti ». Ces affrontements ont entraîné des pertes humaines considérables, avec environ 18 800 décès et près de 10 millions de personnes déplacées ou réfugiées, selon des chiffres des Nations Unies. La destruction des infrastructures est estimée à plus de 150 milliards de dollars, selon certaines évaluations gouvernementales.
La situation humanitaire au Soudan s’est considérablement détériorée, en partie due à la difficulté d’acheminer l’aide aux nécessiteux, exacerbée par les fortes pluies qui ont coupé les routes et entravé les mouvements des équipes humanitaires. La question de l’aide humanitaire est devenue l’un des points de friction entre le gouvernement et les Forces de soutien rapide. Ces dernières revendiquent le passage des aides par le poste d’Adri, tandis que le gouvernement privilégie d’autres postes, notamment ceux avec l’Égypte et le Sud-Soudan, en excluant Adri, qu’il accuse d’être utilisé pour le trafic d’armes.
Des experts des Nations Unies soutiennent les accusations du gouvernement concernant la réception de cargaisons d’armes par ce point de passage, ce que démentent les Forces de soutien rapide. Les agences humanitaires rapportent que l’interdiction d’utiliser ce passage a entraîné des blocages d’aide conséquents, plaçant plusieurs tonnes de fournitures en attente au Tchad, le seul autre passage disponible étant saturé à cause des pluies torrentielles.
Le Conseil de la souveraineté soudanaise a annoncé à la mi-août 2024 l’ouverture temporaire du passage d’Adri avec le Tchad pendant trois mois, afin d’assurer la livraison de l’aide humanitaire aux régions menacées de famine dans le Darfour. Cependant, les Forces de soutien rapide ont qualifié cette décision d’initiative politique visant à détourner l’attention du refus d’Abdelfattah al-Burhan de participer aux pourparlers de Genève. D’après un conseiller des Forces de soutien rapide, cette décision est perçue comme une manœuvre politique, l’accès au poste étant déjà contrôlé par leurs troupes.