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Craintes d’une nouvelle crise financière imminente au Royaume-Uni
Selon le quotidien britannique « The Guardian », les inquiétudes concernant l’impact des obligations financières liées aux dettes ont considérablement augmenté récemment. Cela est dû à l’utilisation croissante de ces instruments financiers complexes par des entreprises en difficulté soutenues par des fonds de capital-investissement. Cette situation rappelle la crise des subprimes qui a frappé les États-Unis et le monde en 2008.
Le retour des pratiques risquées
Dans un rapport rédigé par Kalina Makurtov, l’article souligne que le film « The Big Short », mettant en vedette Margot Robbie en 2015 et adapté du livre éponyme de Michael Lewis, illustre en détail ce phénomène. Les banques regroupent des hypothèques à haut risque avec des notations faibles, les transforment en obligations négociables, puis les fractionnent et les vendent pour réaliser des profits.
Le secteur bancaire ombre
La journaliste rappelle que la prolifération de ces obligations soutenues par des prêts hypothécaires au début des années 2000 a mené à des conséquences catastrophiques pour le système financier mondial lorsque les emprunteurs ont commencé à faire défaut sur leurs dettes immobilières. La crise de 2008 a entraîné un renforcement de la réglementation, avec l’introduction de nouvelles législations pour éviter qu’un effondrement financier massif ne se reproduise, des obligations soutenues par des prêts étant qualifiées par le milliardaire Guy Hands de « cocaïne de l’industrie financière ».
Après 16 ans, de nombreux experts estiment que de nouveaux risques émergent, liés à des entreprises surendettées soutenues par des fonds de capital-investissement. Ce phénomène est connu sous le terme de « secteur bancaire ombre », désignant les sociétés financières qui sont peu ou pas du tout surveillées par rapport aux prêteurs traditionnels, telles que les fonds spéculatifs et les fonds de crédit privatifs.
La montée des titres adossés
Le recours à la titrisation comme outil d’investissement a diminué après la crise de 2008 en raison de sa réputation ternie et du renforcement de la réglementation. Cependant, sa popularité a ensuite rebondi, et la valeur du marché mondial de la titrisation s’élève actuellement à environ 4,7 trillions de livres sterling (5,9 trillions d’euros) d’actifs, selon les estimations des analystes de RBC Capital.
Une partie de ce secteur est soumise à une réglementation stricte. Les prêts collectés par les agences de notation sont classés et vendus à un large éventail d’investisseurs, avec des informations sur leurs conditions et structures rendues publiques, une approche habituellement adoptée par les banques traditionnelles.
Les avertissements des experts
Benjamin Toms, analyste chez RBC Capital, explique que cette situation représente « un risque qui ne reçoit pas assez d’attention, en raison de l’absence de réglementation dans ce domaine et des complexités liées à l’utilisation des instruments retenus ».
Natacha Postel-Vinay, professeure assistante à la London School of Economics et experte en réglementation financière, souligne que le marché des titres nécessite une révision approfondie, tenant compte des risques associés aux obligations liées à des prêts, y compris des prêts destinés à des entreprises ayant des notations de crédit faibles ou à des entreprises en difficulté rachetées par des fonds de capital-investissement via des prêts massifs.
Les implications de la situation actuelle
Le terme levier fait référence à une stratégie permettant d’emprunter des fonds auprès de courtiers pour investir sur les marchés avec un capital accru, un recours qui a considérablement augmenté récemment.
Postel-Vinay avertit que les entreprises de capital-investissement investissent dans des sociétés au bord de la faillite. Pour assurer leur survie, ces entreprises doivent recourir à des dettes et finissent par regrouper ces prêts, à l’instar des hypothèques indésirables avant la crise de 2008.
Préoccupations du Bank of England
Le Bank of England a averti en décembre dernier que les banques britanniques étaient partiellement protégées contre les pertes sur les obligations d’État en conservant les tranches les plus qualitatives des titres. Cependant, le système financier britannique demeure indirectement exposé au risque via ses liens avec les banques et compagnies d’assurance étrangères, de plus en plus impliquées avec des prêts d’entreprises lourdement endettées.
Postel-Vinay conclut qu’il est crucial de définir les responsabilités avant que la situation ne s’aggrave. Elle déclare : « Nous voulons nous assurer que les erreurs du début des années 2000 ne se reproduisent pas et que nous identifions clairement la partie responsable des risques de crédit associés à ces prêts ».
Elle ajoute qu’il existe des prêts fondamentaux qui doivent être remboursés, nécessitant un examen et une surveillance, tout en soulignant un manque de transparence. « Je pense que beaucoup de gens ne savent pas exactement ce qui se passe ».