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Le groupe Lafarge, désormais sous la direction du suisse Holcim, se retrouve au centre d’un procès prévu à Paris fin 2025, en lien avec des accusations de financement du terrorisme en Syrie. Huit personnes, dont quatre anciens responsables, seront jugées pour avoir supposément financé des groupes jihadistes afin de maintenir les activités d’une cimenterie en Syrie jusqu’en 2014, en pleine guerre civile.
Le calendrier du procès
Mercredi 16 octobre, trois juges d’instruction ont décidé que Lafarge et les huit prévenus comparaîtront devant le tribunal correctionnel de Paris du 4 novembre au 9 décembre 2025. Le groupe a déclaré avoir pris acte de cette décision, la qualifiant de dossier hérité du passé.
Accusations et responsabilités
Les personnes mises en cause comprennent des membres de la chaîne opérationnelle ainsi que le directeur général de Lafarge à l’époque, Bruno Lafont. Selon l’ordonnance de renvoi, ils auraient organisé et facilité des paiements à des organisations terroristes autour de la cimenterie de Jalabiya, en Syrie. L’objectif était de garantir des profits, tant pour l’entreprise que pour des bénéfices personnels directs.
Défense et contre-arguments
Me Solange Doumic, avocate de Christian Herrault, l’ex-directeur général adjoint opérationnel, a critiqué l’enquête, affirmant qu’elle a été menée de manière à satisfaire les exigences du ministère de la Justice américain, sans prendre en compte la réalité vécue par son client. D’autre part, les juges d’instruction ont ordonné un non-lieu pour l’ancien directeur de la sûreté, confirmant son innocence après plusieurs années de combats judiciaires.
Financement des groupes jihadistes
Lafarge est soupçonné d’avoir versé 5 millions d’euros à des groupes jihadistes, dont l’État islamique, entre 2013 et 2014, à travers sa filiale Lafarge Cement Syria (LCS). Cette somme aurait été destinée à maintenir la cimenterie en activité alors que le pays était en proie à la guerre. Une enquête avait été ouverte à Paris en 2017 suite à des plaintes concernant le non-respect de sanctions financières internationales.
Mise en examen pour complicité de crimes contre l’humanité
En parallèle, Lafarge fait toujours l’objet d’une mise en examen pour complicité de crimes contre l’humanité. Cette procédure a été confirmée par la Cour de cassation en janvier, ce qui ouvre la voie à un autre procès devant des assises. La partie civile, représentée par l’association Sherpa, a rappelé que Lafarge est la première société au monde à être mise en examen pour de tels faits.
Implications et perspectives
Les juges d’instruction ont écarté l’idée que des communications entre Lafarge et les services secrets français auraient validé le financement des entités terroristes. Ainsi, le procès à venir ne devrait pas occulter la gravité des accusations de complicité de crimes contre l’humanité, soulignant la complexité et la portée des événements en Syrie durant la guerre civile.