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Visite de 5 émissaires internationaux à Port-Soudan : crise humanitaire en vue
Après l’échec par la Russie d’un projet de résolution britannique au Conseil de sécurité pour mettre fin aux combats et protéger les civils au Soudan, Port-Soudan, la capitale administrative temporaire du pays, a accueilli cinq émissaires internationaux. Cette visite est perçue par les observateurs comme un signe de l’inquiétude croissante de la communauté internationale face à la situation humanitaire et une tentative de relancer le processus de paix, suspendu depuis près d’un an.
Les émissaires en visite
Au cours de la semaine dernière, cinq émissaires internationaux ont visité le Soudan : le représentant américain Tom Perriello, l’allemand Heiko Nichki, le norvégien Andrea Astaissen, le suisse Sylvain Estienne, et le japonais Shimizu Shinsuki.
Les discussions des émissaires avec le président du Conseil de souveraineté, Abdel Fattah al-Burhan, et d’autres hauts responsables de l’État ont principalement porté sur la situation humanitaire, la facilitation de l’acheminement de l’aide humanitaire, ainsi que les possibilités de parvenir à la paix et de mettre fin à la guerre. Cependant, ces entretiens n’ont pas abouti à des propositions concrètes, selon des sources proches du Conseil de souveraineté.
Engagement de la communauté internationale
Par ailleurs, l’émissaire britannique pour la Corne de l’Afrique et la mer Rouge, Alison Blackburn, a récemment visité la capitale éthiopienne, Addis-Abeba. De son côté, l’émissaire de l’Union européenne pour la Corne de l’Afrique, l’ambassadrice Anita Weber, prévoit de se rendre à Port-Soudan au début de décembre.
Rôle du continent africain
Sur le plan régional, l’Union africaine a refusé de rétablir la membership du Soudan, suspendue suite aux mesures prises par Al-Burhan en octobre 2021, qui ont été interprétées comme un coup d’État. Le commissaire de l’Union africaine, Bankole Adeoye, a déclaré lors d’une réunion consultative annuelle à Addis-Abeba que l’Union africaine travaille en coordination avec l’IGAD et les Nations Unies pour trouver une solution pratique à la crise soudanaise, axée sur l’instauration d’un cessez-le-feu et la facilitation de l’aide humanitaire.
Il a également précisé que le déploiement d’une mission de l’Union africaine au Soudan reste conditionné à l’établissement d’un accord durable pour un cessez-le-feu.
Possibles évolutions politiques
Cameron Hudson, ancien analyste de la CIA et chercheur au Centre d’études stratégiques et internationales à Washington, a récemment passé une semaine à Port-Soudan. Il a fait allusion à une éventuelle entente entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide.
Dans une publication sur la plateforme « X », Hudson a partagé qu’il avait une impression très différente, du moins du côté de l’armée.
Le sénateur Ben Cardin, président de la Commission des affaires étrangères du Sénat américain, a récemment adressé une lettre au secrétaire d’État Antony Blinken et à l’ambassadrice américaine auprès des Nations Unies, Linda Thomas-Greenfield, les encourageant à maintenir le leadership dans la résolution de la crise soudanaise, surtout que les États-Unis prendront la présidence du Conseil de sécurité le mois prochain.
Relancer le processus de paix
Concernant les nouvelles initiatives internationales, l’analyste et rédacteur en chef du journal « Al-Tayar », Osman Mirghani, souligne un intérêt international croissant pour la situation humanitaire, décrite comme la plus grande catastrophe humanitaire au monde.
Selon lui, la communauté internationale en est venue à la conclusion que la faiblesse de la réponse des pays donateurs est liée aux difficultés d’acheminement de l’aide et aux informations sur son utilisation abusive, tandis que la situation humanitaire des victimes demeure inchangée.
Mirghani note également que la persistance des conflits implique la continuation et peut-être l’aggravation de la crise humanitaire, nécessitant une concentration des efforts sur la cessation des hostilités comme priorité.
Prochaines étapes
Les discussions de haut niveau se poursuivent, avec la Suisse cherchant à réactiver le processus politique, initié par la conférence du Caire en juillet et poursuivi par deux conférences à Addis-Abeba. Cependant, ces efforts stagnent sans progrès significatif.
La troisième table ronde se tiendra aujourd’hui à Genève, en Suisse, et durera deux jours, réunissant des forces politiques et civiles aux positions variées concernant la résolution de la crise soudanaise, sous l’égide de l’organisation suisse « Promediation ».
Le chercheur politique Sir Al-Khatim Kheiri estime que l’augmentation de l’intérêt pour la crise soudanaise découle de la conviction des puissances internationales et régionales que la persistance de la crise affecte la sécurité régionale et suscite des inquiétudes en Europe concernant l’immigration irrégulière.