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Opération militaire en Syrie : la réponse des rebelles au régime
Le 27 novembre 2024, des groupes d’opposition armés en Syrie ont lancé une opération militaire intitulée « Répondre à l’agression » dans le nord-ouest de la Syrie. Cette opération vise à porter un « coup préventif aux forces du régime syrien ». Il s’agit du premier franchissement des lignes de contact entre les deux parties dans la province d’Idlib depuis l’accord de cessez-le-feu « turco-russe » de mars 2020.
Cette initiative intervient alors que les zones rurales de l’ouest d’Alep ont connu des affrontements violents et des bombardements mutuels entre les forces du régime et les milices iraniennes d’une part, et les factions de « l’Opération de libération » d’autre part. Les forces du régime intensifient leurs frappes sur les zones civiles.
Selon l’Agence Anadolu, la « salle d’opérations de l’Opération de libération » a atteint, au troisième jour de l’opération, les abords de la ville d’Alep, contrôlant 400 kilomètres carrés dans 56 villes et villages en Alep et Idlib.
Objectifs de l’opération
Les objectifs de cette opération militaire ont été annoncés par le porte-parole de la salle d’opérations de l’Opération de libération, Hassan Abdel Ghani, qui a déclaré que ceux-ci se déclinent comme suit :
- Casser les plans de l’ennemi en portant un coup préventif réfléchi contre ses positions.
- Défendre les civils face à la menace des forces militaires du régime dans les zones libérées.
- Faciliter le retour des déplacés à leurs foyers.
- Éloigner l’influence du régime et des milices des zones contrôlées par l’opposition dans le nord-ouest de la Syrie, tout en réduisant leurs frappes répétées sur ces régions.
Les factions de l’opposition syrienne ont réussi, dès le premier jour, à prendre le contrôle de 32 villages et points dans la campagne d’Alep occidentale.
La salle d’opérations de l’Opération de libération
La « salle d’opérations de l’Opération de libération » a été formée par « Hay’at Tahrir al-Sham » au milieu de l’année 2019, avec pour objectif de gérer les opérations militaires dans les zones contrôlées par le « Gouvernement de sauvetage syrien » dans le nord de la Syrie, notamment à Idlib et dans les campagnes d’Alep, de Lattaquié et de Hama. Elle regroupe plusieurs factions d’opposition syriennes, parmi lesquelles :
- Hay’at Tahrir al-Sham : la plus importante et la plus grande des factions, formée d’une alliance de cinq groupes armés syriens, annoncée en 2017 après le début des négociations d’Astana entre le gouvernement syrien et l’opposition, avec la participation de la Russie, de la Turquie et de l’Iran.
- La Front national de libération : une coalition de groupes d’opposition armés dans la province d’Idlib, formée en août 2018 face aux menaces d’attaques du régime.
- Harakat Ahrar al-Sham : créée en 2011, elle se définit comme un mouvement islamique réformiste et renouvelable, visant à renverser le régime d’Assad et à établir un État islamique.
- Armée de la dignité : faisant partie de l’Armée libre syrienne, elle se concentre dans la campagne nord de Hama et est active également à Lattaquié, étant l’une des premières cibles des frappes russes depuis le début de leur intervention en 2015.
Événements récents
Au deuxième jour de l’opération (28 novembre), les rebelles syriens ont annoncé avoir pris le contrôle du quartier général du 46e bataillon et de la ville stratégique de Khan al-Assal, coupant ainsi la route internationale « Alep-Damas ». Ils ont également attaqué l’aéroport de Nayrab à l’est d’Alep, où sont stationnées des factions pro-iraniennes.
Selon l’agence iranienne Tasnim, un haut conseiller iranien, le général Kiomars Bourahachmi, connu sous le nom de « Haj Hashem », a été tué à Alep lors d’une attaque menée par des rebelles. Ce conseiller militaire avait une longue expérience militaire, notamment durant la guerre Iran-Irak (1980-1988).
Un responsable militaire syrien a indiqué que l’avancée des factions rebelles leur a permis de se positionner à environ 10 kilomètres du centre-ville d’Alep, à proximité des localités de Nubl et Zahra, qui font office de ligne de défense pour la ville.
Confrontations et pertes
Le troisième jour (29 novembre), les rebelles ont annoncé leur entrée dans les premiers quartiers de la ville d’Alep, affirmant avoir pris le contrôle de plusieurs localités après 36 heures de combats intensifs avec l’armée syrienne et ses alliés. Ils ont également réussi à s’emparer d’un centre de recherche à Alep, ne se trouvant plus qu’à deux kilomètres du centre-ville.
Le régime syrien a annoncé l’arrivée de renforts à Alep, affirmant que ses forces résistaient à l’attaque et infligeaient de lourdes pertes aux assaillants. Les rebelles ont rapporté plus de 200 soldats syriens tués et des centaines d’autres blessés, avec des captures de 20 soldats et la saisie de chars et de véhicules blindés. Des rapports indiquent également que les factions armées ont elles-mêmes perdu plus de 100 combattants.