Sommaire
« `html
La profession de couvreur est souvent perçue à travers le prisme de l’insécurité, un constat alarmant surtout à une époque où les besoins en main-d’œuvre qualifiée ne cessent d’augmenter. Les organisations du secteur s’efforcent désormais de mettre en avant la polyvalence et le caractère concret de ce métier essentiel.
Un métier sous tension
Depuis deux décennies, Michel Bianco immortalise les couvreurs de sa région par des photographies. Il observe avec inquiétude : « On voit les couvreurs se balader sans aucune protection, ce sont souvent des précaires qu’on a fait monter pour remplacer des tuiles, en quelques heures. Il n’y a pas de nacelle, l’échafaudage n’est pas aux normes. » Cette problématique prend une dimension tragique avec la mort de son fils, Jérôme, sur un chantier. En 2006, il a chuté d’un échafaudage alors qu’il installait une baie vitrée. L’entreprise a été reconnue responsable. « Les couvreurs sont le symbole d’une culture où l’on a conscience du risque, mais où l’on grimpe sans harnais ni ligne de vie, comme si c’était anodin. »
Des chiffres préoccupants
En 2022, entre 17 % et 19 % des 738 salariés du secteur privé décédés au travail ont perdu la vie en raison de chutes de hauteur. Les couvreurs, dont la mission principale est de réaliser, réparer et entretenir les toits, sont particulièrement exposés. Ils posent des couvertures étanches, installent des systèmes d’évacuation des eaux de pluie, ainsi que des fenêtres de toit et parfois des panneaux solaires. « 43 % des accidents graves et mortels de couvreurs sont dus aux chutes de hauteur », précise Sébastien Terrier, responsable à l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP).
Conditions de travail et défis
Les accidents surviennent souvent sur des chantiers de petites entreprises, principalement dans la rénovation. Les causes incluent des échafaudages inadaptés ou des toits fragiles. De plus, les couvreurs doivent faire face à des conditions climatiques imprévisibles sur des toits uniques, augmentant ainsi les risques. Bien que le nombre d’accidents pour mille salariés ait presque été divisé par deux entre 2016 et 2021, les petites entreprises, représentant plus de 90 % des employeurs dans le secteur, manquent souvent de moyens.
Promouvoir la sécurité
Cyril Guy, chef d’entreprise en Dordogne, souligne l’importance d’un confort de travail : « Quand il y a un confort de travail, on gagne de l’argent. Mais le client ne voit pas toujours l’intérêt de mettre en sécurité les couvreurs. » Frédéric Mau, président de l’OPPBTP, renchérit : « Les chantiers de couverture sont courts. Certains patrons expliquent que mettre des filets de sécurité prend deux jours, pour une intervention d’une heure. Tant que la maîtrise d’ouvrage ne sera pas impliquée dans les suites judiciaires en cas de drame, on n’y arrivera pas. »
« `