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Budget 2025 du Maroc : Vers une croissance économique de 4,6 %
Rabat – La ministre de l’Économie et des Finances marocaine, Nadia Fettah Alaoui, a présenté le projet de loi de finances pour l’année 2025 lors d’une session plénière organisée par le Parlement, les deux chambres réunies, samedi dernier. La Commission des finances et du développement économique à la Chambre des représentants doit entamer la discussion générale sur le projet aujourd’hui, vendredi.
Augmentation significative du budget
Selon le projet, le budget 2025 a augmenté d’environ 13,01 % par rapport à l’année précédente, dépassant 721 milliards de dirhams (73 milliards de dollars) contre 638 milliards de dirhams (64 milliards de dollars) pour 2024.
Cette somme se répartit entre 494,6 milliards de dirhams (50 milliards de dollars) pour le budget général, 2,01 milliards de dirhams (200 millions de dollars) pour les établissements publics autonomes, 162 milliards de dirhams (16 milliards de dollars) pour les comptes spéciaux, et 62 milliards de dirhams (6 milliards de dollars) pour les charges de la dette à moyen et long terme, selon la note d’introduction du projet.
Objectif de croissance et prévisions économiques
Le gouvernement vise une croissance économique de 4,6 %, basée sur l’hypothèse que le taux d’inflation se stabilisera autour de 2 % et que la production agricole atteindra environ 70 millions de quintaux, avec un prix du gaz butane fixé à 500 dollars la tonne.
Les ressources ordinaires du budget pour 2025 sont estimées à 369 milliards de dirhams (37 milliards de dollars), contre 311 milliards de dirhams (31 milliards de dollars) pour 2024. Ces ressources proviennent principalement des impôts directs et indirects, des droits de douane, représentant 77 % des recettes budgétaires, ainsi que des revenus des biens de l’État et des cessions d’actifs.
Soutien à la consommation et à l’investissement
Le projet de budget met l’accent sur le soutien de la pouvoir d’achat des citoyens en 2025, avec une allocation de 16,53 millions de dollars (1,7 milliard de dollars) pour stabiliser les prix du gaz butane, du sucre et du blé tendre. Une somme de 26,5 milliards de dirhams (2,7 milliards de dollars) est également allouée au soutien direct des populations vulnérables.
Pour maintenir un approvisionnement adéquat en produits agricoles à prix subventionnés et protéger les cheptels, le projet prévoit plusieurs mesures, notamment l’exonération de la TVA à l’importation et la suspension des droits appliqués à l’importation de bovins, ovins, caprins, camélidés, certaines viandes rouges et d’huile d’olive.
Investissement public et création d’emplois
Le gouvernement prévoit d’augmenter l’investissement public à 340 milliards de dirhams (34 milliards de dollars). Ce financement se concentrera sur des projets liés à l’hydrogène vert, la transition vers les énergies propres et le tourisme. Le projet met également l’accent sur les infrastructures nécessaires en préparation de la Coupe du Monde 2030, notamment en matière d’infrastructures sportives, de transport ferroviaire et aérien, de routes et de numérique.
Le secteur de l’emploi est crucial, surtout avec un taux de chômage atteignant près de 14 %, représentant 1,633 millions de chômeurs au niveau national. Pour y remédier, le gouvernement a prévu plus de 14 milliards de dirhams (1,4 milliard de dollars) pour soutenir l’emploi, dont 12 milliards de dirhams (1,2 milliard de dollars) pour stimuler les investissements créant des emplois.
Perspectives et défis économiques
L’économiste et professeur universitaire Badr Zahir El Azrak souligne que la prévision de croissance de 4,6 % est fondée sur des hypothèses reposant sur des indicateurs positifs, notamment le retour de la demande extérieure pour les produits et services marocains, ainsi que la bonne performance de secteurs clés comme l’automobile, le tourisme, le phosphate et les industries extractives.
Cependant, il prévient que l’incertitude persiste autour du projet de budget 2025, comme cela a été le cas en 2024. Malgré des indicateurs positifs, la situation internationale, notamment avec les conflits en cours entre la Russie et l’Ukraine et dans le Moyen-Orient, pourrait perturber les chaînes d’approvisionnement, impactant directement l’économie marocaine liée aux échanges internationaux.
Projets d’envergure et financement
Ali El Ghanbouri, président du Centre d’anticipation économique et social, estime que l’augmentation du budget d’investissement dans le projet de budget 2025 reflète l’engagement du gouvernement à mener des projets phares visant à faire du Maroc un pays émergent à l’horizon 2035.
En ce qui concerne les ressources en eau, le projet alloue plus de 18 milliards de dirhams pour accélérer la réalisation de projets stratégiques, incluant la construction de nouveaux barrages et des stations de dessalement.
Engagement social et défis financiers
Sur le plan social, le projet vise à renforcer le pouvoir d’achat et le soutien direct aux groupes vulnérables, tout en augmentant les budgets des secteurs essentiels tels que l’éducation et la santé de plus de 11 milliards de dirhams (1,1 milliard de dollars) et 32,6 milliards de dirhams (3,3 milliards de dollars) respectivement.
En conclusion, bien que le projet de budget affiche une vision ambitieuse pour le développement économique et social à travers de grands investissements, il doit surmonter plusieurs défis, notamment le financement des projets majeurs et la gestion de la dette publique, qui dépasse 69 % du PIB.
Nouveaux moyens de financement
Badr Zahir El Azrak indique que le gouvernement s’efforce d’opérer des réformes fiscales pour faire face à l’augmentation des dépenses. Bien que des progrès aient été réalisés dans la mobilisation de ressources fiscales, il est essentiel de rechercher d’autres sources de financement pour les investissements à venir, ce qui pourrait inciter le gouvernement à recourir à des emprunts ou à des financements innovants pour répondre aux besoins du secteur public.