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Poisson contaminé : le mercure et le risque de diabète
Le dilemme nutritionnel entourant les oméga-3 présents dans le poisson est complexe. Bien que ces acides gras soient bénéfiques pour la santé, de nombreuses espèces de poisson sont contaminées par du mercure, ce qui soulève des préoccupations quant aux effets sur la santé, notamment le risque accru de diabète de type-2.
L’étude CARDIA : Exposition au mercure et risque de diabète
Une récente étude prospective, connue sous le nom de CARDIA, menée par l’École de santé publique de l’université de l’Indiana, a examiné l’impact de l’exposition au mercure sur le risque de développer un diabète de type-2 chez de jeunes adultes. Les résultats ont révélé que les participants exposés à des niveaux élevés de mercure présentaient un risque accru de 65 % de développer cette maladie plus tard dans leur vie.
L’étude a mis en lumière un dilemme intéressant, car la principale source de mercure chez l’homme, en dehors des amalgames dentaires, provient de la consommation de poissons et de crustacés. Or, ces aliments, tout en étant une source majeure de mercure, sont également riches en nutriments essentiels tels que le magnésium et les acides gras oméga-3 à longue chaîne, reconnus pour leurs bienfaits pour la santé cardiovasculaire et émotionnelle.
Mercure et mode de vie : Un lien surprenant
Les sujets présentant les niveaux les plus élevés de mercure dans l’étude semblaient adopter un style de vie plus sain, caractérisé par un indice de masse corporelle bas, un tour de taille réduit, ainsi qu’une pratique régulière d’activité physique. De plus, ils avaient une alimentation riche en poissons, ce qui pouvait refléter une meilleure hygiène de vie ou un statut socio-économique plus élevé.
L’analyse des 3875 hommes et femmes participants à l’étude a mis en évidence une corrélation entre les niveaux de mercure et le risque de diabète de type-2, même après ajustement pour le mode de vie et d’autres facteurs alimentaires comme le magnésium et les oméga-3. Ces deux éléments pourraient potentiellement atténuer les effets nocifs du mercure sur la santé.
Méthodologie et résultats de l’étude
Les chercheurs ont suivi ces adultes âgés de 20 à 32 ans sur une période de 18 ans à partir de 1987, mesurant le taux de méthylmercure (forme principale de mercure dans l’environnement) dans leurs ongles. Pendant cette période, 288 nouveaux cas de diabète ont été recensés. Les adultes exposés aux niveaux les plus élevés de mercure ont présenté un risque accru de 65 % de développer un diabète par rapport à ceux exposés aux niveaux les plus faibles.
Des études sur les animaux ont montré que l’exposition au méthylmercure, à des doses retrouvées dans le poisson, altère le fonctionnement des cellules β du pancréas, responsables de la production d’insuline. Cependant, les effets néfastes du mercure pourraient être en partie compensés par la présence d’acides gras oméga-3 et d’autres nutriments comme le magnésium, contenus naturellement dans le poisson.
Comment choisir des poissons peu contaminés ?
Pour bénéficier des bienfaits des acides gras oméga-3 sans s’exposer à une contamination excessive au mercure, il est recommandé de privilégier des espèces de poissons peu contaminées telles que le capelan, le hareng, le saumon ou encore la sardine. Ces variétés offrent une alternative plus sûre pour la consommation de poisson, réduisant le risque de complications liées à l’exposition au mercure.
L’étude souligne ainsi l’importance de faire des choix éclairés en matière de consommation de poisson, en optant pour des espèces à faible teneur en mercure tout en assurant un apport adéquat en acides gras oméga-3 et en nutriments essentiels pour une santé optimale.
Source: He K, Xun P, Liu K, Morris S, Reis J, Guallar E. Mercury Exposure in Young Adulthood and Incidence of Diabetes Later in Life: The CARDIA trace element study. Diabetes Care. 2013 Feb 19. [Epub ahead of print]
En conclusion, il est crucial de trouver un équilibre entre les bienfaits nutritionnels du poisson et les risques potentiels liés à la contamination par le mercure. En faisant des choix éclairés et en privilégiant des espèces peu contaminées, il est possible de profiter des avantages pour la santé tout en minimisant les effets néfastes sur le métabolisme et le risque de diabète.