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Dans un article récent publié sur LitHub, le libraire Drew Broussard soulève des préoccupations majeures concernant l’utilisation croissante de l’impression à la demande (Print on Demand, POD) par les éditeurs traditionnels, en particulier les plus grands. Selon lui, cette pratique conduit à la distribution de livres de qualité inférieure, et ce, à des prix souvent exorbitants.
La qualité des livres en impression à la demande
Broussard exprime son inquiétude en tant que libraire, notant que la POD sous-cote la qualité des œuvres littéraires qu’il souhaite représenter. Il souligne que certains éditeurs augmentent le prix des livres de poche lors du passage à la POD, ce qui peut aboutir à des produits moins qualitatifs mais plus chers. De plus, il critique les rééditions en couverture rigide et les finitions de luxe, qu’il considère comme des stratégies financières tirées de la « moralité neutre » du capitalisme tardif.
Un changement technologique depuis les années 2000
La technologie de l’impression à la demande a émergé au début des années 2000, souvent associée à l’auto-édition, permettant aux auteurs de publier à moindre coût. Bien qu’elle ait révolutionné la manière dont les livres sont distribués, Broussard soutient que son utilisation par les grands éditeurs est souvent motivée par la commodité plutôt que par la qualité. Par exemple, la demande exceptionnelle pour certains titres a été particulièrement notable après l’assassinat de George Floyd, lorsque les livres sur les questions raciales ont connu une forte hausse des ventes.
Les impératifs commerciaux derrière la POD
Les entreprises comme Ingram et Amazon insistent pour que les éditeurs leur donnent la permission de produire des titres en POD pour éviter les ruptures de stock. Cela soulève des préoccupations quant à la qualité, car deux clients achetant le même livre par le même détaillant peuvent recevoir des produits de qualités différentes. Si la technologie POD a beaucoup évolué, permettant de produire des livres indiscernables de ceux imprimés de manière traditionnelle, il existe toujours des écarts de qualité notables.
Les raisons des disparités de qualité
- La mise en place de l’édition en POD peut être mal exécutée.
- Le choix de matériaux de moindre qualité peut affecter le produit final.
- Les éditeurs peuvent ne pas viser le même standard de production après l’épuisement de la première édition.
- La transition entre l’édition traditionnelle et la POD peut être mal gérée.
Les spécialistes de l’impression recommandent une normalisation dans la production des livres pour réduire les coûts et garantir une qualité uniforme.
Impact sur les petits éditeurs
Les petits éditeurs dépendent davantage de l’impression à la demande pour éviter les risques financiers liés aux tirages importants. Cela leur permet de maintenir des coûts d’inventaire bas tout en offrant une certaine flexibilité. Toutefois, cette approche peut également mener à des inconsistances dans la qualité des livres publiés.
Frustrations des auteurs face aux éditeurs
De nombreux auteurs se plaignent d’un manque de transparence concernant l’impression de leurs livres. Ils ne sont souvent pas informés des décisions prises par les éditeurs sur l’utilisation de la POD, ce qui peut engendrer des frustrations. L’absence de communication laisse les auteurs dans l’incertitude, surtout lorsqu’ils apprennent par d’autres sources que leurs œuvres sont publiées en POD.
Réflexions finales sur la POD
Bien que l’impression à la demande soit parfois mal utilisée, elle représente une opportunité pour l’édition moderne de s’adapter aux défis du marché. En adoptant une approche réfléchie, les éditeurs peuvent améliorer la qualité des livres produits via cette technologie. Comme l’indique l’éditeur Martha Bayne, la POD est une technologie neutre, et il est essentiel de se concentrer sur les moyens de tirer parti de ses avantages tout en minimisant ses inconvénients.