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Après quatre décennies d’utilisation, un produit chimique suspecté d’être toxique dans l’eau potable a été identifié. Ce développement soulève des inquiétudes quant à la sécurité des méthodes actuelles de désinfection de l’eau.
Utilisation des chloramines dans la désinfection de l’eau
Depuis des décennies, les services d’eau aux États-Unis utilisent un groupe de désinfectants appelés chloramines pour traiter l’eau potable. Ces substances ont été choisies comme alternative au chlore, en raison des effets indésirables associés aux sous-produits du chlore, tels que les risques accrus de cancer colorectal et de cancer de la vessie, ainsi que des problèmes liés au poids à la naissance et aux fausses couches. Cependant, des scientifiques soupçonnaient depuis longtemps qu’un des produits de décomposition des chloramines pourrait également nuire à la santé humaine.
Identification d’un sous-produit potentiel
Ce sous-produit, qui était resté non identifié pendant 40 ans, a enfin été caractérisé. Un article publié dans la revue *Science* le 21 novembre révèle qu’il s’agit d’une petite molécule avec la formule chimique ClN2O2. Ce produit, connu sous le nom de chloronitramide, se forme lorsque le monochloramine, le désinfectant chloramine le plus couramment utilisé, se décompose en dichloramine. Cette dernière subit ensuite une série de réactions avec l’eau, l’oxygène atmosphérique et d’autres molécules de monochloramine.
Questions de toxicité non résolues
Actuellement, les scientifiques doivent déterminer si le chloronitramide présente une toxicité réelle. Daniel McCurry, auteur d’un commentaire accompagnant l’étude, indique que « malheureusement, nous n’avons pas encore d’idée précise sur la toxicité de l’ion chloronitramide, ou si celui-ci est toxique du tout, mais les estimations des auteurs suggèrent qu’il pourrait l’être. »
Équilibre entre risques et bénéfices
Il est essentiel de garder à l’esprit l’équilibre entre les dangers posés par les désinfectants et leurs sous-produits, et les bénéfices de leur utilisation. McCurry souligne que « le traitement de l’eau est responsable d’environ la moitié des gains d’espérance de vie observés aux États-Unis au cours de la première moitié du 20ème siècle, et une grande partie de cela est due à la désinfection. » Abandonner cette méthode pour éviter un risque plus faible serait impensable.
Alternatives aux désinfectants
Des alternatives aux chloramines existent, telles que l’ozone et la lumière UV, couramment utilisées dans de nombreux pays européens. Cependant, ces méthodes nécessiteraient des investissements dans de nouvelles infrastructures, car l’ozone doit être produit sur site, et la lumière UV nécessite la construction de réacteurs UV. L’avantage de ces traitements est qu’ils ne laissent pas de résidus dans l’eau.
Regulations et recherches futures
La décision sur les mesures à prendre dépendra des recherches futures sur les effets du chloronitramide. L’EPA, responsable des normes régissant l’eau potable aux États-Unis, devra ensuite décider si des actions supplémentaires sont nécessaires. Si l’EPA choisit de réglementer les chloramines, les services d’eau devront trouver un moyen de contrôler les sous-produits de désinfection du chlore, bien que ces alternatives soient souvent plus coûteuses.